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Bernard Kouchner, du Biafra au Kosovo

Publié le 17/01/2022

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2 juillet 1999 SI la satisfaction suprême consiste, pour un homme public, à voir triompher à l'âge mûr les engagements de sa jeunesse, Bernard Kouchner devrait être aujourd'hui un homme comblé. Y a-t-il plus belle revanche que d'être choisi par le concert des Etats pour administrer une province dévastée et meurtrie, mais délivrée de l'oppression grâce à la mise en oeuvre des principes qu'on s'escrime à proclamer depuis toujours ? Plus exaltante - et lourde - responsabilité que d'incarner en personne, sur le terrain, ce fameux "droit d'ingérence" longtemps exclu par ces mêmes Etats, et enfin appliqué ? Plus grand honneur que d'être convié par la communauté internationale à redonner espoir à l'une de ces sociétés civiles au nom desquelles on a mené tous ses combats d'hier ? On serait fier à moins. Et presque heureux si les drames du Kosovo n'étaient pas si récents, ravivés, chaque jour ou presque, par de nouvelles découvertes macabres. Oui, on comprendrait que Bernard Kouchner ressente cette fierté secrète, et longtemps attendue, trente ans après la première impuissance rageuse de n'avoir pu - c'était au Biafra - apaiser le "malheur des autres". Mai 1967- janvier 1970 : la guerre civile fait rage dans la région orientale - et sécessionniste - du Nigeria. Le Biafra, c'est l'acte de baptême humanitaire de Bernard Kouchner, son expérience fondatrice. Né à Avignon en novembre 1939, fils de médecin et jeune médecin lui-même, il appartient à la première équipe médicale - six personnes - constituée sur place en septembre 1968 et mise à la disposition de la Croix-Rouge internationale (CICR). Une aventure terrible. Des enfants aux visages de vieillards qui se couchent sur le sol pour agoniser. Des chirurgiens harassés qui opèrent dans la touffeur tropicale. Des villages qui brûlent, l'odeur fade de la gangrène, les charognards au-dessus des charniers. Une guerre sans merci ni prisonnier. Un à deux millions de morts en trente mois. Bernard Kouchner et ses collègues affrontent une situation médicalement très difficile et humainement insoutenable. "On soignait notamment des enfants malnutris. La première fois, ils reprenaient force, comme une plante qu'on arrose ; au bout de trois semaines, ils repartaient dans leurs villages ; deux à trois mois après, ils revenaient dans le même état, on les re-soignait et, la troisième fois, ils mouraient." Ils protestent à leur manière, en racontant ce qu'ils ont vu : "Nous nous étions engagés envers le CICR à ne pas révéler ce que nous verrions. Mais cet engagement n'avait rien à voir avec le serment d'Hippocrate. Nous avions affaire à des massacres de masse. Pour témoigner, nous avons enfreint ce serment du silence." Les médecins savent que l'armée nigériane tue les malades dans leur lit d'hôpital. Un jour, ils décident d'évacuer leurs patients, et prennent conscience de la spécificité de la médecine de guerre, une médecine du geste et de l'urgence, où l'immense disproportion entre les besoins et les moyens oblige à choisir. Ils découvrent surtout la nécessité de protéger en amont, d'agir sur les causes, donc de s'ingérer. Ingérence : le maître-mot est lâché. "Droit d'ingérence" : la formule ne fera fortune que beaucoup plus tard. Jean- François Revel l'inventera en 1979 - Bernard Kouchner en convient volontiers. Mais il en sera, lui, le meilleur propagandiste. Dans un livre co-écrit en 1987 avec Mario Bettati, ce droit deviendra "devoir". En attendant, le jeune Kouchner fait oeuvre de pionnier. Il lance le Comité international contre le génocide au Biafra qui regroupe, outre des personnalités de gauche et de droite, des médecins, des journalistes et des pilotes. Avec une quarantaine de confrères, ils fondent le Comité médico-chirurgical d'intervention d'urgence. C'est le noyau de Médecins sans frontières (MSF), association créée en décembre 1971. Les "french doctors" sont nés. "Je savais que ce serait un grand mouvement politique au sens noble du