Article de presse: Pologne : les émeutes de Gdansk
Publié le 17/01/2022
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Le lendemain, 17 décembre, c'est Szczecin qui est le théâtre d'une terrible bataille de rue, tandis que flambe le siège du parti.L'armée et la milice tirent sur les grévistes qui occupent le chantier Warski.
L'agitation gagne les autres villes du littoral, et en dépit d'un blocus total de l'information, l'ensemble du pays et aussi le mondeextérieur commencent à comprendre que quelque chose de très grave se passe.
Tout le pays risque de s'embraser.
C'est alors que les Soviétiques interviennent : le bureau politique du PC de l'URSS adresseune lettre au bureau politique du Parti ouvrier polonais.
La lettre (jamais publiée) évoque la nécessité de trouver des solutionspolitiques et économiques à la crise.
C'en est fini pour Gomulka, d'ailleurs frappé par la maladie, qui, le lendemain, accepte dedémissionner.
La situation sur le littoral s'apaise, mais elle se tendra à nouveau jusqu'à devenir menaçante en janvier, jusqu'à ceque le nouveau premier secrétaire Edouard Gierek prenne l'initiative sans précédent d'aller s'adresser lui-même aux ouvriers quioccupent à nouveau le chantier naval de Szczecin.
Sans rien céder sur l'essentiel, il trouve un langage nouveau, inspire unecertaine confiance.
Dix ans plus tard, il aura totalement dilapidé ce capital de confiance, en même temps que les milliards de dollars empruntés enOccident, et, en août 1980, il ne saura plus trouver les mots pouvant faire illusion.
Mais, confronté à l'épreuve, aux nouvellesgrandes grèves du littoral, il acceptera, par émissaires interposés, de négocier, n'enverra pas la troupe, et ne fera pas couler lesang.
Et en face, les ouvriers des chantiers se garderont de toute violence, de toute manifestation même, et resteront dans leurschantiers au lieu d'aller attaquer les bâtiments du parti.
De part et d'autre, on avait tiré la leçon de la tragédie de décembre 1970.
C'est ce qui, entre autres, rendit possible le miracled'août 1980.
Certes, dix années avaient passé, et les ouvriers de 1980, même si c'étaient parfois les mêmes, étaient déjà biendifférents de ceux de 1970, qui, eux, chantaient encore l'Internationale...
En 1980, d'autres acteurs, des intellectuels, des militants du KOR, vinrent aussi apporter leur contribution, alors qu'en 1970 lesouvriers étaient désespérément seuls (à Gdansk, les étudiants de l'Ecole polytechnique avaient même refusé de se joindre auxmanifestants qui leur demandaient leur aide).
Mais, déjà, leurs revendications étaient loin d'être purement économiques, déjà ils réclamaient une presse honnête et crédible etdes syndicats qui seraient " soumis à la classe ouvrière ", et non au parti.
C'est donc bien, pour l'essentiel, de l'échec de décembre 1970 et de la hantise de voir se renouveler cet échec qu'est né lesuccès à peine croyable de Solidarité.
MICHEL TATU Le Monde du 15-16 décembre 1985.
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