Article de presse: Succès et faiblesse du Grand bond
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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n'a pratiquement pas fonctionné pendant trois mois, tous les ouvriers faisant de la " fonte populaire " qui se révéla à peineutilisable; des paysans se sont affairés autour des fours au lieu de rentrer les récoltes d'automne, et si, durant l'hiver 1958-1959,Pékin n'a presque pas reçu de choux, c'est que ceux-ci gelaient dans les champs de Mandchourie à côté des fourneaux.
L'acier n'a pas le monopole de l'exagération; les campagnes pour l'élevage des porcs, pour les innovations techniques ou pourl'extermination des moineaux en témoignent.
(Depuis un an et demi, ceux-ci ont cessé d'être des ennemis du peuple chinois, caron s'est aperçu qu'ils mangeaient les parasites des arbres.) Pour finir, revenons aux communes rurales.
Ici aussi, des exagérationsgraves ont dû être commises.
Jusqu'en 1958, les autorités chinoises avaient abordé la question agraire avec bien plus de réalismeet d'habileté que les Soviétiques et n'avaient pas connu leurs échecs.
L'instauration des communes a-t-elle altéré la confiance des paysans et engendré leur mécontentement, voire leur résistance ?
La question se pose.
Les fanatiques de l'anticommunisme à Hongkong ou en Occident répondent par l'affirmative.
Les espritsplus objectifs sont moins catégoriques.
Même les documents officiels parlent d'erreurs et d'excès de zèle.
En fait, il paraît difficilede nier que des résistances ont eu lieu, mais on ignore l'ampleur de l'hostilité qu'a suscitée le régime.
Elle pourrait avoir étésérieuse à en juger d'après les mesures libérales qui ont été prises récemment.
En fait, l'étude de la Chine dans les circonstances actuelles invite à la circonspection et à la modestie.
Le temps des " Old ChinaHands ", qui étaient nés dans le pays et l'avaient parcouru en tous sens pendant des années, est révolu pour une longue période.Nos connaissances sont aujourd'hui fragmentaires, aussi nous bornerons-nous à cette conclusion : malgré toutes les erreurs duGrand Bond, on aurait tort de rejeter complètement cette expérience unique dans le monde moderne.
Certains Asiatiques etAfricains ont tendance à croire que l'aide étrangère est la solution de leurs problèmes en même temps qu'ils estiment avoir undroit acquis à une meilleure répartition des richesses universelles.
Les Chinois, quant à eux, ont accompli un effort trop rude, alorsque d'autres cèdent à l'excès inverse.
Mao Zedong et les autres leaders chinois ont assez d'expérience pour retenir la leçon des obstacles rencontrés.
Déjà, depuis unan, ils cherchent une formule moins radicale, comme de nombreux exemples l'ont prouvé.
Pendant combien de temps prévaudracette tendance ?
Disons seulement que, devant l'ampleur de la crise, il paraît douteux que le processus de consolidation puisse se limiter àquelques mois.
GILBERT ETIENNE Le Monde du 3-4 décembre 1961.
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