Article de presse: Vatican II : l'Eglise catholique entre dans le XXe siècle
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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pouvoir temporel, et qui a accompli divers gestes de dépouillement non équivoques, les pères du concile n'ont pas écouté ceuxqui leur proposaient un geste collectif de renoncement aux signes extérieurs de richesse (bijoux précieux, terres, palais, etc.) etaux titres d'un autre âge qui heurtent un nombre toujours plus grand de fidèles.
Sur le plan institutionnel, Vatican II a refusé de fixer dans l'Eglise, à l'instar de toutes les grandes organisations profanes, unelimite d'âge aux évêques résidentiels.
Sur ce point, le pape est allé plus loin que le concile puisque cette limite d'âge fait partie,affirme-t-on, de l'imminente réforme de la Curie qui va suivre celle du Saint-Office acquise depuis quarante-huit heures.
En outre, on n'a pas touché au mode de nomination des évêques dont le moins que l'on puisse dire est qu'il ne correspondnullement aux légitimes aspirations du " peuple de Dieu ", pour employer la définition de l'Eglise que la constitution conciliaireLumen gentium a adoptée par 2 151 placet contre 5 non placet.
Voilà, à notre sens, les principales timidités de Vatican II.
Ces " blocages " sont inévitables dans une société aussi lourde etcomplexe que l'Eglise romaine, tributaire de son passé, parfois obsédée par sa fidélité aux traditions.
Le juste partage n'est pasfacile à faire entre ce qui peut et doit être changé et ce qui peut et doit être conservé.
L'admirable, à Vatican II, est bien plutôtque ces deux mille deux cents évêques, d'un âge généralement assez avancé et que leur genre de vie coupe assez souvent desréalités quotidiennes, se soient montrés capables de tant de souplesse et de tant de jeunesse de coeur.
Nouvelles pistes
Vatican II, officiellement baptisé concile " oecuménique ", fut en fait plus oecuménique par son objet que par sa nature.
Qu'est-ce à dire ?
Il ne dépendait pas de lui-malgré son désir intime-de réunir d'une manière constitutive tous les chrétiens : Vatican II ne pouvaitêtre un concile d'union, mais seulement, plus modestement, un concile de préparation à l'unité.
En revanche, il a manifesté un senspastoral suffisamment aigu pour accomplir un tour d'horizon des réformes souhaitables.
Le meilleur exemple qui puisse être donné est celui des prêtres-ouvriers.
Contre tout espoir, cette formule a été explicitementapprouvée par le concile.
Ce résultat est dû en grande partie au travail obstiné de quelques prêtres obscurs qui ont peu à peuréussi à persuader le pape, la Curie et les évêques des vertus de cette méthode d'apostolat.
Six ans après leur condamnation, leconcile a donc donné droit de cité aux prêtres travaillant en usine.
Ce revirement spectaculaire est gros de conséquences, car, iln'est pas exagéré de le dire, la clé de voûte de l'apostolat des milieux populaires se trouve ici, et pas ailleurs.
L'Eglise a enquelque sorte accepté de " passer aux barbares ".
Il lui reste maintenant à trouver d'urgence les moyens de se faire présente ausein du sous-prolétariat des pays du " tiers-monde ".
Là se gagnera ou se perdra la bataille décisive de l'Eglise de notre siècle.
Il est impossible d'énumérer à nouveau les réformes obtenues ou amorcées par Vatican II.
Tenons-nous en donc à quelquespoints saillants.
Sans renier le plus pur de sa tradition, l'Eglise romaine a renoncé à se considérer comme ayant le monopole de la vérité.
Elle arendu généreusement hommage aux vérités contenues dans les autres religions quelles qu'elles soient, à commencer, bien entendu,par ses soeurs, les confessions chrétiennes non catholiques.
En moins de quatre ans, Rome est entrée par la grande porte dans leconcert oecuménique dont elle était tragiquement absente.
Les autres Eglises ne peuvent plus, aujourd'hui, reprocher aucatholicisme sa morgue et son pharisaïsme.
N'en sont pas revenus aussi bien les éléments conservateurs romains que les intégristes non catholiques, dont la fureur traduit ledésarroi.
Les juifs, qui ont eu tant à souffrir des chrétiens, ont reçu justice, au moins dans les textes.
Avec les athées eux-mêmes, VaticanII, renonçant à de vains anathèmes, a noué un début de dialogue qui s'amplifiera progressivement.
Le concile a enfin déclaré lapaix au monde entier, profane et religieux.
Y compris aux communistes, dont Jean XXIII affirmait : " Ils se disent les ennemis del'Eglise, mais l'Eglise n'a pas d'ennemis.
" Ce libéralisme n'est pas seulement psychologique.
Qu'on ne s'y trompe pas, il est, à safaçon, doctrinal.
Cela ne veut pas dire que l'Eglise ne se considère plus comme le phare spirituel de l'humanité, ni que lesuccesseur de Pierre hésite à reconnaître sa mission de grand ensemblier de la chrétienté en devenir, mais que l'une et l'autre ontsaisi la part de relativisme et d'impureté inhérente à toute oeuvre humaine, et, d'autre part, qu'ils ont renoncé à chercher desappuis suspects dans le bras séculier.
Tel est le sens profond du schéma sur la liberté religieuse.
Du même coup, l'Eglise romainea jeté les bases d'un authentique respect de la personne humaine en son sein même.
En reniant l'esprit totalitaire du Saint Office etde l'Inquisition, elle a enfin repoussé sa tentation permanente de peser sur les intelligences et sur les consciences..
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