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basque, séparatisme

Publié le 19/02/2013

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basque

1   PRÉSENTATION

basque, séparatisme, mouvement animé par les partisans de l’indépendance des provinces basques espagnoles d’Álava, de la Biscaye et du Guipúzcoa, regroupées en communauté autonome du Pays basque, et par les partisans de l’indépendance des provinces basques françaises de Soule, de Basse-Navarre et du Labourd, formant le Pays basque français.

La Navarre, le seul État puissant et unitaire qu’a connu le Pays basque, voit son apogée aux xe et xie siècles, puis décline. Du xve au xvie siècle, la région est partagée entre la France et l’Espagne.

2   LE SÉPARATISME BASQUE EN FRANCE

Situées à l’extrémité occidentale des Pyrénées, les provinces de Soule et du Labourd ont été rattachées au royaume français en 1451, et la Basse-Navarre en 1620 par Louis XIII.

Le Pays basque français est bien intégré à la République, grâce à l’encadrement efficace de l’administration et du système scolaire. Le mouvement séparatiste n’y a jamais atteint l’ampleur qu’il a du côté espagnol. Un mouvement nationaliste apparaît en 1960 autour de l’hebdomadaire Embata et présente des candidats aux élections locales et législatives. Il est dissous en 1974 mais renaît l’année suivante. En 1973 se constitue le groupe terroriste ETA-Iparretarak (« ceux du Nord «), revendiquant l’indépendance des sept provinces basques, françaises et espagnoles. Au cours des années 1980, ses actions causent la mort de plusieurs personnes, principalement des CRS et des gendarmes.

Le mouvement nationaliste basque en France est représenté par plusieurs partis : Eskerriko mugimundu abertzaleak (EMA), mouvement de gauche proche d’Iparretarak, Eskual batasuna (EB), proche de l’ETA, Eusko alkartasuna (EA), et Ipar Buru Batrar, la section française du PNV. Les listes communes présentées par EMA, EB et EA leur ont permis d’atteindre près de 10 p. 100 des suffrages exprimés lors des élections municipales de 1989. Le ministère de l’Intérieur français continue de refuser la création d’un département Pays basque, réclamée depuis 1976 par les nationalistes. Un arrêté préfectoral de 1997 fixe les limites du Pays basque français : il comprend 157 communes. En février 1999, des élus basques espagnols et français constituent une « Assemblée permanente des maires et des élus municipaux d’Euskal Herria (Pays basque) «.

3   LE SÉPARATISME BASQUE EN ESPAGNE
3.1   Du xviiie siècle à la guerre civile

Au xviiie siècle, sous la monarchie espagnole, les Basques jouissent de privilèges spéciaux et votent leurs propres lois, les fueros. Le fonctionnement de l’administration et le respect des lois sont contrôlés par des assemblées locales démocratiquement élues. Le Pays basque est constitué des quatre provinces d’Álava, de la Biscaye, du Guipúzcoa et de Navarre, situées au nord-ouest de l’Espagne, à la frontière française.

Lors de la guerre civile de 1833-1839, les Basques se rangent du côté des carlistes, partisans d’une monarchie absolue, mais qui les soutiennent dans leurs revendications autonomistes. À l’issue de la dernière insurrection carliste, réprimée par le roi Alphonse XII, les fueros sont abolis en 1876. Les gouvernements espagnols successifs imposent des administrateurs castillans ainsi que l’usage de la langue castillane, ce qui provoque un ressentiment profond. En outre, l’afflux massif d’ouvriers venus des autres régions du pays, pour travailler dans l’industrie basque alors en pleine expansion, entraîne des bouleversements intenses.

Théoricien de la « nation basque «, Sabino Arana y Goiri, un Biscaïen, affirme que l’Espagne est une puissance occupante et met en avant le particularisme linguistique basque (voir langue basque). En 1895, il crée le Parti nationaliste basque (PNV) qui revendique l’indépendance et enregistre de nombreux succès lors des élections de 1918.

Les élections municipales de 1931 voient la victoire du camp républicain. Le roi Alphonse XIII est déposé et la République espagnole proclamée le 14 avril. Le Front populaire issu des élections de 1936 accorde l’autonomie aux Basques le 16 octobre. José Antonio Aguirre est choisi par le Conseil suprême du Pays Basque pour diriger l’éphémère gouvernement d’« Euzkadi «. Installé à Guernica, il comprend des ministres communistes, socialistes, républicains et nationalistes.

