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austro-hongrois, Empire

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

austro-hongrois, Empire, ancien État sous la souveraineté des Habsbourg, qui a régné sur l’Europe centrale entre 1867 et 1918.

Issu du Compromis de décembre 1867 conclu entre l’empire d’Autriche et le royaume de Hongrie, l’Empire austro-hongrois s’est effondré au terme de la Première Guerre mondiale, en novembre 1918.

2   CONTEXTE HISTORIQUE

Depuis la fin des guerres napoléoniennes, l’empire des Habsbourg — connu depuis 1804 sous le nom d’empire d’Autriche — a retrouvé son statut de grande puissance européenne, mais doit faire face au réveil des nationalités. À l’intérieur, l’opposition des nationalistes (Hongrois, Slaves) se conjugue à celle des libéraux, hostiles à l’absolutisme et au centralisme autrichiens. À l’extérieur, les ambitions du Piémont et de la Prusse mettent en cause sa position dominante en Italie et en Allemagne, obtenue lors du congrès de Vienne (1815). Pendant près d’un demi-siècle, les Habsbourg parviennent à contenir ces menaces en s’appuyant sur l’armée, l’Église et la bureaucratie, mais aussi grâce à la bienveillance (voire au soutien militaire) des anciens alliés contre Napoléon : le Royaume-Uni, la Russie et la Prusse. L’Empire surmonte le désordre provoqué par les guerres et les révolutions de 1848 qui secouent l’Europe centrale. Le pouvoir absolu du nouvel empereur François-Joseph Ier, souverain de 1848 à 1916, est apparemment restauré.

En 1859 néanmoins — ayant perdu le soutien russe en raison de sa neutralité lors de la guerre de Crimée —, la monarchie est défaite militairement lors de la campagne d’Italie de Napoléon III, et doit céder au Piémont la Lombardie (suivie de la Vénétie en 1866). En outre, la Prusse menace son autorité à la tête de la Confédération germanique. Les difficultés internes exacerbent ces problèmes : lors de la guerre de 1859, la monarchie doit conserver des forces armées en Hongrie pour contenir le mécontentement latent. Enfin, la situation financière s’est dégradée en raison des réticences de la bourgeoisie libérale allemande à prêter de l’argent à un régime absolu.

La défaite de 1859 provoque un profond remous au sein des populations allemandes de l’Empire. Le début des années 1860 est marqué par des expériences constitutionnelles visant à apporter une certaine harmonie intérieure et à donner les moyens à la monarchie de défendre ses intérêts en Europe centrale. L’empereur tente d’abord d’introduire une sorte de fédéralisme aristocratique reposant sur des diètes locales élues sur une base étroitement censitaire et placées sous la direction de la cour de Vienne. Devant l’opposition hongroise, il publie en février 1861 la lettre patente établissant un centralisme plus libéral. Ce régime constitutionnel est bien accueilli par les sujets allemands, mais il est boycotté par les Hongrois et mécontente une grande partie des Slaves. En 1866, la rivalité avec la Prusse provoque la guerre austro-prussienne dont le tournant est la défaite cuisante de Sadowa (3 juillet 1866), aboutissant à l’expulsion de l’Autriche de la Confédération germanique.

3   LE COMPROMIS DE 1867

Le choc de la défaite entraîne rapidement le Compromis (Ausgleich) de décembre 1867, conclu entre les Habsbourg et leurs sujets hongrois. Une monarchie bicéphale est instaurée, François-Joseph étant à la fois empereur d’Autriche et roi de Hongrie, à titre personnel. Pour souligner que le règne ne commence qu’à cette date, il se fait couronner roi de Hongrie à Budapest, le 8 juin 1867.

À l’Ouest, la « Cisleithanie « (19 millions d’habitants, des Allemands, Tchèques, Polonais et Slaves du Sud) comprend, outre l’Autriche, la Bohême-Moravie, la Styrie, la Carniole, la Galicie, la Bucovine, l’Istrie et la Dalmatie ; à l’Est, la « Transleithanie « (14 millions d’habitants, des Magyars, Roumains, Serbo-Croates, Allemands, Slovaques) comprend, outre la Hongrie, la Transylvanie, la Croatie et la Slovaquie. Les deux États sont compétents pour régler à l’intérieur de leurs frontières les questions touchant aux nationalités.

