Article de presse: Vietnam : un " dragon " en mutation hésitante
Publié le 22/02/2012
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intellectuelle dans son pays.
Essouflement
Si on ajoute à cela la lenteur de la prise de décision, le marathon bureaucratique nécessaire à l'acheminement de tout dossierd'investissement, les vols de brevets et les escroqueries d'hommes d'affaires étrangers par des partenaires locaux, les investisseursétrangers ont commencé à se presser moins nombreux aux portes du Vietnam.
Selon Nguyen Bich Dat, directeur adjoint audépartement des investissements étrangers du ministère du Plan, les licences d'investissement délivrées sur les neuf premiers moisde 1997 avaient atteint 2,3 milliards de dollars, soit une hausse de 13 % par rapport à 1996.
Mais, si l'on enlève lesaugmentations de capital nécessaires à la bonne marche d'entreprises étrangères déjà installées, les investissements directs en1997 n'ont atteint que 70 % des montants réalisés en 1996.
C'est là l'un des moteurs de l'économie du Vietnam qui donne àprésent des signes d'essoufflement.
Enfin, l'Etat devra régler le problème de son déficit budgétaire (lequel a cependant été ramené à 1,5 % du PIB en 1996 contre6 % trois ans plus tôt) en assujettissant mieux la population à l'impôt.
Les marchés nocturnes de Ho Chi Minh-Ville fontrégulièrement la preuve de l'incapacité des services fiscaux à faire rentrer l'impôt.
Quelques soirs par semaine, en effet, desdizaines d'agriculteurs, d'éleveurs et de grossistes viennent vers trois heures du matin vendre leurs légumes et volailles à la lueurdes réverbères.
Les mêmes repartent à six heures, juste avant le passage des percepteurs de taxes.
Personne ne paie l'impôt auVietnam, excepté les grandes entreprises publiques.
Guerre des clans
Ces dysfonctionnements font-ils du Vietnam un pays en crise comme les autres ? Plus que les autres peut-être, dans la mesureoù la mutation économique et sociale en cours apparaît mal maîtrisée par le pouvoir communiste.
Le 8e congrès a certesréaffirmé, en juin 1996, la réalité de la politique d'ouverture, mais il s'est refusé à la moindre prospective.
Tiraillé entre différentsclans, ceux qui veulent accélérer les réformes et ceux qui sont contre par exemple, sans parler des lobbies régionaux, le parti nedécide qu'au consensus.
Ce qui ralentit considérablement la prise de décision.
Du coup, les clivages existants menacent de se creuser davantage.
Entre la ville et la campagne, mais aussi entre les riches et lespauvres.
50 % de la population vit avec moins de 100 dollars par an, tandis que dans les villes une nouvelle bourgeoisie se crée,qui consomme, les soirs de fête, du Cognac à 60 dollars la bouteille.
La contradiction pourrait également devenir aiguë entre cettefrange de la population qui aspire à consommer toujours davantage et la nécessaire réorientation des investissements en directionde biens d'équipement : ponts, routes, adduction d'eau potable...
plutôt que des cigarettes et du Coca-Cola.
Enfin, nombre d'interrogations pèsent sur le devenir de la jeunesse.
50 % de la population a aujourd'hui moins de vingt ans.L'idéologie a peu de prise sur cette génération qui aime la vitesse et les motos, les cigarettes blondes et le football, et quimanifeste plus volontiers sa joie lorsque l'équipe de football national enregistre une victoire à l'extérieur que lorsque les objectifsdu Plan sont dépassés.
Comment réagiront ces jeunes en cas de restriction de la consommation ? Bien malin qui pourrait le dire !
YVES MAMOU Le Monde du 11 novembre 1997.
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