Article de presse: Une révolution qui dévore ses enfants
Publié le 22/02/2012
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République islamique, devaient ouvrir un nouveau chapitre dans la chasse aux " libéraux ", parmi lesquels furent classés lesmarxistes, et des formations islamiques dissidentes, les Moudjahidin du peuple en tête, que les officiels désignent, selon le cas,comme étant des " hypocrites " ou des " gauchistes américains ".
La terreur
La troisième phase de la révolution islamique-celle de la consolidation du pouvoir khomeiniste-se caractérise par deuxdémarches apparemment contradictoires : " libéralisation " (toute relative) de l'économie et intensification de la répression.
Jamaisautant de sang n'a coulé qu'au cours des dix-huit mois qui ont suivi le départ en exil, en juillet 1981, de Bani Sadr et de son alliéde fraîche date Massoud Radjavi, le chef des Moudjahidin.
Ces derniers, ainsi que d'autres groupements, déclenchent une vague,particulièrement meurtrière, d'attaques armées, d'attentats à l'explosif, d'assassinats qui déciment la classe dirigeante.
Parmi lestués figurent, outre les principaux responsables du parti républicain, le successeur de Bani Sadr à la présidence de la République,le chef du gouvernement, des ministres, des dizaines de députés et des membres éminents du clergé, des centaines de pasdarans,sans compter les victimes civiles.
La riposte des autorités est foudroyante : elles procèdent à des milliers d'arrestations et à descentaines d'exécutions capitales.
Selon une estimation d'Amnesty International, en août 1982, quatre mille six cents personnes aumoins ont été passées par les armes depuis l'avènement de la République islamique, dont plus de la moitié après la déchéance deBani Sadr.
Quoi qu'il en soit, la terreur vient à bout, dès février dernier, non seulement du terrorisme, mais aussi des diverses oppositionsorganisées, islamiques ou marxistes, qui avaient eu recours à la violence.
En mars 1982, les autorités libèrent neuf mille détenus etannoncent leur intention d'en élargir quinze mille autres.
La répression permet de renforcer, en les institutionnalisant, lespasdarans, les comités islamiques-quelque six mille, qui quadrillent le pays,-divers services de sécurité, organismes naguère" parallèles " à ceux de l'Etat.
Paradoxalement, cette terreur s'accompagne de certaines mesures économiques que les " libéraux ", tant décriés, n'auraient pasdésavouées.
Le doublement de la production pétrolière-qui passe de 1 million à plus de 2 millions de barils par jour en un an,-vendue au rabais, permet non seulement de financer la guerre contre l'Irak, mais aussi d'importer des produits de consommationcourante, au détriment, semble-t-il, des biens d'équipement.
D'importants contrats sont signés avec la Turquie et le Pakistan,naguère classés dans la catégorie des " satellites des Etats-Unis ".
Les échanges s'intensifient avec le Japon et certains paysd'Europe occidentale, notamment l'Italie et l'Allemagne.
ERIC ROULEAU Le Monde du 6-7 février 1983.
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