Article de presse: Soekarno, le père de l'indépendance indonésienne
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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réorganisaient, fomentèrent une révolte armée à Madium.
Elle fut écrasée par une division d'élite-la Siliwangi,-qui allait jouer plustard un grand rôle politique avec à sa tête un certain Nasution, alors colonel, et qui se fera souvent le porte-parole des intérêtsd'une fraction militante de l'armée.
Personne, en décembre 1949, ne contestait réellement le pouvoir de Soekarno, flanqué de Hatta à la vice-présidence.
Uneexpérience de démocratie, apparemment copiée sur l'Occident, allait alors commencer dans un pays sans cadres, sans capitaux,affaibli, que son chef allait unifier par son écrasante personnalité et son système scolaire, diffusant à la fois une même idéologienationaliste et une langue commune.
Petit à petit, à l'occasion des crises gouvernementales, des tractations parlementaires, des rivalités entre clans politiques, entrefactions militaires aussi (le 17 octobre 1952 Soekarno faillit être renversé par les officiers, parmi lesquels Nasution), le rôle duchef de l'Etat grandit.
Il prit de plus en plus seul les véritables décisions, manoeuvrant entre les forces antagonistes et profitant dela remontée du PC à partir de 1951 pour créer un contrepoids aux forces de droite.
Les communistes, dirigés par Aidit, avaient,en effet, choisi de collaborer avec le régime.
Années d'immense prestige international culminant avec la conférence de Bandoung(avril 1955), marquées par une diplomatie d'abord orientée vers l'Ouest, mais refusant de cautionner les guerres d'Indochine etde Corée, et glissant progressivement vers un neutralisme flamboyant.
Années marquées aussi par l'incapacité totale desdirigeants à faire face à la crise économique et financière croissante.
Il est d'usage d'expliquer ce chaos par le dédain affiché deSoekarno pour ces questions.
En fait, il paraît plus réaliste d'attribuer ce laisser-aller à une impossibilité pour les groupesdirigeants de forger un modèle politico-économique de développement.
On le vit bien lorsque, la démocratie parlementaire ayant échoué, Soekarno en tira les conséquences et à partir de 1957 fitentrer Djakarta dans l'ère de la " démocratie dirigée ".
Il rêvait d'appliquer à l'immense archipel des pratiques en usage dans lesvillages de Java : le musjawarath et le gotong-rojong, c'est-à-dire une méthode de gouvernement faite de palabres, deconciliabules, d'ajustement progressif des thèses en présence.
Si aucun moyen terme ne peut être dégagé, le chef tranche.
Ceretour aux sources, prenant en considération une authentique pratique populaire, ne pouvait, appliqué à cette échelle, querenforcer l'arbitraire du dirigeant, sans aucunement régler les problèmes réels de la nation.
En fait, il camouflait-mal-lesoppositions tranchées entre la gauche et cet autre pouvoir décisif qu'était l'armée.
Bien vite, Soekarno gouverna à coups deslogans, de sigles résumant un programme vide, de harangues.
JACQUES DECORNOYLe Monde du 23 juin 1970.
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