Pendant la guerre civile déclenchée en juillet 1936, la Navarre et les carlistes se rangent du côté de Franco, tandis que la majorité des Basques restent fidèles aux républicains. Le bombardement de Guernica par les avions allemands, le 26 avril 1937, est l’un des épisodes les plus tragiques de la guerre d’Espagne. Le Pays basque est occupé par les nationalistes, qui suppriment l’autonomie cette même année. Franco abolit également le drapeau et la langue basques. Cette politique répressive accentue le sentiment des Basques d’être une nation occupée par l’Espagne. Aguirre s’enfuit en France, où il forme un gouvernement en exil — qui se perpétuera jusqu’en 1979 —, et organise des actions sur le territoire espagnol (grèves, Jour de la patrie en 1964).

3.2   La création d’ETA

En 1959, de jeunes militants qui ont rompu avec le gouvernement en exil forment l’ETA (Euzkadi Ta Azkatasuna, « le Pays basque et sa liberté «), laïc et socialisant. Ce mouvement évolue vers le marxisme-léninisme et se lance, à partir de 1968, dans la lutte armée comme moyen de pression sur le gouvernement espagnol. Le 20 décembre 1973, il organise une action d’éclat en assassinant le président du gouvernement Luis Carrero Blanco, hostile à toute évolution démocratique et autonomiste. En 1974, l’ETA se divise en une branche politico-militaire, qui abandonne la lutte armée, et en une branche militaire, qui poursuit ses actions violentes. La multiplication des attentats terroristes conduit le gouvernement à instituer l’état d’urgence au Pays basque le 25 avril 1975. L’exécution de deux militants de l’ETA, le 27 septembre, provoque une grève générale de deux jours dans le Pays basque.

3.3   L’autonomie du Pays basque

Après la mort de Franco, le 20 novembre 1975, les attentats se poursuivent malgré la démocratisation du pays entreprise par Juan Carlos. Le roi d’Espagne met en place une politique de libéralisation et propose d’inscrire dans la nouvelle Constitution le statut d’autonomie du Pays basque. L’ETA refuse et le PNV s’abstient de donner des consignes de vote pour le référendum du 6 décembre 1978 sur la Constitution, qui remporte l’adhésion au Pays basque, mais avec un taux d’abstention de 55 p. 100. Le 25 octobre 1979, l’autonomie est approuvée par 54 p. 100 des électeurs et, en mars 1980, un Parlement régional dominé par les nationalistes est élu. Au mois de décembre, le gouvernement basque obtient des compétences en matière d’impôts et de police.

3.4   La poursuite des attentats

La fraction extrémiste de l’ETA poursuit pourtant ses attentats, qui font plus de 800 morts entre 1968 et 1999. À partir de 1983, le Groupe antiterroriste de libération (GAL) mène des actions violentes contre l’ETA, en France et en Espagne, et est responsable de la mort d’au moins 28 personnes jusqu’en 1987. L’implication de responsables de la police et du gouvernement, révélée en 1995, contribue à ébranler l’autorité du président du gouvernement espagnol Felipe González.

À partir de 1984, la France, longtemps principale base arrière des membres de l’ETA, commence à expulser vers l’Espagne des responsables du mouvement. Ce revirement provoque une vague d’attentats de représailles contre les intérêts français au Pays basque durant l’été. L’entrée de l’Espagne dans la Communauté européenne, le 1er janvier 1986, accentue le rapprochement avec Paris.

La vitrine légale du mouvement nationaliste basque apparaît divisée entre les partisans de la voie démocratique — le PNV, conservateur et catholique, Eusko Alkartasuna (EA), issu d’une scission du PNV en 1986, indépendantiste mais opposé à la violence et Euskadiko Eskerra (EE), issu d’une scission de l’ETA dans les années 1970, hostile au terrorisme — et ceux qui prônent la lutte armée, notamment Herri Batasuna (HB), indépendantiste et proche de l’ETA.

