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Article de presse: Montgomery, le vainqueur d'El Alamein

Publié le 17/01/2022

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23-30 octobre 1942 - Bernard Law Montgomery était un homme étrange, tout en " méplats ", en angles aigus. On n'oubliait pas ce long nez pointu, ce terrible regard bleu d'acier, d'une dureté inhumaine, qui faisait bafouiller les généraux et se raidir un peu plus le garde-à-vous rigide des soldats. Né en 1887, il fit ses études à l'école Saint-Paul, avant d'entrer au collège militaire de Sandhurst. Ainsi débuta une carrière qui promettait d'être celle d'un officier connu seulement pour la raideur de son échine et sa froide excentricité. La guerre de 1914-1918, qu'il fit comme officier de troupes, lui valut deux blessures. Guéri, Montgomery est envoyé en Irlande à la tête d'une brigade et lutte contre les sinn-feiners. L'armée subit des coupes sévères : la guerre est finie. De colonel, il redevient capitaine il lui faudra seize ans pour retrouver son ancien grade. Seize ans où il luttera comme élève, puis comme instructeur dans les écoles d'officiers, contre les principes sacro-saints du dernier conflit. Monty a longtemps souffert des préjugés de l'armée de métier britannique, où l'efficacité et l'intelligence cédaient trop souvent le pas à l'élégance et à un " amateurisme " affiché. Il prêche l'entraînement physique et le sens de l'initiative. En 1930, le lieutenant-colonel Montgomery est envoyé en Palestine, et, l'année suivante, en Egypte, en garnison à Alexandrie. Manoeuvres dans le désert et complications disciplinaires : les initiatives du colonel heurtaient trop souvent les conceptions officielles. Mais il obtint de l'avancement et partit comme instructeur aux Indes, à Quetta. Il en revint général, pour s'installer à Portsmouth. La 9e brigade, qu'il commande, est envoyée en Palestine. Il réprimera avec son énergie coutumière les incidents judéo-arabes. Un congé de maladie le ramène, en 1939, en Grande-Bretagne, où il obtient le commandement de la 3e division, la " division de fer ". A sa tête, le 10 mai 1940, il entre en Belgique, puis rembarque à Dunkerque. On lui confie cette fois un corps d'armée, le 5e, chargé de défendre les côtes sud de l'Angleterre. Le terrible petit homme se déchaîne. Il refuse de creuser des tranchées : l'ennemi doit être écrasé par une " défense élastique ". Au mois d'août 1942, Montgomery remplace le général Gott, mort accidentellement. Il commande désormais la VIIIe armée, qui, affaiblie, attend l'assaut de Rommel sur les positions d'El Alamein. Le commandement du théâtre d'opérations est confié au général Alexander, qu'il connaît et qui l'apprécie. Montgomery obtient tout d'abord de son chef la promesse de deux divisions de renfort. " Il n'y aura pas de retraite. C'est sur place que nous combattrons. " Le général installa son quartier général dans deux roulottes, non loin de celui de la RAF la coordination air-terre, qui avait trop souvent dégénéré en querelles de clocher, serait ainsi effective. De cette armée accroupie derrière sa dernière muraille, Monty, à coup d'ordres brefs et impératifs, refit une machine efficace. Du Caire, le général Alexander soutenait ses initiatives, organisait les arrières. Surtout, le soldat reprit confiance en ses forces. Lorsque, le 31 août, Rommel attaqua, quelques semaines avaient suffi pour galvaniser les troupes anglaises et celles du Commonwealth. Monty avait, longtemps avant l'assaut ennemi, décidé d'obliger Rommel à emprunter le " corridor " d'Halfa et d'y étrangler son offensive. De fait, le grand tacticien allemand, après six jours d'efforts redoublés, se vit aspiré dans le goulet entre la dépression de Qattara et la colline d'Alam-Halfa. Attaqué sur ses deux flancs, bombardé par l'aviation et l'artillerie, Rommel dut se replier il avait perdu trois cents tanks. Il chercha certes à attirer son adversaire hors de ses positions, mais Montgomery, prudent, n'engagea pas ses forces de réserve : deux divisions cuirassées et une australienne. L'heure, estimait-il, n'était pas encore venue. Le 23 octobre 1942, à 21 h 40, le plus formidable barrage d'artillerie réalisé au cours de la campagne s'abattait sur les positions allemandes et italiennes. Vingt minutes plus tard, quatre divisions britanniques partaient pour le premier assaut. Bien entraîné, chacun des hommes qui les composaient savait exactement ce qu'il avait à faire et connaissait dans leurs grandes lignes les intentions du généralissime. Le soldat, estimait celui-ci, doit savoir pourquoi il se bat. L'effort porta sur le nord, mais deux diversions, au centre et au sud, empêchèrent les allemands de discerner où porterait l'attaque principale. Le 26 octobre, il était trop tard, le saillant était créé, et la contre-attaque de blindés