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Batlle y Ordóñez, José

Publié le 15/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Batlle y Ordóñez, José (1856-1929), juriste, journaliste et homme d’État uruguayen, président de l’Uruguay (1903-1907, 1911-1915).

2   LE JOURNALISTE DÉMOCRATE

Né à Montevideo et fils du président Lorenzo Batlle, José Batlle y Ordóñez étudie à Paris puis rentre en Uruguay où il s’installe comme journaliste — de sensibilité démocrate. En 1886, après avoir été rédacteur du journal La Nación, il fonde le quotidien El Día dans lequel, en dépit des interdictions répétées, il souligne son opposition à l’hégémonie politique des militaires uruguayens. Fervent admirateur de la démocratie suisse, il cherche à jeter les bases d’un État constitutionnel solide. Son influence s’exerce alors pleinement sur le parti colorado (libéral), dont il favorise l’ouverture en direction des classes moyennes et populaires et des immigrés récents.

3   LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
3.1   Le premier mandat (1903-1907)

Après avoir été sénateur de Montevideo (1898-1903), José Batlle y Ordóñez accède à la présidence de la République. Alors que le pays profite largement de la conjoncture internationale favorable aux exportations de viandes, de cuirs et de laines, Batlle y Ordóñez cherche à diversifier l’économie uruguayenne et à consolider son assise productive. Parallèlement à la mise en place de mesures fiscales contre la grande concentration de propriétés improductives, il encourage l’industrie locale et l’agriculture moderne. Avec Batlle y Ordóñez, l’État est appelé à jouer un rôle décisif dans l’arbitrage économique et la redistribution des richesses — principes nouveaux en Amérique latine.

Cette première période est aussi marquée par le développement de la législation sociale et de la protection des salariés, ainsi que par la promulgation de la première loi latino-américaine du divorce (1907), qui entérine la reconnaissance des droits des femmes.

3.2   Le second mandat ou la consolidation du Batllismo (1911-1915)

À la suite d’un séjour en Europe (1907-1911), Batlle y Ordóñez fait son retour aux affaires, et souhaite compléter la politique démocratique entamée quelques années auparavant. Sur le plan de l’instruction publique d’abord, il établit l’éducation publique et obligatoire, crée des lycées et des écoles de formation professionnelle pour l’agriculture et l’élevage, et favorise l’embauche de professeurs et de techniciens étrangers.

La consolidation institutionnelle de l’État est également au centre des préoccupations du président. Selon lui, s’il faut un État fort et actif dans les secteurs stratégiques de l’économie, des finances et de la promotion scientifique, il est nécessaire que cet État soit démocratique et moderne. Aussi, — s’inspirant des régimes européens et notamment helvétique, qu’il admire toujours —, préconise-t-il la séparation de l’Église et de l’État, le suffrage universel (étendu aux analphabètes), la suppression de la peine de mort, le divorce par initiative de la femme, la journée de huit heures, etc. La Constitution de 1917 entérine ce projet, même si Batlle y Ordóñez n’est plus alors chef de l’État. Cette charte constitutionnelle et celle de la Révolution mexicaine, également approuvée en 1917, sont deux des modèles constitutionnels du xxe siècle latino-américain.

Jusqu’à la fin des années 1970, de nombreux Uruguayens se sont réclamés de la pratique politique et des principes populistes associés au nom de José Batlle y Ordóñez, le Batllismo ; c’est dire l’influence du père de l’Uruguay moderne dans l’histoire du pays.

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