terme. Protéger la vie des hommes, c'est de la politique." A la tête de MSF, qu'il préside jusqu'en 1979, l'ancien adhérent de l'Union des étudiants communistes (UEC), soucieux d'inventer un militantisme plus éclairé, s'efforce de "témoigner de l'intolérable", partout où MSF intervient, le plus souvent dans l'urgence, pour alléger les souffrances provoquées par les guerres, les famines où les catastrophes naturelles. L'opération d'aide aux réfugiés du Vietnam (1979) consacre aux yeux de l'opinion la nécessité de son action humanitaire. A bord du navire hôpital L'Ile-de-Lumière, Bernard Kouchner accueille le flux des familles qui fuient le régime communiste et des pirates sans pitié. Des conflits de personnes le poussent à faire cavalier seul. En 1980, il fonde Médecins du monde, qu'il dirigera pendant quatre ans. Globbe-trotter dans l'âme, il multiplie les missions sur tous les lieux de détresse, de l'Ouganda au Liban, du Tchad à l'Erythrée, du Soudan à l'Afghanistan, du Salvador au Bangladesh. Chantre de l'ingérence, Bernard Kouchner pourfend la souveraineté sacro-sainte des Etats, alibi à ses yeux de la passivité face au malheur, et juge "caduque" la neutralité de l'action humanitaire. "Pour les soins, impartialité oui, neutralité non ! Laissons cette neutralité traditionnelle et parfois indispensable à la Croix-Rouge qui souhaite la conserver." Son éthique ? Porter secours à ceux que leurs gouvernants oppriment, empêcher qu'on assassine impunément à l'ombre des frontières, permettre à la morale de triompher parfois de la raison d'Etat. Mieux encore : prévenir les conflits, désamorcer les crises, dissuader les despotes. Pour lui, l'action humanitaire est un aiguillon, elle rend visible le crime ou l'injustice, elle oblige à réagir. Mais elle ne remplace pas la politique, elle la requiert. Elle ne fera pas disparaître l'affrontement des hommes et des idéaux. Elle peut anoblir le gouvernement des hommes, mais elle n'a pas réponse à tout. Les limites de cette action, Bernard Kouchner les ressent, mais ne s'y résout pas, une fois entré au gouvernement, où il restera cinq ans, comme secrétaire d'Etat chargé de l'insertion sociale (1988), secrétaire d'Etat à l'action humanitaire (1988-1992), puis ministre de la santé (1992-1993). Au long d'un parcours presque sans faute, il donne une dose d'audace et de générosité lucide à la diplomatie française. Le style Kouchner, c'est l'homme, baroudeur-BCBG, direct, chaleureux, tout en élégance et en courage, en charme et franc-parler. Dès le Biafra, première famine télévisée - Pierre Sabbagh avait alors lancé aux téléspectateurs : "N'éteignez pas votre poste, les Biafrais ont besoin de vous !" -, il a jaugé le pouvoir des médias. Il en use abondamment, parle et se montre, alerte et dénonce. Comme sa femme Christine Ockrent, il maîtrise parfaitement l'outil télévisé. Tenant l'image, à juste titre, pour la pire ennemie des oppresseurs, il organise - selon son propre mot - le "tapage", au service de ses causes, pour émouvoir et indigner. Du Kurdistan à la Bosnie, de Dubrovnik à Mogadiscio, il donne l'exemple et s'implique. En découle une méthode, toute d'obstination, mêlant hardiesses et prudences. Il aime monter des "coups", croit à l'impact des gestes symboliques pour mobiliser la "société civile" qui lui est chère : "Quand on veut que ça marche, on a besoin des shows." Le 28 juin 1992, lors d'un voyage-éclair à Sarajevo, il guide François Mitterrand dans les rues de la capitale bosniaque. En décembre 1992, il donne un coup de main au débarquement des vivres sur une plage de Somalie, un sac de riz sur l'épaule. Les caméras piègent ce ministre décidément trop médiatique, dans une scène qui alimentera la cabale. Inutile pourtant de lui reprocher de trop en faire : cet hyperactif ne conçoit pas l'humanitaire par procuration. Et il enragera plus tard de voir les réfugiés hutus du Kivu (Zaïre) abandonnés à leur sort. Le ministre Kouchner gêne et dérange. La bonne image dont il jouit dans l'opinion suscite jalousies et attaques injustes. Rien n'est plus déplacé que le célèbre - et mauvais - jeu de mots parlant, à