que Rommel lança le lendemain avec deux divisions ramenées du sud fut écrasée par la RAF. Montgomery, cependant, ne réussit à percer que le 30 octobre. La bataille dura deux jours encore avant que Rommel ne donne l'ordre de la retraite. La poursuite commença. Rommel réussit à plusieurs reprises à s'échapper, non sans laisser derrière lui de nombreuses carcasses de véhicules incendiés par l'aviation alliée. Montgomery est prudent, trop prudent même, devait écrire le plus célèbre des généraux allemands. Il est certain que " l'homme au béret " a toujours brillé dans les batailles soigneusement, minutieusement préparées. La victoire d'El Alamein en fit le héros de l'Angleterre. Il n'eut pas l'air d'en souffrir outre mesure. Il avait toujours eu conscience de sa valeur. Après la victoire, l'ordre du jour triomphal de Benghazi commençait ainsi : " Je vous avais bien dit que, tous ensemble nous porterions un coup mortel aux Allemands et aux Italiens. " et poursuivait avec une apparente modestie : " Je sais que notre grande victoire est due à la valeur combative des soldats de l'Empire plus qu'à tout ce que j'ai pu faire personnellement. " La guerre de coalition Les restes de l'Afrika Korps et les unités italiennes, en une cavalcade effrénée, s'enfuirent jusque derrière la ligne Mareth. Pour Montgomery commençait une période féconde en difficultés : la guerre de coalition. La collaboration avec des alliés, qui exige souplesse et diplomatie, n'alla pas sans heurts. Lorsque, par une attaque brillante quoique difficile, la ligne Mareth se trouva débordée, la VIIIe armée fonça vers Sfax. " Je vous donnerai une forteresse volante si vous y parvenez à la date fixée ", avait dit Eisenhower en riant. Il lui fallut s'exécuter : Monty, arrivé à l'heure, réclama son dû. Sicile, Italie. La VIIIe armée progresse le long de la Botte, suivant lentement la côte est. Le 1er janvier 1944, à Marrakech, Churchill appelle le plus prestigieux de ses chefs militaires et lui confie la plus lourde des responsabilités : le commandement, sous les ordres d'Eisenhower, des troupes du futur débarquement, " Overlord ", A peine arrivé à Londres, Monty, avec une joyeuse férocité, met en pièces une partie des plans longuement étudiés par de consciencieux officiers d'état-major et met son équipe au travail : le front prévu est, estime-t-il, trop étroit. Lorsque, à l'aube du 6 juin, les premières troupes débarquement sur la côte normande, le plan de la bataille a été prévu minute par minute pour le jour J, et jour par jour, jusqu'à J + 90. On se trouverait alors, selon Montgomery, sur la Seine et sur la Loire. Ses plans, toujours prudents, se trouvèrent heureusement dépassés. Lorsque Bradley eut percé à La Haye-du-Puits, dans la Manche, et lancé Patton le cavalier à travers la France, Montgomery put enfin se mettre en marche. Il lui fallait refermer, en descendant vers Falaise, la tenaille dont la branche sud était formée par les Américains remontés du Mans vers Alençon et Argentan. Il y parvint, trop lentement au gré de Bradley. Lançant ensuite ses parachutistes sur le sud de la Hollande, il essuya à Arnhem un sanglant échec. L'orage le plus grave se produisit lorsque von Rundstedt eut percé dans les Ardennes. Bradley prit des mesures immédiates mais, après quelques jours, dut laisser le commandement du flanc nord de la poche à son collègue anglais. Monty, avec sa lente précision habituelle, fit reculer les uns, avancer les autres, pour aligner minutieusement ses troupes en vue de la contre-attaque. Lorsque celle-ci eut abouti, il déclara dans une conférence de presse qu'il avait sauvé la situation. Bradley ne le lui pardonna jamais. A travers la Hollande et le nord de l'Allemagne, Montgomery mena en 1945 l'offensive finale. Bernard Law Montgomery, vicomte d'Alamein et pair du Royaume-Uni, devint, en 1946, chef d'état-major impérial. Fidèle à ses principes de " mise en forme " physique et morale du soldat, il s'efforça de rendre la vie de celui-ci plus agréable, plus humaine. En 1948, le maréchal fut désigné à la présidence du comité des commandants en chef de l'Union occidentale. Lorsque le Shape prit naissance, le maréchal se retrouva aux côtés d'Eisenhower. Il conserva ce poste d'adjoint auprès du général Ridgway. En septembre 1958, il prend sa retraite. Mais c'est pour préparer la paix à sa manière. En 1959, il rend visite à un Khrouchtchev un peu éberlué qui, paraît-il, tombe d'accord avec lui. Favorable aux vues du général de Gaulle sur la détente et l'organisation de l'alliance occidentale, il surprend ses compatriotes par les éloges dithyrambiques qu'il décerne au président de la République française. Il meurt le 24 mars 1976. Comme Churchill, il avait acquis le droit, hautement respecté outre-Manche, d'être parfois insupportable. JEAN PLANCHAIS Le Monde du 25 mars 1976