Les Affaires étrangères, l’Armée et les Finances relèvent de ministères communs et restent de la compétence de l’empereur qui nomme les ministres. En revanche, la « garde intérieure « est placée sous le contrôle respectif des parlements de Vienne et de Budapest. Les affaires économiques d’intérêt commun, les douanes, la banque austro-hongroise et le quota de participation des deux monarchies aux caisses communes sont gérés en vertu d’un compromis révisable tous les dix ans.

La Hongrie, qui reforme le vieux royaume de Saint-Étienne, obtient une importante autonomie interne, permettant à la majorité magyare de dominer les minorités roumaines et slovaques au parlement de Budapest. Grâce au Compromis de subsidiarité (Nagodba) de 1868, seule la Croatie bénéficie d’une autonomie à l’intérieur du royaume de Hongrie.

Ces dispositions sont appliquées, pour l’essentiel, jusqu’à la fin de la monarchie, en 1918. Après les échecs de la période 1848-1865 pour rechercher un accord satisfaisant les onze nationalités de l’Empire, la preuve a été faite qu’aucune solution stable ne peut être obtenue sans l’adhésion des Magyars. Le Compromis de 1867 a le mérite de permettre à la monarchie de préserver son statut de grande puissance européenne. Néanmoins, il ne peut mettre un terme au conflit politique. Les Hongrois eux-mêmes manifestent une méfiance constante à l’égard des institutions et, de 1888 à 1912, ils refusent de donner leur accord au renforcement de l’armée commune. En outre, Budapest entreprend d’affaiblir les alliances serbes et roumaines de la monarchie à l’intérieur de l’Empire, s’immisce dans les affaires de la Croatie et impose une politique de magyarisation des minorités roumaines et slaves du sud. La puissance de la monarchie apparaît menacée et, dans les années précédant la Première Guerre mondiale, l’héritier du trône, l’archiduc François-Ferdinand, envisage de casser le pouvoir de l’élite magyare en instituant un fédéralisme donnant plus de pouvoirs aux Slaves du Sud.

Mais le vieil empereur François-Joseph, qui ne craint pas la confrontation lorsqu’il s’agit de défendre ses prérogatives en matière de politique étrangère et militaire, se refuse toujours à remettre en cause l’accord de 1867 et le pouvoir des Magyars en Hongrie. Pour les satisfaire, il va jusqu’à abandonner ses plans de réforme constitutionnelle en Cisleithanie. En 1871, il renonce à accorder l’autonomie au royaume de Bohême, car les Magyars, eux-mêmes confrontés à des revendications nationalistes, y voient un dangereux précédent. Ainsi, même si le Compromis s’avère être une solution efficace et durable aux problèmes des années 1860, il enferme la monarchie dans un véritable carcan, l’empêchant d’entreprendre des réformes.

L’accord de 1867 repose exclusivement sur un partage du pouvoir entre Hongrois et Autrichiens (Allemands) au sein de l’Empire. Chacun des deux partenaires dispose des moyens de continuer à opprimer les peuples placés sous son contrôle. La négation des droits des minorités condamne le système dans son ensemble à laisser les revendications nationales paralyser le débat politique. Le mouvement national tchèque en particulier, qui a une orientation libérale, voire socialisante, ne peut s’entendre avec les libéraux et sociaux-démocrates allemands.

4   L’APOGÉE DU SYSTÈME : 1867-1895

Pendant les premières années, l’Autriche-Hongrie connaît la paix à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. Le calme est enfin revenu en Hongrie sous la direction musclée du Premier ministre Kalman Tisza. Son parti libéral se montre loyal envers le Compromis de 1867, mais est implacable à l’égard des minorités du royaume qui refusent d’adopter la culture magyare. L’Autriche connaît une période de réformes et de prospérité sous les gouvernements libéraux allemands (1867-1878) — hésitant entre centralisme et fédéralisme. Le « Cercle de fer «, une coalition d’éléments conservateurs, aristocratiques, cléricaux et slaves, dirigé par l’ami d’enfance de François-Joseph, le comte Edouard Taaffe (1878-1893), lui succède. Pour asseoir son pouvoir, son gouvernement entretient les rivalités entre les différentes nationalités.

