Article de presse: Tchad, l'histoire d'une décolonisation manquée
Publié le 17/01/2022
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virtuellement supplanté leurs anciens maîtres, et seule la présence française, en continuant à imposer malgré tout un certainéquilibre et, tout d'abord, en interdisant aux gens du Sud de venir commander directement ceux du Nord, empêchait encore quecette situation n'apparût au grand jour.
L'indépendance n'allait pas tarder à manifester ce nouveau rapport de forces.
En 1957, au moment où la loi-cadre Defferre (qui accordait l'autonomie interne aux anciennes colonies françaises d'Afriquenoire) entrait en application, les Saras du Logone et du Chari dominaient déjà potentiellement le pays.
Ethnie la plus nombreuse etla plus homogène du Sud, ils constituaient l'élément principal de la formation politique la plus importante, le Parti progressistetchadien (PPT), qui était la section tchadienne du Rassemblement démocratique africain et à la tête duquel était en train des'imposer un jeune instituteur de religion protestante, François Tombalbaye.
En face du PPT, les autres partis, dirigés par despersonnalités musulmanes qui s'entendaient mal entre elles, ne faisaient pas le poids et étaient du reste déjà en train de perdrepied jusque dans leurs régions islamisées d'origine, au Salamat et au Guerra, au Batha, au Kanem et dans le Baguismi.
Aussitôt l'indépendance proclamée, le 11 août 1960, Tombalbaye, comme bon nombre de ses pairs, entreprit d'éliminer, ycompris physiquement dans bien des cas, toutes les personnalités qui s'opposaient à la consolidation de son pouvoir personnel ouqui risquaient de le faire un jour.
Il s'agissait presque toujours de musulmans.
Plusieurs complots opportunément découverts pourles besoins de la cause ponctuèrent cette marche vers l'autocratie, marquée par ailleurs, au début de 1962, par la dissolution detous les partis politiques, à l'exception du PPT, tandis que s'appesantissait la domination des Saras sur toutes les autres ethnies dupays.
Dans tout l'ancien Dar el-Islam, à l'exception, jusqu'en 1964, du Borkou, de l'Ennedi et du Tibesti (le BET), oùl'administration militaire française était restée provisoirement en place, les jeunes fonctionnaires saras, méprisants pour tous leurscompatriotes qui ne parlaient pas, ou que très mal, le français, se conduisaient comme en pays conquis, rançonnantsystématiquement les villages et n'hésitant pas à les mettre à sac, et même à les brûler à la moindre résistance.
Puis, à l'automne 1964, à la demande soudaine des autorités de Fort-Lamy, qu'irritait de plus en plus cette ultime survivance duTchad des commandants, l'armée française évacuait le BET et les Saras, y transposant aussitôt leurs méthodes administrativesparticulières, pouvaient enfin s'y installer.
Dans une région où l'arabisme était en pleine renaissance et l'islam en forte expansion, la revanche des Saras ne devait êtrecependant que de très courte durée.
La révolte des Goranes et des Toubous
Le Centre et l'Est s'embrasèrent les premiers.
Le 27 octobre 1965, les habitants de Mangalmé, localité de moyenne importancedu nord-est de Guéra, à environ 550 kilomètres de Fort-Lamy, las des exactions de toute sorte qu'ils subissaient depuis plusieursannées déjà, se révoltaient contre des percepteurs d'impôts venus les rançonner un jour de marché et massacraient une douzainede fonctionnaires.
Une répression implacable s'abattait aussitôt sur la bourgade, tandis que Tombalbaye en profitait pour fairearrêter peu après quelques personnalités musulmanes de plus, qu'il accusait d'avoir provoqué l'émeute, en prélude à un coupd'Etat.
C'était le début d'une insurrection qui, en quinze ans, devait entraîner inexorablement la chute du dictateur sara, la déroute deson ethnie et, pour finir, l'effondrement de l'Etat tchadien lui-même.
La France-partagée entre le désir de donner un second coupd'arrêt aux forces et aux idées venues du Nord qui, à la faveur de l'événement, reprenaient leur marche séculaire vers le Sud,mais se rendant confusément compte de l'impossibilité, cette fois, de l'entreprise-se faisait chasser pas à pas de son anciennecolonie, ne parvenant qu'à se mettre à dos, les uns après les autres, tous les protagonistes du drame.
Au départ vaste jacquerie, le mouvement d'insurrection ne tardait pas à se structurer.
Dès 1966, un Front de libérationnationale du Tchad (FROLINAT) était constitué par un certain Ibrahima Abatcha, qui se révéla vite un organisateur de talent.Puis, après sa mort au combat, un ancien ministre de Tombalbaye passé à l'opposition, le docteur Abba Siddick, d'originesoudano-centrafricaine et de formation française, réussissait, à partir de 1968, à intéresser à la cause des rebelles l'opinionprogressiste internationale et trois pays voisins, le Soudan, l'Algérie et surtout la Libye.
Les années 1968-1969 marquèrent effectivement un tournant capital dans le conflit, avec l'entrée en scène du colonel Kadhafi-qui venait de renverser le roi Idriss, mais qui reprenait aussitôt à son compte les revendications et les visées sénoussies (1) sur le BET-mais aussi du chef traditionnel des Toubous, le vieux derde Oueddeï Kichemedi, qui s'était réfugié à Tripoli deux ans plustôt pour fuir les exactions saras et dont les trois fils, Hanneur, Hadj Moulinaye et Goukouni, s'étaient rebellés à leur tour aux côtésdu FROLINAT (capturés, les deux premiers seront sommairement exécutés par les sbires de Tombalbaye); et enfin de laFrance, à laquelle le Tchad, dont l'armée était de plus en plus débordée, se résigna à faire appel.
L'intervention française se fit en deux temps.
En août et septembre 1968, un appui logistique, limité au Tibesti, était d'abord.
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