Barnave, Antoine

Barnave, Antoine (1761-1793), homme politique français, l'un des porte-parole des opinions modérées au début de la Révolution française.

Né à Grenoble, issu d’une famille protestante bourgeoise, Antoine Pierre Joseph Marie Barnave devient avocat au Parlement de Grenoble à l’âge de vingt ans. Très actif lors des événements pré-révolutionnaires de 1788 dans la région — il participe à la journée des Tuiles (7 juin) et semble être l’un des initiateurs de l’assemblée de Vizille (juillet) —, il est élu pour représenter le tiers état aux États généraux de 1789. Lors des réunions, le jeune avocat se distingue très vite par ses talents d'orateur. Avec ses amis Lameth et Duport, il forme un « triumvirat « patriote, s'opposant notamment au comte de Mirabeau et au marquis de La Fayette, en particulier sur la question des prérogatives royales — il est partisan d’un veto suspensif et non absolu. Défenseur de l’idée d’une Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (adoptée le 26 août 1789), rédacteur du règlement de la Société des amis de la Constitution (le club des Jacobins), Barnave se positionne à cette époque comme un patriote radical.

Élu président de l’Assemblée constituante le 25 octobre 1790 (parallèlement à son mandat de maire de Grenoble), Antoine Barnave infléchit progressivement sa position vers plus de conservatisme, se déclarant notamment hostile au suffrage universel et à l'abolition de l'esclavage dans les colonies — ce qui lui attire les foudres de la Société des amis des Noirs. Néanmoins en janvier 1791, face à la vindicte des démocrates, Antoine Barnave impose aux prêtres un serment immédiat à la Constitution civile du clergé.

Rallié au club des Feuillants et au groupe des monarchistes constitutionnels, Antoine Barnave milite bientôt ouvertement contre la République et contre toute atteinte trop marquée au droit de la propriété. Il est chargé avec Pétion de Villeneuve de ramener le roi Louis XVI à Paris après que ce dernier ait pris la fuite et ait été arrêté à Varennes (juin 1791). C’est à cette occasion qu’il se rapproche de la famille royale, notamment de la reine Marie-Antoinette avec laquelle il entretient, entre juillet 1791 et janvier 1792, une correspondance secrète en faveur d’une monarchie constitutionnelle. Sa popularité s’effritant, « Monsieur double visage « rentre dans le Dauphiné en janvier 1792.

La découverte, lors de la chute de la monarchie le 10 août 1792, d’un document intitulé Projet du Comité des ministres, concerté avec Messieurs Alexandre de Lameth et Barnave provoque l’arrestation de l’avocat, en août 1792. Emprisonné pendant plus d’un an, Antoine Barnave rédige une Introduction à la Révolution française (publiée en 1843) dans laquelle il se montre d'une grande clairvoyance politique, en particulier dans son interprétation du rôle joué par la bourgeoisie dans le processus révolutionnaire, ainsi que dans son analyse du processus de transformations économique et sociale qui a amené la Révolution.

Le 28 octobre 1793, Antoine Barnave comparaît devant le Tribunal révolutionnaire de Paris qui le condamne à la peine capitale. Il est guillotiné le lendemain, 29 octobre 1793.