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Article de presse: Moscou-Pékin, vers le schisme

Publié le 17/01/2022

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21 avril 1960 - Pékin et Moscou ont longtemps caché leur désunion. Plus d'une querelle a dû demeurer ignorée, d'autres sont connues, mais sans détail (sur l'armement atomique de la Chine, par exemple), enfin plusieurs épisodes n'ont été appris en Occident qu'avec retard. Même réduite à une sèche chronologie d'événements généralement connus, l'histoire des relations russo-chinoises fait apparaître les différends entre les deux capitales dans une large perspective et elle en révèle la profondeur. Février 1956 : au XXe congrès du PC de l'URSS, N. Khrouchtchev désavoue Staline. Après cinq semaines de silence, Pékin refuse de condamner Staline en bloc et distingue ses erreurs de ses mérites. (Texte du Quotidien du peuple sur l'expérience historique du prolétariat, 5 avril.) Automne 1956 : troubles de Pologne et d'Allemagne orientale, émeutes de Hongrie. Flottements dans l'attitude chinoise, notamment sur la Pologne, que Pékin soutient en partie contre Moscou. Puis ralliement à la manière forte pour la Hongrie, non sans des critiques à l'URSS (texte du 29 décembre, même journal, même titre). Printemps-été 1957 : signes d'un refroidissement. L'époque des Cent Fleurs multiplie les critiques ouvertes contre l'URSS, que la presse chinoise reproduit. Froideur de Pékin envers la liquidation de Molotov-Malenkov (4 juillet). Durcissement intérieur en Chine et chasse aux droitistes. Novembre 1957 : quarantième anniversaire de la révolution russe. Mao visite Moscou, accueilli avec tous les honneurs de l'ancienneté. Il signe la première déclaration de Moscou (des douze partis communistes), mais fait certaines critiques à l'URSS au cours des débats. Printemps 1958 : durcissement intérieur et extérieur de la Chine; Chen Yi, nouveau ministre des affaires étrangères (11 février); réactions violentes contre le nouveau programme yougoslave et premières dénonciations du révisionnisme moderne (avril); rupture des relations avec le Japon; lancement du Grand Bond en avant (mai), et bientôt des communes populaires (juillet). Juillet : la crise du Moyen-Orient fait naître le projet d'une conférence " au sommet " au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Vive opposition de Pékin. Khrouchtchev, au contraire, accepte (23 juillet), enregistre une protestation chinoise, et s'envole par surprise pour la Chine, où il va s'expliquer avec Mao Zedong. Août : M. " K " à Pékin bat en retraite, renonce pour le moment " au sommet ", cédant à Mao. Celui-ci déclenche fin août-début septembre, une attaque contre Quemoy sur le détroit de Formose. Moscou conseille la prudence, mais avertit Washington qu'une attaque sur la Chine serait une attaque contre l'URSS (7 septembre). Moscou, en revanche, cache mal une vive hostilité contre les communes chinoises et les hérésies doctrinales dont elles s'accompagnent. Le comité central chinois réuni à Wuhan (9 décembre) freine et rectifie le mouvement. En relation semble-t-il avec cette crise, Mao Zedong abandonne la présidence de la République, où Liu Shaoqi le remplacera quatre mois après. Février 1959 : XXIe congrès du PC soviétique, Zhou Enlai à Moscou, détente passagère, nouveau " train " d'aide russe à la Chine. Août : le comité central chinois réuni à Lushan fait un nouveau recul sur les communes, " rectifie " les statistiques erronées du Bond en avant, et limoge le maréchal