Jusqu’au début du xxe siècle, la double monarchie connaît un grand développement économique. L’industrialisation de la Bohême et de la Silésie, les progrès du capitalisme bancaire à Vienne, mais aussi l’essor prodigieux de Budapest (qui s’équipe du premier métro du continent, avec Paris), capitale de la Transleithanie, en sont les principaux traits.

En matière de politique étrangère, les problèmes de la monarchie ont en grande partie été résolus par les retraits de l’Italie (1859-1866) et de l’Allemagne (1866). Son principal souci est de conserver son statut de grande puissance dans les Balkans et surtout d’empêcher l’expansion des jeunes États voisins (Serbie) sur ses territoires slaves méridionaux et roumains. Cette menace peut devenir un réel danger si ces États obtiennent le soutien de grandes puissances comme la Russie. Dans leurs efforts visant à empêcher de telles alliances, les Habsbourg font preuve de beaucoup de flexibilité et d’habileté en s’adaptant aux évolutions de la situation internationale pendant les quarante ans qui suivent le Compromis. La guerre, étant donné la faiblesse relative de la monarchie et les expériences malheureuses des années 1850 et 1860, est écartée par la monarchie. Beaucoup plus belliqueux et antirusses, les Magyars ne réussissent jamais à infléchir la politique étrangère austro-hongroise dans ce sens. Dans les années 1870 et 1880, les ministres des Affaires étrangères de François-Joseph parviennent à contenir les ambitions russes dans les Balkans. Ils se rapprochent du Royaume-Uni au congrès de Berlin (1878), qui leur octroie un protectorat sur la Bosnie-Herzégovine et leur permet d’empêcher la création d’un grand État serbe sur ses frontières sud. En 1887, c’est l’entente méditerranéenne entre le Royaume-Uni et l’Italie, soutenue brièvement par l’Allemagne après la chute de Bismarck, en 1890. L’Empire signe avec l’Allemagne (1879), puis la Roumanie (1883) des traités défensifs contre la Russie. Il s’allie avec des États susceptibles de poser des problèmes (Serbie en 1881, Roumanie en 1883), afin de les neutraliser ou de les contrôler.

La signature en 1882 de la Triple-Alliance avec l’Italie et l’Allemagne fixe l’axe majeur de la politique étrangère de l’Empire jusqu’en 1914. Un accord est même conclu avec la Russie ; il permet de stabiliser la situation dans les Balkans pendant plusieurs années (Ligue des trois empereurs 1873-1878 ; Alliance des trois empereurs 1881-1887). Grâce à ces arrangements diplomatiques, la monarchie parvient à éviter la guerre.

5   CRISES INTÉRIEURES, PASSIVITÉ À L’ÉTRANGER 1895-1906

À la fin des années 1890, en Cisleithanie, l’aggravation des tensions entre les partis nationalistes bourgeois tchèques et allemands de Bohême provoque la paralysie de l’activité parlementaire à Prague et à Vienne. L’empereur forme des gouvernements composés de fonctionnaires, et les budgets sont régulièrement votés par le biais de décrets d’urgence, jusqu’à la réforme électorale de 1906. Le suffrage universel est introduit dans l’espoir que les partis nationalistes seront battus par les nouveaux partis populaires, social-démocrate et social-chrétien.

