Article de presse: Paul VI entre réforme et transition
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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de Mgr Marcel Lefebvre, dont la rébellion a assombri la fin du pontificat.
A l'égard du fondateur d'Ecône, Paul VI a fait preuved'une grande mansuétude, allant jusqu'à le recevoir à Castelgandolfo malgré les réticences de son entourage.
Un des grands combats du pontificat écoulé aura été la refonte et l'internationalisation de la Curie romaine, dont Paul VIconnaissait bien les rouages puisqu'il en avait fait partie sous les deux papes précédents.
Il a mené cette réforme à bien enquelques années, supprimant les cumuls, rendant les charges amovibles et fixant à soixante-quinze ans la limite d'âge pour lesfonctions des évêques et des curés du monde entier.
Cette révolution silencieuse a été faite en souplesse, dans le respect despersonnes.
La rénovation du Saint-Office, la suppression de l'Index, la nomination d'un non-Italien au poste (renforcé) desecrétaire d'Etat, se sont succédé sans heurts apparents.
Conformément aux voeux du concile, les pouvoirs des évêques résidentiels ont été peu à peu accrus, la création desconférences épiscopales nationales encouragée, le synode, enfin, instauré.
Cette décentralisation a inévitablement créé des tensions.
Des cardinaux, comme le primat de Belgique et celui de Hollande, ontdonné du fil à retordre au pontife suprême, le premier estimant trop timides les réformes entreprises, le second devant concilierles exigences de sa province ecclésiastique avec les points d'arrêt posés par Rome concernant le célibat.
Au-delà de ces réformes institutionnelles, le pape a dû supporter les pressions de la contestation généralisée qui s'est introduiteau sein de l'Eglise depuis quelques années.
Il s'est essayé à freiner la poussée progressiste, non en prenant des sanctionsexemplaires, comme le lui conseillaient les conservateurs, mais par la parole et la persuasion.
Tempérament non autoritaire, lepape était convaincu que la manière douce était plus efficace que la manière forte.
On l'a vu notamment à propos de l'affaire ducélibat ecclésiastique.
Malgré une encyclique (1967) bloquant apparemment toute issue, malgré de nombreux messages affirmantque la loi du célibat était intouchable, le pape n'a pu éviter que cette question qui lui tenait tant à coeur figure à l'ordre du jour dusynode 1971.
On l'a vu également et d'une manière aussi pénible à propos de la contraception.
Jamais encyclique n'aura été plus discutée,plus combattue, plus contredite qu'Humanae Vitae (1968).
Venue tardivement après une période d'hésitation et de faussesmanoeuvres, ce document a peu convaincu, au moins en Occident.
Le pontificat de Paul VI aura cependant marqué un changement décisif dans le style de la papauté.
Le pape a parcouru lemonde.
Il est descendu de son piédestal, se livrant parfois, comme à Jérusalem, aux remous de la foule.
Pas plus que sonprédécesseur, Paul VI n'a pontifié.
HENRI FESQUET Le Monde du 8 août 1978.
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