Pen Teh-huai, chef de l'armée, qui s'est montré pro-russe et hostile aux communes. Eté-automne : la répression chinoise au Tibet, le début de la crise sino-indienne, les troubles au Laos, montrent Moscou irrité contre Pékin. L'agence Tass blâme Pékin pour la crise indienne, appuie l'Inde (9 septembre), à la grande fureur des Chinois, comme ils l'avoueront plus tard. La rencontre des deux " K " à Camp David (Etats-Unis) fait rebondir la querelle (fin septembre). Khrouchtchev vole à Pékin de nouveau pour plaider la détente russo-américaine. " Le moment n'est pas venu, déclare-t-il, d'éprouver par la force la solidité du régime capitaliste ". Mal reçu : aucun communiqué après ses entretiens avec Mao, l'opposition chinoise paraît continuer contre la détente Etats-Unis-URSS. Zhou Enlai annonce ensuite que la Chine ne reconnaîtra aucun accord international discuté en son absence. 1er décembre : VIIe congrès du PC hongrois, M. " K " condamne les " leaders arrogants " qui existent dans le camp socialiste. 1er janvier 1960 : le Quotidien du peuple critique sévèrement le plan de la conférence " au sommet " et la politique de détente, qui est au coeur du différend. Chen Yi répète l'avertissement précédent de Zhou Enlai (21 janvier). Semaine anti-américaine en Chine (février). Mme Sung dénonce Eisenhower dans la Pravda. Absence de la Chine à la conférence agricole de Moscou (début février). Février : tournée de M. " K " en Inde, où l'ont précédé Vorochilov et Kozlov, et en Indonésie, alors en brouille avec la Chine. But du voyage: réparer les dégâts causés par la politique chinoise. M. " K " suggère la participation de la Chine à une phase ultérieure du " sommet ", mais avec d'autres Asiatiques, dont l'Inde. Silence de la presse chinoise sur le voyage cependant Zhou Enlai, tout de même assoupli, accepte d'aller discuter à New-Delhi. 21 avril : textes de doctrine dans le Drapeau rouge à Pékin ( " vive le léninisme " ) à l'occasion du quatre-vingt-dixième anniversaire de la naissance de Lénine. Pour la première fois les profonds désaccords sur la doctrine et la ligne dure de la Chine sont étalés au grand jour. C'est le moment des grands efforts des deux " K " pour la détente, mais l'opposition chinoise pèse de plus en plus lourd. 6 mai : l'avion américain U-2 est abattu par les Russes. A Paris le " sommet " s'effondre (16 mai). Nous avions raison, dit la presse chinoise. La Pravda réplique en dénonçant les " extrémistes de gauche " du mouvement international (12 juin). Pékin voit le succès de ses vues dans les révolutions turque et sud-coréenne, et les émeutes anti-américaines de juin à Tokyo. Juin : le XXIe congrès de la Fédération syndicale mondiale à Pékin est pris par les Chinois comme tribune pour leurs thèses, suscitant des discussions passionnées à huis clos. Les Chinois sont accusés de vouloir la guerre, d'empêcher le désarmement. A Moscou la revue de l'amitié sino-soviétique Droujba cesse de paraître. 24 juin : Khrouchtchev choisit l'occasion du IIIe congrès du PC roumain à Bucarest pour dénoncer la Chine, toujours à huis clos, et l'isoler par une vigoureuse mise en accusation. Peng Cheng ne cède pas et n'est soutenu que par les Albanais. La Chine au même moment est en pleine crise des communes, du Bond, du ravitaillement. Fin juillet, août : Moscou rappelle les experts soviétiques en Chine. Pékin accusera Moscou d'avoir en même temps déchiré tous ses contrats d'assistance. Automne : le discours de M. " K " à Bucarest, dénonçant les hérésies chinoises, circule