Article de presse: Tony Blair, an II
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
dont un cinquième des ménages sont de fait exclus.
Baptisée d'un de ces slogans dont les experts en communication du NewLabour ont le secret, l'opération Welfare to work (passer de l'assistance au travail) est présentée comme une déclaration deguerre à la pauvreté et à l'ignorance, dans le plus pur style messianique.
Dans son introduction au Livre vert sur la reconstruction du Welfare State , présenté fin mars au Parlement, Tony Blair écrit : " La réforme nous redonne une véritable cause nationale, elle nous ouvre une perspective plus large qui fera de notre pays le modèle de la nation développée du XXIesiècle : avec une gestion saine et stable de l'économie, le dynamisme et l'esprit d'entreprise, un niveau d'éducation et de créativitésans égal dans le monde, et un Etat-providence fait pour encourager les projets et la réussite.
"
L'une des premières mesures du cabinet travailliste, pendant l'été 1997, a été de lever une taxe exceptionnelle sur les profits desmonopoles privatisés, d'un montant de 5 milliards de livres (plus de 50 milliards de francs) afin de financer la politique sociale.Mais la carotte ne va pas sans le bâton : les adultes aptes au travail qui refuseront un emploi ou une formation seront privés del'aide sociale.
Ce côté punitif soulève parfois de vives protestations comme lorsque, en décembre 1997, il s'est agi de supprimerles allocations versées aux mères célibataires figurant dans cette catégorie.
Briser le " piège de la pauvreté " , c'est aussi revoir une fiscalité qui pénalise ceux qui passent des minima sociaux à l'emploi.D'autres mesures prévoient un crédit d'impôt plus généreux pour les familles, des subventions pour la garde des enfants, dans unpays qui n'offre pratiquement rien dans ce domaine et condamne ainsi au chômage beaucoup de jeunes mères isolées.
Legouvernement promet de l'argent pour le Welfare, mais toujours par l'intermédiaire du travail.
Même si des voix s'élèvent àgauche et à droite contre un discours volontiers sécuritaire et culpabilisant pour les pauvres - sommés de prendre en charge leurpropre réintégration -, la démarche morale de lutte contre l'exclusion semble assez bien reçue par une opinion encore sous lecharme.
L'habillage à la fois moderne et humaniste de la politique du Labour est fait pour séduire les classes moyennes, lesquellesn'ont pour l'instant pas obtenu grand-chose, sinon des engagements à venir en faveur de l'éducation et de la santé définies commeparties intégrantes du progrès social.
Le raisonnement économique sous-jacent à la politique blairiste est peut-être plus difficile à saisir.
La Grande-Bretagne a jouépresque exclusivement, depuis une vingtaine d'années, le jeu de la déréglementation.
La compétitivité à la mode thatchérienneétait fondée sur la flexibilité du marché du travail et une fiscalité avantageuse pour l'entreprise.
Mais des éléments importants de lacompétitivité moderne - bonnes infrastructures de transport et de communication, productivité et qualification de la main-d'oeuvre- ont été négligés.
C'est pourquoi la croissance des activités financières ou de pointe provoque très vite des tensionsinflationnistes, les professionnels, en nombre insuffisant, exigeant des hausses de salaires.
Pour soutenir durablement tant lesactivités traditionnelles que l'économie de création cette " Cool Britannia " , comme dit un autre slogan blairiste, qui recouvre lesindustries culturelles, les médias, la mode, le design, il est devenu indispensable de remonter le niveau général d'éducation.
" Noustravaillons pour le long terme " , explique Helen Liddel, secrétaire d'Etat à l'économie auprès de Gordon Brown.
" Toute notrepolitique vise à la stabilité, pour échapper à la malédiction de l'économie britannique de l'après-guerre, une succession de phasesde croissance forte et de récessions brutales.
"
En attendant, il arrivera un moment où les électeurs feront leurs comptes.
Lors de sa campagne, Tony Blair avait donné desassurances aux entreprises et d'autres aux salariés.
Force est de constater qu'il a été plus pressé de satisfaire les premières queles seconds.
Dès le mois de juillet 1997, Gordon Brown a annoncé une baisse de deux points du taux de l'impôt sur les sociétés,suivie d'une nouvelle baisse d'un point dans le budget 1998.
Tandis que les dépenses publiques restent soumises à un contrôlesévère, les mesures fiscales annoncées pour les deux à trois ans à venir correspondent à un alourdissement de la pression de 2 à3 % du PIB, via des suppressions d'exemptions et des impôts indirects.
Si la fiscalité sur l'épargne est infléchie dans un sensfavorable aux revenus modestes, avec la création d'un compte d'épargne individuel (ISA) défiscalisé, les contribuables aisés n'ontpas à se plaindre : les droits de succession restent inchangés et les revenus du capital seront légèrement moins taxés.
Seulsymbole " anti-riches " , le doublement du droit de timbre sur les ventes de maisons de plus de 2,5 millions de francs.
Côté salariés, les choses sont allées moins vite, à part la signature surtout symbolique de la Charte sociale européenne.
Lesalaire minimum promis lors de la campagne est en retard.
Une " Commission des bas salaires " travaille depuis neuf mois et doitremettre en mai son rapport.
Les syndicats souhaitent un SMIC autour de 4,5 livres (45 francs) de l'heure (soit la moitié dusalaire médian), les patrons aux alentours de 3 livres.
Dans le premier cas, 5 millions de salariés seraient concernés, dans lesecond seulement 1,5 million, surtout des femmes travaillant à mi-temps.
Les pronostics tendent actuellement plutôt vers le bas dela fourchette.
Une autre question épineuse est celle de la reconnaissance des syndicats : pour ne pas froisser les patrons, legouvernement hésite à imposer une procédure de vote dans l'entreprise qui permette leur réintroduction à la majorité simple.
Sigrogne il y a, en somme, elle est plutôt du côté de la vieille base travailliste.
Récemment, le cabinet a fait un geste pour amadouercette partie de son électorat, avec un projet visant à réserver à la filière charbon entre le quart et le tiers de la production descompagnies d'électricité qu'il contrôle encore : ni très économique, ni très écologique, cette mesure " de gauche " prolongerait.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Article de presse: Tony Blair, le bourgeois travailliste
- Comment rédiger un article de presse
- Article de presse en Anglais Film Pokemon 1
- Tony Blair - biography.
- Presse article de presse