Article de presse: Un système totalitaire frappé d'érosion
Publié le 22/02/2012
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décidément trop pour les conservateurs qui, tirant parti des manifestations étudiantes qui se multipliaient fin 1986, obtinrent la têtede l'audacieux Hu Yaobang.
Deng céda sous la poussée orthodoxe.
Là encore, cette nouvelle période de restauration (mise au pas du parti, de la presse, des universités...) ne dura pas.
Enchoisissant de remplacer Hu Yaobang par un second " joker " libéral, Zhao Ziyang, jusqu'alors chef du gouvernement, Dengsignifia clairement qu'il entendait conserver intactes les chances de la réforme.
Zhao Ziyang prolongea donc les efforts de sonprédécesseur, notamment la tentative d'assouplir l'emprise du parti sur l'Etat et la société, mais il échoua quasiment dans lesmêmes conditions.
Flanqué du très archaïque Li Peng, nommé premier ministre au lendemain de la crise de 1987, il restait en effetsous haute surveillance orthodoxe.
Surchauffe économique en 1988 et flambée des campus au printemps de 1989 précipitèrent les événements.
Le campconservateur reprit l'offensive jusqu'à ordonner la répression sanglante des manifestations de Tiananmen qui défiaient chaque jourdavantage un pouvoir déconsidéré.
Deng Xiaoping sacrifia une nouvelle fois son dauphin naturel et laissa s'abattre sur le pays unechappe de plomb qui semblait annoncer le retour à l'ère glaciaire.
Mais quatre ans plus tard, la machine à purger s'étantessoufflée, on reparla à nouveau de réformes en haut lieu.
Au bout du compte, que reste-t-il de cette évolution en zigzags ? Si l'embryon d'Etat de droit auquel songeaient Hu Yaobang etZhao Ziyang en reste au stade du projet, il est incontestable que le visage du communisme chinois a été sensiblement remodelé :l'idéologie marxiste-léniniste tend à s'effacer au profit du nationalisme et du confucianisme; la direction du parti s'est rajeunie etrecrute davantage chez les élites diplômées urbaines; l'armée, qui s'est professionnalisée tout en se lançant dans les affaires, voitses liens distendus avec le parti; enfin, les bureaucraties régionales notamment celles des provinces côtières s'affirment davantageau point de tenir tête au pouvoir central.
En somme, la société offre de moins en moins prise à des outils totalitaires devenusobsolètes.
Les héritiers de Deng sauront-ils en tirer les conséquences ?
FREDERIC BOBIN Le Monde du 21 février 1997.
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