son propos, d' "un tiers-mondiste, deux tiers mondain". Car peu de ministres de la Ve République peuvent attester d'autant d'états de service sur le terrain, et d'expériences difficiles, voire dangereuses. S'il s'agite parfois, c'est qu'il s'active beaucoup. S'il fréquente un peu trop micros et caméras, c'est qu'il fourmille d'idées et qu'il aime convaincre. Qu'importe d'ailleurs ! L'essentiel, c'est la victoire progressive de ses idées. Depuis 1989, l'ONU fait sienne peu à peu la noble obsession de Bernard Kouchner, consentant à violer l'un de ses plus vieux tabous - la non-intervention dans les affaires intérieures de l'Etat - et à rogner, dans certaines circonstances exceptionnelles, la souveraineté nationale. D'abord au détriment de l'Irak en 1991, puis en Somalie, l'année suivante. Le mot ingérence résonne aux quatre coins du monde. Le "sans-frontiérisme" fait école. Passionnément pro-européen, Bernard Kouchner est élu député à Strasbourg en 1994 sur la liste conduite par Michel Rocard. Seule l'Europe, juge-t-il, peut redonner vigueur et espoirs aux vieilles nations. Défenseur résolu du traité de Maastricht, il n'oublie pas le Sud et préside à Strasbourg la commission de la coopération et du développement. Sur la scène française, les jeux politiciens ne lui sourient guère. Il n'est pas fait pour eux. Il est trop spontané, trop impatient, et sans doute, trop honnête. La jovialité populiste de Bernard Tapie l'a séduit, mais il n'est pas le seul à gauche, et de toute façon l'exemple vient de haut, de l'Elysée. Il aura du mal à larguer l'héritage Tapie par-dessus bord. En janvier 1996, il adhère à Radical, ultime avatar du radical-socialisme, dont il devient président délégué, avec l'ambition de "redonner du sens à la politique". Son parachutage à Gardanne (Bouches-du-Rhône) se solde par un fiasco dès le premier tour de l'élection législative partielle en octobre 1996. Il recueille à peine plus de 13 % des voix. Il entame sa traversée du désert. Il veut "prendre du recul", envisage d'abandonner la politique. Il aimerait intégrer l'OMS ou le HCR, mais personne ne lui fait signe. Il songe à retourner sur le terrain - pourquoi pas au Sud-Soudan ? une région qu'il aime. Au moment de la dissolution de l'Assemblée nationale en 1997, il lance aux socialistes : "Ils n'ont pas voulu de moi. Tant pis pour moi, tant pis pour eux. Vive la vie, salut !" En juin 1997, il rentre enfin en grâce. Devenu premier ministre, Lionel Jospin le récompense par défaut : après le refus de Claude Bartolone, Bernard Kouchner devient in extremis secrétaire d'Etat à la santé, sous la tutelle de Martine Aubry. Il adhère au Parti socialiste en 1998. Est-il devenu plus sage à l'approche de la soixantaine ? Plus lucide, et moins agité, sans doute. "Je voulais agir. J'ai réformé. J'ai dérangé. J'ai déchanté (...). Si vous êtes au gouvernement, c'est l'efficacité qui compte. Les états d'âme ne servent à rien (...). Je croyais que la politique était une passion et une morale. J'ai découvert que c'était un métier." Oui, c'est un métier, disait déjà François Mitterrand. Paroles lucides, à peine désenchantées. Il brocarde aussi volontiers ses anciens compagnons de l'aventure humanitaire, "ceux qui ne veulent pas qu'on leur pique leur boutique". Il est vrai qu'ils ne l'ont pas ménagé. Bernard Kouchner est un pessimiste qui refuse le cynisme. Il aime citer Pascal - "Il y a deux natures en nous" - (un bout de nature humaine, horrible, et un morceau de divin, supportable), ajoutant, "avec l'homme, il faut s'attendre au pire en permanence. Ainsi se ménage-t-on de superbes surprises". Le génocide khmer lui reste, par exemple, une blessure profonde. Evoquant les errements têtus de certains anciens communistes, il rappelle la phrase de Camus : "Quelque chose en eux aspire à la servitude." Et c'est au nom de l'Histoire - "au nom d'Auschwitz, du Cambodge, du Rwanda, de Sarajevo et de Srebrenica" - qu'il assigne à la communauté internationale l'ardente obligation humanitaire. Une ardeur qu'il n'a jamais perdue, du Biafra au Kosovo. JEAN-PIERRE LANGELLIER Le Monde du 5 juillet 1999