dans les partis communistes d'Occident. Le monde découvre l'ampleur de la querelle. Washington, longtemps très prudent, admet maintenant le fait comme une donnée politique majeure. Novembre : conférence des quatre-vingt-un partis communistes à Moscou. Nouvel isolement des Chinois. Deng Xiaoping attaque de façon violente-on apprendra cela plus tard-les thèses russes et les partis communistes d'Occident, et se bat pour modifier certains passages, dans le sens chinois, de la " deuxième déclaration de Moscou ". Il ne signe celle-ci que pour ménager un semblant d'unité et en protestant. Janvier 1961 : dans la crise laotienne aggravée, la Russie manoeuvre nettement pour se mettre en travers de la Chine, laquelle est finalement satisfaite de l'ouverture de la conférence de Genève sur le Laos (printemps-été), les Etats-Unis ayant accepté la neutralisation du pays. Amélioration passagère entre Pékin et Moscou. Cheng Yi, au quarantième anniversaire du PC chinois : " Il n'y a pas plus de fissure entre nous que sur un oeuf de cane. " 17-31 octobre : au XXIIe congrès du PC soviétique à Moscou, la bataille reprend de plus belle : Khrouchtchev attaque soudain l'Albanie et par ce biais la Chine. Protestation de M. Zhou Enlai, qui quitte le congrès peu avant la fin, après avoir salué la momie de Staline... que M. " K " déménagera peu après. Enver Hodja, leader de l'Albanie, réplique par une attaque violente contre Khrouchtchev, que le Quotidien du peuple reproduit; diatribes Tirana-Moscou-Pékin, aide chinoise à l'Albanie (décembre). Au congrès de la paix à Stockholm, attaque chinoise contre les thèses russes du désarmement et de la paix. Hiver-printemps 1962: la bataille se poursuit au Caire (conférence afro-asiatique des écrivains, janvier), à Moscou au comité central soviétique (5 mars) et à la réunion du Comecon (6 juin), d'où la Chine est absente. En été Chen Yi, à trois reprises, demande la non-interférence d'un pays socialiste dans les affaires d'un autre. Fermeture des consulats russes à Shanghai, Karbine, Dairen. Septembre: colère chinoise à la visite de Brejnev en Yougoslavie. La dixième session du comité central chinois (24 septembre) dénonce les menées subversives révisionnistes " dans notre parti et notre Etat ", fustige le chauvinisme de grande puissance, affirme le droit de la Chine à une politique indépendante. Octobre : les opérations contre l'Inde dans l'Himalaya (commencées le 20) et plus encore la crise de Cuba (commencée le 23) portent le conflit à son comble. Le procès de la " capitulation " de M. " K " sera commencé par le Quotidien du Peuple et le Drapeau rouge au milieu de novembre. Le Drapeau rouge évoque un schisme possible. Novembre : l'anniversaire de la révolution, les congrès successifs des partis bulgare, hongrois, italien (3 décembre), tchèque (8 décembre) sont autant d'accrochages entre Chinois et Russes qui y assistent, et servent à Moscou pour rallier ses fidèles. Entre-temps, la Chine a fait la démonstration de la manière forte qu'elle préconise en bousculant l'armée indienne (16-21 novembre) avant de retirer volontairement ses troupes. La Russie promet des avions à l'Inde. 12 décembre : devant le Soviet suprême de l'URSS, Khrouchtchev prononce son discours le plus violent contre la Chine, soutient la Yougoslavie, défend son action à Cuba. Le Quotidien du peuple réplique le 14 en accusant M. " K " d'aventurisme et de capitulationnisme, et de nouveau le 31 décembre dans un grand exposé de doctrine. ROBERT GUILLAIN Le Monde du 5 juillet 1963