L’arrivée au pouvoir en Hongrie des adversaires du Compromis constitue une menace plus sérieuse encore pour l’Empire. Les négociations pour la révision du compromis commercial de 1897 traînent jusqu’en 1906 ; les exigences concernant le traitement particulier des contingents hongrois au sein de l’armée royale et impériale se font de plus en plus pressantes. En 1905, les partisans du système de 1867 sont battus aux élections. François-Joseph décide de soumettre la Hongrie à une quasi-loi martiale et des rumeurs commencent à circuler à l’étranger sur l’imminence d’un éclatement de l’Empire. À la différence des troubles constitutionnels relatifs aux questions des nationalités, la crise hongroise de 1903-1906 oppose le souverain à une nation constitutive de l’Empire. Cette crise interne, la plus grave de l’histoire de l’Autriche-Hongrie, est résolue lorsque François-Joseph menace d’imposer le suffrage universel en Hongrie — ce qui mettrait un terme à la suprématie magyare en Transleithanie. Le gouvernement de Budapest accepte de revenir à l’accord de 1867 sans toucher à l’armée commune, et le roi s’engage à adopter la réforme électorale voulue par le gouvernement hongrois. Le Compromis a été sauvé, mais aux dépens des nationalités. Une fois encore, François-Joseph a conclu un accord avec l’élite magyare au prix d’une oppression accrue des Roumains et des Slaves de Hongrie. Désabusés, les Croates catholiques commencent même à se rapprocher de leurs ennemis héréditaires, les orthodoxes serbes.

Ces dix années d’agitation interne ne voient pas de grand bouleversement en politique étrangère. Alors que l’Allemagne se rapproche à nouveau de la Russie, que le Royaume-Uni et les alliés balkaniques prennent leurs distances, la monarchie peut se réjouir de voir la Russie absorbée par son ambition en Extrême-Orient, qui aboutit bientôt à la guerre russo-japonaise. En 1897, l’Autriche-Hongrie et la Russie concluent un accord de coopération destiné à prévenir les troubles dans les Balkans, il contribue largement à réduire les tensions au cours de la décennie suivante. Les progrès du mouvement nationaliste à Belgrade, qui rêve de constituer une grande Serbie, et ses relais dans l’Empire auprès des Croates, accroissent cependant la tension avec Vienne.

Malgré ce contexte, l’Autriche connaît à la fin du xixe siècle un remarquable foisonnement artistique et culturel dans tous les domaines, et Vienne devient l’une des plus brillantes cités européennes. Les écrivains Arthur Schnitzler, Karl Kraus, Reiner Maria Rilke et Georg Trakl expriment le désarroi de leur temps. En peinture, Gustave Klimt, Egon Schiele et Oskar Kokoschka font preuve d’esprit novateur. En architecture, Otto Wagner et Adolf Loos s’affirment comme les pionniers du modernisme, tandis qu’en musique, Gustav Mahler, Arnold Schoenberg et d’autres enrichissent le répertoire classique.

6   LA MENACE EXTÉRIEURE, 1906-1914

En Cisleithanie, la réforme électorale s’avère un échec. Les conflits nationaux deviennent bientôt un enjeu majeur au sein des nouveaux partis, malgré l’intensité des conflits sociaux, et le parlement retombe dans l’impasse en 1914.

Le mouvement Jeune Tchèque, déçu par le refus autrichien d’accorder à la Bohême une certaine autonomie politique, se rapproche de la Russie et des Slovaques sous domination magyare, avec lesquels il n’a aucune histoire politique commune. Les rapprochements serbo-croate et tchéco-slovaque, fondés sur le dépit plutôt que sur l’affinité, donnent plus tard naissance à des États. Le Morave Masaryk, qui s’impose peu à peu comme le chef des nationalistes tchèques, n’exige cependant pas l’indépendance, mais un fédéralisme prenant en compte également les Allemands et les Slovaques.

En Hongrie, le système parlementaire fonctionne mieux sous la poigne d’Istvan Tisza et des « libéraux de 1867 «, mais la politique de magyarisation forcée des minorités provoque de vives tensions dans le royaume. Ces mécontentements sont néanmoins traditionnels et aucun d’entre eux ne menace véritablement l’Empire comme l’a fait la grande crise hongroise de 1903-1906.

En revanche, la menace extérieure se précise à la fin de la décennie. La crise provoquée par l’annexion de la Bosnie par l’Autriche, le 8 octobre 1908, met fin à l’entente avec l’empereur russe, tandis que la perspective d’une alliance avec les Britanniques s’est évanouie avec l’accord anglo-russe de 1907. En outre, l’Allemagne refuse toujours de s’engager à entrer en guerre contre la Russie aux côtés de l’Autriche, sur la question des Balkans. À Belgrade, le régime nationaliste de plus en plus vociférant convoite ouvertement les territoires slaves du sud de l’Empire.