« politique, elle la requiert.

Elle ne fera pas disparaître l'affrontement des hommes et des idéaux.

Elle peut anoblir le gouvernementdes hommes, mais elle n'a pas réponse à tout. Les limites de cette action, Bernard Kouchner les ressent, mais ne s'y résout pas, une fois entré au gouvernement, où il resteracinq ans, comme secrétaire d'Etat chargé de l'insertion sociale (1988), secrétaire d'Etat à l'action humanitaire (1988-1992), puisministre de la santé (1992-1993).

Au long d'un parcours presque sans faute, il donne une dose d'audace et de générosité lucide àla diplomatie française.

Le style Kouchner, c'est l'homme, baroudeur-BCBG, direct, chaleureux, tout en élégance et en courage,en charme et franc-parler.

Dès le Biafra, première famine télévisée - Pierre Sabbagh avait alors lancé aux téléspectateurs :"N'éteignez pas votre poste, les Biafrais ont besoin de vous !" -, il a jaugé le pouvoir des médias.

Il en use abondamment, parle etse montre, alerte et dénonce. Comme sa femme Christine Ockrent, il maîtrise parfaitement l'outil télévisé.

Tenant l'image, à juste titre, pour la pire ennemiedes oppresseurs, il organise - selon son propre mot - le "tapage", au service de ses causes, pour émouvoir et indigner.

DuKurdistan à la Bosnie, de Dubrovnik à Mogadiscio, il donne l'exemple et s'implique.

En découle une méthode, touted'obstination, mêlant hardiesses et prudences.

Il aime monter des "coups", croit à l'impact des gestes symboliques pour mobiliserla "société civile" qui lui est chère : "Quand on veut que ça marche, on a besoin des shows." Le 28 juin 1992, lors d'un voyage-éclair à Sarajevo, il guide François Mitterrand dans les rues de la capitale bosniaque.

Endécembre 1992, il donne un coup de main au débarquement des vivres sur une plage de Somalie, un sac de riz sur l'épaule.

Lescaméras piègent ce ministre décidément trop médiatique, dans une scène qui alimentera la cabale.

Inutile pourtant de lui reprocherde trop en faire : cet hyperactif ne conçoit pas l'humanitaire par procuration.

Et il enragera plus tard de voir les réfugiés hutus duKivu (Zaïre) abandonnés à leur sort. Le ministre Kouchner gêne et dérange.

