Ben Barka, affaire
Publié le 04/04/2013
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Ben Barka, affaire, scandale relatif à l’enlèvement et à l’assassinat en France du principal dirigeant de l’opposition marocaine, Mehdi Ben Barka, en 1965.
Né à Rabat en 1920, Mehdi Ben Barka devient président de l’Assemblée consultative marocaine, puis contribue à la fondation, en 1950, de l’Union nationale des forces populaires (UNFP), de tendance socialiste, dont il devient le chef. Contraint à l’exil, il est par deux fois (en 1963 et 1964) condamné à mort par contumace par le gouvernement marocain. Ses prises de position sur le conflit algéro-marocain en 1963, puis son opposition à la Constitution que le roi Hassan II propose par référendum, en font un adversaire redoutable.
Le 8 juin 1965, en raison de l’agitation, le roi proclame l’état d’exception, mettant en sommeil la nouvelle Constitution. Ben Barka vit alors en exil à Genève, sous la protection du consul d’Algérie.
Le 29 octobre 1965, Ben Barka tombe dans un piège alors qu’il se rend à Paris pour y rencontrer un cinéaste censé monter un projet de film sur la décolonisation. Il est interpellé par deux policiers français (semble-t-il appointés par les services secrets marocains) au moment où il arrive sur les lieux du rendez-vous en compagnie d’un ami marocain. Il ne sera jamais revu vivant. Détenu à Fontenay-le-Vicomte, dans la demeure de Georges Boucheseiche, un ancien lieutenant du gangster Pierrot le Fou, Ben Barka a très probablement été torturé et assassiné quelques heures plus tard (si l’on s’en tient aux révélations faites en juin 2001 par le journal le Monde et l’hebdomadaire marocain le Journal au terme de plusieurs mois d’enquête) et sa dépouille immédiatement rapatriée à Rabat.
L’affaire déclenche une violente réaction du général de Gaulle qui gèle pour un temps les relations diplomatiques avec le Maroc. Même si les soupçons portent occasionnellement tantôt sur la CIA, tantôt sur les réseaux Foccart, ils portent bien plus souvent sur la Sécurité marocaine dirigée par le général Oufkir (condamné par contumace par la justice française en 1967 à la réclusion criminelle à perpétuité), qui semble avoir été (selon l’enquête du Monde) le véritable commanditaire de l’assassinat. Cette identification se fonde pour l’essentiel sur la « confession « tardive d’un ancien agent secret marocain, Ahmed Boukhari, confession qui demeure encore controversée. Nombre de protagonistes de l’enlèvement se sont suicidés ou ont connu une mort violente. Boucheseiche, réfugié au Maroc, est assassiné en 1970. Quant au général Oufkir, il est mort en 1972, au lendemain d’un coup d’État manqué contre le roi Hassan II.
L’information ouverte à l’époque n’a pas abouti, malgré la formation d’un Comité pour la vérité sur l’affaire Ben Barka, qui regroupait de nombreux intellectuels comme Daniel Guérin, et des gaullistes de gauche comme Jacques Debu-Bridel.
La disparition de Ben Barka fut providentielle pour la royauté marocaine, car au Maroc, il n’y avait plus désormais de chef charismatique susceptible de s’opposer au pouvoir personnel de Hassan II, ou capable d’offrir une alternative à la royauté.
En novembre 1999, quelques mois après la mort du roi Hassan II, la veuve de Mehdi Ben Barka a pu retourner au Maroc avec ses enfants. Elle a contribué à dissiper certaines des interrogations qui subsistaient autour de l’enlèvement et de l’assassinat de son mari.
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