Vienne se retrouve complètement isolée et, en 1912-1913, doit se contenter d’observer sans pouvoir intervenir le démantèlement des territoires balkaniques de l’Empire ottoman. Les projets d’une seconde ligue balkanique sous les auspices de la Russie, qui constituent une menace directe pour la pérennité de l’Empire, commencent à se préciser. Ce péril devient une véritable obsession chez les responsables politiques autrichiens au cours de l’été 1914.

Le 28 juin 1914, l’assassinat à Sarajevo, par le nationaliste serbe Princip, de l’archiduc héritier de François-Ferdinand, est ressenti comme une provocation de la part de Belgrade qui bénéficie de l’appui russe. L’Empire est assuré cette fois-ci du plein soutien de l’Allemagne et estime, pour la première fois en quarante ans, que seule la guerre peut résoudre la question du nationalisme des Slaves du Sud.

7   LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE ET LA CHUTE DE L’EMPIRE AUSTRO-HONGROIS 1914-1918

La guerre, qui a été déclenchée par l’Empire austro-hongrois pour préserver sa capacité de grande puissance, va ruiner la monarchie avant même la défaite de 1918. Sans possibilité de recours à l’option britannique ou russe, Vienne se trouve totalement sous la dépendance de Berlin dont les projets de domination de l’Europe ne laissent guère de place à l’Autriche-Hongrie. Les revers militaires de la monarchie ne font qu’accroître son assujettissement économique et militaire.

Les succès en Pologne, puis dans les Balkans suscitent de vifs débats entre les deux alliés sur le partage du butin dont la monarchie sortie humiliée. La tentative du nouvel empereur Charles (1916-1918) de conclure un accord de paix séparée en 1917 échoue en raison des revendications territoriales de l’Italie. La fureur que cette tentative provoque au sein de l’opinion allemande, place l’empereur dans une position de subordonné vis-à-vis de l’Allemagne dans presque tous les domaines (traité de Spa, mai 1918).

Pourtant, la défaite militaire qui se profile ne semble pas devoir entraîner automatiquement la dissolution de l’Empire. À l’intérieur du pays, les minorités opposées au Compromis de 1867 se contentent de réclamer une autonomie accrue et non l’indépendance. Les États qui ont émis des revendications territoriales vis-à-vis de la monarchie ont été battus en 1917 et, en Occident, nombreux sont ceux qui voient dans l’Autriche-Hongrie un utile contrepoids à l’Allemagne au centre de l’Europe. Ces voix se contentent d’exiger une réforme fédérale qui mettra fin à la suprématie des élites allemandes et magyares. C’est le refus de ces élites d’envisager une telle réforme et leur pari d’une victoire allemande, qui décident les puissances de l’Entente à suivre les nationalistes exilés qui demandent la dissolution de l’Autriche-Hongrie. À la veille de la défaite de novembre 1918, ces groupes bénéficient également d’un soutien grandissant dans l’Empire et le processus de désintégration commence. Une dernière offre de Charles pour sauver la monarchie par une réforme constitutionnelle fédéraliste est rejetée fermement par Budapest : le Compromis de 1867 a tenu jusqu’au bout, mais pour rien.

8   LA PARTITION

Le 7 octobre 1918, la République tchécoslovaque est proclamée à Prague et, dans les semaines qui suivent, la Hongrie se comporte comme un État indépendant, alors même qu’elle a déjà perdu le contrôle de la moitié de ses territoires au profit de ses voisins. Le 21 octobre, les Allemands d’Autriche proclament leur rattachement à l’Allemagne et le 29 octobre, les Serbes, les Croates et les Slovènes forment un État des Slaves du Sud. Le 11 novembre, jour de l’armistice, l’empereur Charles, dernier des Habsbourg à avoir régné, renonce au trône. Ces bouleversements sont consacrés par le traité de Saint-Germain-en-Laye, signé le 10 septembre 1919, à l’exception du rattachement de l’Autriche à l’Allemagne, pourtant souhaité par la population.

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