Article de presse: Tel père, tel fils...
Publié le 17/01/2022
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le lyrisme.
L'Union soviétique le recevait avec des égards particuliers.
Les Etats-Unis-grâce, en particulier, au président Nixon et à Henry Kissinger-lui avaient ouvert les portes de leurs arsenaux,où, depuis mai 1972, il pouvait acheter de l'armement de son choix en quantité illimitée, privilège " sans précédent " dans lesannales américaines, selon une commission d'enquête sénatoriale.
Grands industriels, banquiers, brasseurs d'affaires venus dumonde entier, se bousculaient à Téhéran pour recueillir les miettes de la manne pétrolière, qui décupla entre 1970 et 1974.
La fortune s'ajoutant au pouvoir absolu accentuait au fil des années les tendances à la " mégalomanie " que signalait le rapportde la CIA.
Le souverain proclama, contre toute logique, que l'Iran deviendrait avant 1980 la " cinquième puissance militaire du monde ",promit à son peuple la " grande civilisation " tout en dénigrant la " décadence " de l'Occident.
Il se comparaît volontiers à Darius,à Cyrus le Grand, au général de Gaulle.
Le chahinchah (roi des rois) n'entendait pas sonner l'heure des échéances.
1976: la mévente du pétrole, les difficultés detrésorerie, déclenchent le mécanisme de la récession sans pour autant freiner une inflation galopante.
Le petit peuple, les classesmoyennes, dont le niveau de vie est en baisse, supportent de moins en moins un régime oppressif qui engendre la misère.L'aryamehr (lumière des aryens) ne voit pas non plus se dessiner les lézardes sur la façade en trompe-l'oeil de son empire, ni larévolution qui pointait à l'horizon.
Le soulèvement populaire de 1978-1979 le traumatise.
N'était-il pas le " père de la nation "? Il " s'infantilise " alors, selon sesproches; revit les terreurs de ses jeunes années; perd son maintien altier, ses manières arrogantes, son regard volontaire et froid.L'ambassadeur américain s'étonne de la " pusillanimité " du souverain, qui l'appelle à toute heure pour lui demander ce qu'ildevrait faire pour mettre un terme à l'insurrection.
Cette indécision, fruit de son désarroi, achèvera de le perdre.
Mohamed Reza quitte l'Iran le 16 janvier 1979, homme brisé et désespérément seul, tel son père, trente-sept ans plus tôt...
ERIC ROULEAU Le Monde du 29 juillet 1980.
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