La bonne image dont il jouit dans l'opinion suscite jalousies et attaques injustes.

Rienn'est plus déplacé que le célèbre - et mauvais - jeu de mots parlant, à son propos, d' "un tiers-mondiste, deux tiers mondain".

Carpeu de ministres de la Ve République peuvent attester d'autant d'états de service sur le terrain, et d'expériences difficiles, voiredangereuses.

S'il s'agite parfois, c'est qu'il s'active beaucoup.

S'il fréquente un peu trop micros et caméras, c'est qu'il fourmilled'idées et qu'il aime convaincre.

Qu'importe d'ailleurs ! L'essentiel, c'est la victoire progressive de ses idées.

Depuis 1989, l'ONUfait sienne peu à peu la noble obsession de Bernard Kouchner, consentant à violer l'un de ses plus vieux tabous - la non-intervention dans les affaires intérieures de l'Etat - et à rogner, dans certaines circonstances exceptionnelles, la souveraineténationale.

D'abord au détriment de l'Irak en 1991, puis en Somalie, l'année suivante.

Le mot ingérence résonne aux quatre coinsdu monde.

Le "sans-frontiérisme" fait école. Passionnément pro-européen, Bernard Kouchner est élu député à Strasbourg en 1994 sur la liste conduite par Michel Rocard.Seule l'Europe, juge-t-il, peut redonner vigueur et espoirs aux vieilles nations.

Défenseur résolu du traité de Maastricht, il n'oubliepas le Sud et préside à Strasbourg la commission de la coopération et du développement.

Sur la scène française, les jeuxpoliticiens ne lui sourient guère.

Il n'est pas fait pour eux.

Il est trop spontané, trop impatient, et sans doute, trop honnête.

Lajovialité populiste de Bernard Tapie l'a séduit, mais il n'est pas le seul à gauche, et de toute façon l'exemple vient de haut, del'Elysée.

Il aura du mal à larguer l'héritage Tapie par-dessus bord. En janvier 1996, il adhère à Radical, ultime avatar du radical-socialisme, dont il devient président délégué, avec l'ambition de"redonner du sens à la politique".

Son parachutage à Gardanne (Bouches-du-Rhône) se solde par un fiasco dès le premier tourde l'élection législative partielle en octobre 1996.

Il recueille à peine plus de 13 % des voix.

Il entame sa traversée du désert.

Ilveut "prendre du recul", envisage d'abandonner la politique.

Il aimerait intégrer l'OMS ou le HCR, mais personne ne lui fait signe.Il songe à retourner sur le terrain - pourquoi pas au Sud-Soudan ? une région qu'il aime. Au moment de la dissolution de l'Assemblée nationale en 1997, il lance aux socialistes : "Ils n'ont pas voulu de moi.

Tant pispour moi, tant pis pour eux.

Vive la vie, salut !" En juin 1997, il rentre enfin en grâce.

Devenu premier ministre, Lionel Jospin lerécompense par défaut : après le refus de Claude Bartolone, Bernard Kouchner devient in extremis secrétaire d'Etat à la santé,sous la tutelle de Martine Aubry.

Il adhère au Parti socialiste en 1998. Est-il devenu plus sage à l'approche de la soixantaine ? Plus lucide, et moins agité, sans doute.

"Je voulais agir.

J'ai réformé.

J'aidérangé.

J'ai déchanté (...).

Si vous êtes au gouvernement, c'est l'efficacité qui compte.

Les états d'âme ne servent à rien (...).

Jecroyais que la politique était une passion et une morale.

J'ai découvert que c'était un métier." Oui, c'est un métier, disait déjàFrançois Mitterrand.

Paroles lucides, à peine désenchantées.

Il brocarde aussi volontiers ses anciens compagnons de l'aventurehumanitaire, "ceux qui ne veulent pas qu'on leur pique leur boutique".

Il est vrai qu'ils ne l'ont pas ménagé.. »

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