Boris Nikolaïevitch, l'imprévisible
Publié le 17/01/2022
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même qu'il n'est pas un "ascète".
Fort ou faible ? Fort, assurément, courageux en tout cas.
Banni par l'appareil du parti en 1987, ilrepart à l'attaque, est élu député de l'URSS en 1989 et crée un groupe parlementaire d'opposition.
En juin 1991, il triomphe auxpremières élections pluralistes pour la présidence de la Fédération de Russie, battant à plates coutures le candidat soutenu par M.Gorbatchev.
"J'ai décroché mieux qu'un bureau : la Russie tout entière !", confiera-t-il alors à son entourage.
En août 1991,déterminé à résister jusqu'au bout, il déclare illégales toutes les actions entreprises par les putschistes et propose d'aller lui- mêmechercher M.
Gorbatchev, aux arrêts dans sa résidence d'été de Foros, en Crimée.
C'est pourtant M.
Eltsine qui lui portera le coup fatal.
Quelques jours après la défaite sans gloire des putschistes, en pleineséance du Parlement victorieux, il interrompt les débats : "Maintenant, pour nous détendre un peu, je vais signer un décretsuspendant les activités du parti." Cette fois, c'est la mort du système.
M.
Gorbatchev implore : "Boris Nikolaïevitch, ne faites pascela !" En vain.
Le 8 décembre 1991, dans le sauna d'une résidence officielle près de Minsk (Biélorussie), M.
Elstine prend sa revanche encréant, avec l'Ukraine et la Biélorussie, la CEI qui sonne le glas de l'URSS et de son président.
Dernière cruauté : alors que M.Eltsine téléphone à George Bush pour lui apprendre la nouvelle, il charge le président biélorusse d'avertir M.
Gorbatchev...L'Occident commence alors à découvrir M.
Eltsine.
Il choque par son aspect mal dégrossi, loin des manières policées de"Gorby".
Plus proche de cette population russe encore imprégnée de soviétisme, M.
Eltsine surprend par sa façon de direbrutalement ce qu'il pense, là où le "bavard" - M.
Gorbatchev - se perdait en circonlocutions infinies.
Le 21 septembre 1993 marque un autre tournant.
Ce jour-là, un décret du président annonce la dissolution du Parlement, jugéhostile aux réformes.
Une centaine de députés avec, à leur tête, Alexandre Routskoï, le vice-président russe, se barricadent alorsdans la Maison blanche et lancent un appel à l'insurrection.
Dans la nuit du 3 au 4 octobre, M.
Eltsine ordonne l'assaut dubâtiment à des généraux peu enthousiastes : "Nous n'avons pas été formés pour tirer sur des dactylos", proteste le chef destroupes d'élite.
L'opération dérape et fait environ 150 morts.
Mais c'est sans doute en décembre 1994 que M.
Eltsine franchira lepas décisif.
En choisissant d'entraîner la Russie dans le bourbier tchétchène, il quitte le camp des démocrates pour renouer avecles plus anciennes traditions soviétiques et tsaristes.
Son délégué aux droits de l'homme, Sergueï Kovalev, un ancien dissident,explique : "Pendant longtemps, Eltsine s'est affirmé comme un personnage courageux, capable de s'adapter, de comprendre.
Peuà peu, il a pris l'habitude de penser que la force finissait par lui donner raison."
Le maître du Kremlin montre alors toute la mesure de son autoritarisme.
Lui qui avait suffisamment reproché à M.
Gorbatchevde cumuler tous les pouvoirs entend mener seul, ou presque, toutes les affaires de l'Etat.
Lâché par ses anciens alliés libéraux,chahuté pour son penchant pour l'alcool, contesté pour ses choix, il est critiqué par tous : les intellectuels le disent "en pleinebrejnévisation".
Comme M.
Gorbatchev en 1991, M.
Eltsine, en pleine chute de popularité, se rapproche des nationalistes, ceux-là mêmes contre lesquels il mettait l'Occident en garde après avoir fait tirer au canon sur le Soviet suprême, le 4 octobre 1993.
NOUVEAU revirement en juin 1996, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle : M.
Eltsine limoge son anciennegarde prétorienne : Pavel Gratchev, le ministre de la défense honni, et Alexandre Korjakov, le "Raspoutine " du Kremlin.
Sans unremords, il fait appel, comme conseiller, à son pourfendeur, le "général rebelle" Alexandre Lebed, qu'il limogera quatre mois plustard.
Victime d'une nouvelle attaque cardiaque - la troisième en treize mois -, il disparaît de la scène publique dès la fin juin,officiellement victime d'une "fatigue colossale".
Il sera pourtant reconduit le 3 juillet, avec une confortable avance sur son rivalcommuniste Guennadi Ziouganov.
Réélu, le tsar Boris n'est plus en état de gouverner.
Le quintuple pontage coronarien qu'il subitle 5 novembre 1996 sera suivi d'une longue convalescence.
Ses absences chroniques - officiellement dues à des "refroidissements" - et surtout ses écarts de langage alimenteront en 1997et début 1998 des doutes croissants sur sa capacité à remplir les fonctions présidentielles.
Lorsqu'il limoge, le 23 mars 1998,l'ensemble du gouvernement dirigé par Viktor Tchernomyrdine, de nombreux analystes en tirent une conclusion : le "vieux tsar",se sentant glisser vers l'ombre, a voulu se réaffirmer comme principal, comme unique, détenteur du pouvoir.
Cinq mois plus tard, alors que le pays plonge dans le chaos financier, le président taquine le poisson loin de Moscou...
Il yrevient pour congédier, le 23 août, le jeune premier ministre libéral Sergueï Kirienko et rappelle à la tête de l'exécutif le "baron"du pétrole et du gaz, l'homme à l'éternel costume gris, M.
Tchernomyrdine.
Mais ce choix est rejeté par la Douma qui luipréférera Evgueni Primakov, l'ancien patron des services secrets devenu le chef de la diplomatie russe.
Ce rejet donne toute lamesure de l'isolement politique du maître du Kremlin, dont la santé se dégrade.
M.
Primakov lance en novembre 1998 une vaste campagne anticorruption qui prend comme première cible Boris Berezovski,l'influent homme d'affaires et conseiller du Kremlin.
Le procureur général de Russie, Iouri Skouratov, enclenche plusieursenquêtes qui vont ouvrir la boîte de Pandore.
Cela lui vaudra d'être suspendu en février 1999 par le président.
L'"affaire.
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