Le milieu des années 1990 est marqué par un regain de l’activité terroriste de l’ETA, qui vise plus particulièrement les membres du Parti populaire (PP) : José María Aznar échappe à un attentat à Madrid, plusieurs conseillers municipaux sont tués. L’organisation n’épargne pas le Parti socialiste et s’attaque même au roi. L’enlèvement, en mai 1995, d’un petit entrepreneur basque qui refuse de payer l’« impôt révolutionnaire « provoque une vague de manifestations pacifistes sans précédent et met en lumière l’isolement de l’ETA au sein de la société basque, au moment où la victoire du PP aux élections nationales (mars 1996) entraîne un durcissement du pouvoir à l’égard du terrorisme.

En septembre 1998, l’ETA annonce une trêve illimitée, suscitant d’immenses espoirs, mais refuse de déposer les armes. Sa branche politique, Herri Batasuna, signe avec le PNV et plusieurs autres groupes politiques la Déclaration de Lizarra, qui se veut une proposition de paix inspirée du modèle de règlement du conflit adopté en Irlande du Nord. En octobre, lors des élections au Parlement autonome basque, le PNV au pouvoir l’emporte avec 21 sièges sur 75. Le PP, avec 16 élus, gagne 5 sièges par rapport à 1994. Euskal Herritarok (coalition indépendantiste regroupée autour d’HB) obtient 17,9 p. 100 des voix et gagne 3 sièges (14 au total). En décembre, le Parlement basque nomme pour la première fois un membre du PNV, Juan José Ibarretxe, à la tête du gouvernement autonome. En février 1999, des élus basques espagnols et français constituent une « Assemblée permanente des maires et des élus municipaux d’Euskal Herria (Pays basque) «. Rompant l’ancienne coalition avec les socialistes, un pacte est signé entre nationalistes modérés (PNV et EA) et radicaux indépendantistes (HB et Euskal Herritarok) en mai 1999, action critiquée par les autres formations.

L’annonce de la fin de la trêve, en novembre 1999, signifiant pour José María Aznar la « faillite d’un espoir de paix « et la reprise de la lutte armée, au début de l’année 2000, rompt la coalition des nationalistes, « torpille « la déclaration de Lizarra et entraîne le succès des modérés du PNV lors des élections générales de mars 2000. La multiplication des attentats en 2000 et 2001 touche principalement les « cibles « habituelles de l’ETA : militaires, élus du Parti populaire et du Parti socialiste, dont Ernest Lluch, ex-ministre socialiste de la Santé (novembre 2000). Mais l’ETA se retrouve progressivement isolée face à la vigueur de la protestation populaire et se voit affaiblie par le renforcement de la collaboration entre l’Espagne et la France.

C’est dans ce contexte extrêmement tendu que se déroulent les élections régionales anticipées du 13 mai 2001. La participation à ces élections atteint le taux record de 79,8 p. 100. Le PNV, allié à un autre parti nationaliste modéré, Eusko Alkartasuna (EA), réalise le meilleur score de son histoire, avec 42,4 p. 100 des voix (33 sièges sur 75). En revanche, Euskal Herritarrok (EH), la formation politique issue de l’ETA, perd la moitié de ses députés avec un score de 10,2 p. 100 des voix. Depuis la fin de la trêve, les attentats ont fait 30 victimes, dont le président du PP d’Aragon une semaine avant le scrutin. Les électeurs basques semblent donc réaffirmer leur soutien à la cause nationaliste, mais aussi leur rejet de la violence. Le PP et le PSE, alliés dans un pacte antiterroriste, recueillent ensemble 40,8 p. 100 des suffrages, soit 19 sièges (+1) pour le PP et 13 sièges (-1) pour les socialistes. En juillet, Juan José Ibarretxe est réélu à la tête du gouvernement basque pour un second mandat de quatre ans. Il propose de relancer les débats sur la pacification et sur l’autodétermination, proposant de faire du Pays basque « une nation associée à l’État espagnol «. Il est réélu pour un troisième mandat en juin 2005, à la suite des élections d’avril qui voient le PNV obtenir 29 sièges, devant le PSE (18 sièges), le PP (15 sièges) et le Parti communiste des terres basques (PCTB, 9 sièges), successeur de Herri Batasuna, hors-la-loi depuis 2002.

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