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Berlin-Est se soulève

Publié le 17/01/2022

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17 juin 1953 - Le 17 juin, jour de l'unité allemande, est férié en République fédérale. C'est le jour du souvenir du soulèvement de Berlin de 1953, première révolte populaire en pays socialiste après la mort de Staline. Un an avant, lors du congrès du parti (SED), Walter Ulbricht, son secrétaire général, avait annoncé l'accélération de la " construction du socialisme ". La collectivisation des terres des petits exploitants agricoles avait commencé, entraînant une désorganisation de la production et le mécontentement; le parti accroissait son emprise sur la société; au nom de la lutte des classes, on redoublait d'attaques contre les entreprises privées, contre les chrétiens et les Eglises, contre tous les " saboteurs ", y compris dans les rangs du SED, où les purges allaient bon train. Le nombre des Allemands de l'Est fuyant vers l'Ouest ne cessait d'augmenter et atteignait des chiffres records au cours du premier trimestre de 1953. La crise couvait. Le 5 juin, Vladimir Semionov, émissaire de Moscou, arrive à Berlin-Est pour intimer l'ordre à Walter Ulbricht de modifier sa politique dans le sens d'un assouplissement. Le 10 juin, le bureau politique du SED, obtempérant, publie une résolution dans laquelle est défini ce que l'on appelle le " nouveau cours ". Cette résolution passe cependant sous silence la mesure la plus impopulaire imposée par le parti quelques semaines plus tôt : le relèvement de 10 % des normes de travail dans l'industrie, sans augmentation de salaire. Le 16 juin, quelques dizaines de maçons travaillant dans la Stalin-Allee (devenue depuis la Karl-Marx-Allee) cessent le travail, dénoncent l'augmentation des normes et se dirigent vers le siège du parti. Ils sont rejoints progressivement par des centaines de travailleurs des chantiers, par des milliers de personnes qui viennent peu à peu grossir le cortège. A mesure que la foule augmente, ses slogans se radicalisent : elle réclame la démission d'Ulbricht et l'organisation d'élections libres. Dans la soirée, alors que la foule s'est dispersée et que le bureau politique du SED tient une réunion d'urgence, la radio du secteur américain appelle les Berlinois à descendre dans la rue le lendemain. Le 17 juin, plusieurs centaines de milliers de Berlinois répondent à l'appel. Des grèves éclatent en province. Tandis que des affrontements violents opposent la police aux manifestants, les chars soviétiques apparaissent dans Berlin. L'état de siège est proclamé. Le bilan de cette journée d'émeute sera, selon la police est-allemande, de vingt-cinq morts, selon des sources occidentales de plusieurs centaines. La répression sera sévère : mille cinq cents condamnations environ seront prononcées pour participation au soulèvement; une vaste épuration suivra dans le parti, et Walter Ulbricht sortira renforcé de la crise. Le Monde du 3 octobre 1984

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