« (début février). Février : tournée de M.

" K " en Inde, où l'ont précédé Vorochilov et Kozlov, et en Indonésie, alors en brouille avec la Chine.But du voyage: réparer les dégâts causés par la politique chinoise.

M.

" K " suggère la participation de la Chine à une phaseultérieure du " sommet ", mais avec d'autres Asiatiques, dont l'Inde.

Silence de la presse chinoise sur le voyage cependant ZhouEnlai, tout de même assoupli, accepte d'aller discuter à New-Delhi. 21 avril : textes de doctrine dans le Drapeau rouge à Pékin ( " vive le léninisme " ) à l'occasion du quatre-vingt-dixièmeanniversaire de la naissance de Lénine.

Pour la première fois les profonds désaccords sur la doctrine et la ligne dure de la Chinesont étalés au grand jour. C'est le moment des grands efforts des deux " K " pour la détente, mais l'opposition chinoise pèse de plus en plus lourd. 6 mai : l'avion américain U-2 est abattu par les Russes.

A Paris le " sommet " s'effondre (16 mai).

Nous avions raison, dit lapresse chinoise.

La Pravda réplique en dénonçant les " extrémistes de gauche " du mouvement international (12 juin).

Pékin voitle succès de ses vues dans les révolutions turque et sud-coréenne, et les émeutes anti-américaines de juin à Tokyo. Juin : le XXI e congrès de la Fédération syndicale mondiale à Pékin est pris par les Chinois comme tribune pour leurs thèses, suscitant des discussions passionnées à huis clos.

Les Chinois sont accusés de vouloir la guerre, d'empêcher le désarmement.

AMoscou la revue de l'amitié sino-soviétique Droujba cesse de paraître. 24 juin : Khrouchtchev choisit l'occasion du III e congrès du PC roumain à Bucarest pour dénoncer la Chine, toujours à huis clos, et l'isoler par une vigoureuse mise en accusation.

Peng Cheng ne cède pas et n'est soutenu que par les Albanais.

La Chineau même moment est en pleine crise des communes, du Bond, du ravitaillement. Fin juillet, août : Moscou rappelle les experts soviétiques en Chine. Pékin accusera Moscou d'avoir en même temps déchiré tous ses contrats d'assistance. Automne : le discours de M.

" K " à Bucarest, dénonçant les hérésies chinoises, circule dans les partis communistes d'Occident.Le monde découvre l'ampleur de la querelle.

Washington, longtemps très prudent, admet maintenant le fait comme une donnéepolitique majeure. Novembre : conférence des quatre-vingt-un partis communistes à Moscou.

Nouvel isolement des Chinois.

Deng Xiaopingattaque de façon violente-on apprendra cela plus tard-les thèses russes et les partis communistes d'Occident, et se bat pourmodifier certains passages, dans le sens chinois, de la " deuxième déclaration de Moscou ".

Il ne signe celle-ci que pour ménagerun semblant d'unité et en protestant. Janvier 1961 : dans la crise laotienne aggravée, la Russie manoeuvre nettement pour se mettre en travers de la Chine, laquelleest finalement satisfaite de l'ouverture de la conférence de Genève sur le Laos (printemps-été), les Etats-Unis ayant accepté laneutralisation du pays.

Amélioration passagère entre Pékin et Moscou.

Cheng Yi, au quarantième anniversaire du PC chinois : " Iln'y a pas plus de fissure entre nous que sur un oeuf de cane.

" 17-31 octobre : au XXII e congrès du PC soviétique à Moscou, la bataille reprend de plus belle : Khrouchtchev attaque soudain l'Albanie et par ce biais la Chine.

Protestation de M.

Zhou Enlai,qui quitte le congrès peu avant la fin, après avoir salué la momie de Staline...

que M.

" K " déménagera peu après.

Enver Hodja,leader de l'Albanie, réplique par une attaque violente contre Khrouchtchev, que le Quotidien du peuple reproduit; diatribesTirana-Moscou-Pékin, aide chinoise à l'Albanie (décembre).

Au congrès de la paix à Stockholm, attaque chinoise contre lesthèses russes du désarmement et de la paix. Hiver-printemps 1962: la bataille se poursuit au Caire (conférence afro-asiatique des écrivains, janvier), à Moscou au comitécentral soviétique (5 mars) et à la réunion du Comecon (6 juin), d'où la Chine est absente.

En été Chen Yi, à trois reprises,demande la non-interférence d'un pays socialiste dans les affaires d'un autre. Fermeture des consulats russes à Shanghai, Karbine, Dairen. Septembre: colère chinoise à la visite de Brejnev en Yougoslavie.

La dixième session du comité central chinois (24 septembre)dénonce les menées subversives révisionnistes " dans notre parti et notre Etat ", fustige le chauvinisme de grande puissance,affirme le droit de la Chine à une politique indépendante. Octobre : les opérations contre l'Inde dans l'Himalaya (commencées le 20) et plus encore la crise de Cuba (commencée le 23). »

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