« l'attaque principale. Le 26 octobre, il était trop tard, le saillant était créé, et la contre-attaque de blindés que Rommel lança le lendemain avec deuxdivisions ramenées du sud fut écrasée par la RAF. Montgomery, cependant, ne réussit à percer que le 30 octobre. La bataille dura deux jours encore avant que Rommel ne donne l'ordre de la retraite. La poursuite commença.

Rommel réussit à plusieurs reprises à s'échapper, non sans laisser derrière lui de nombreusescarcasses de véhicules incendiés par l'aviation alliée. Montgomery est prudent, trop prudent même, devait écrire le plus célèbre des généraux allemands.

Il est certain que " l'hommeau béret " a toujours brillé dans les batailles soigneusement, minutieusement préparées. La victoire d'El Alamein en fit le héros de l'Angleterre. Il n'eut pas l'air d'en souffrir outre mesure.

Il avait toujours eu conscience de sa valeur.

Après la victoire, l'ordre du jour triomphalde Benghazi commençait ainsi : " Je vous avais bien dit que, tous ensemble nous porterions un coup mortel aux Allemands et auxItaliens.

" et poursuivait avec une apparente modestie : " Je sais que notre grande victoire est due à la valeur combative dessoldats de l'Empire plus qu'à tout ce que j'ai pu faire personnellement.

" La guerre de coalition Les restes de l'Afrika Korps et les unités italiennes, en une cavalcade effrénée, s'enfuirent jusque derrière la ligne Mareth. Pour Montgomery commençait une période féconde en difficultés : la guerre de coalition.

La collaboration avec des alliés, quiexige souplesse et diplomatie, n'alla pas sans heurts. Lorsque, par une attaque brillante quoique difficile, la ligne Mareth se trouva débordée, la VIII e armée fonça vers Sfax.

" Je vous donnerai une forteresse volante si vous y parvenez à la date fixée ", avait dit Eisenhower en riant.

Il lui fallut s'exécuter :Monty, arrivé à l'heure, réclama son dû. Sicile, Italie.

La VIII e armée progresse le long de la Botte, suivant lentement la côte est. Le 1 er janvier 1944, à Marrakech, Churchill appelle le plus prestigieux de ses chefs militaires et lui confie la plus lourde des responsabilités : le commandement, sous les ordres d'Eisenhower, des troupes du futur débarquement, " Overlord ", A peinearrivé à Londres, Monty, avec une joyeuse férocité, met en pièces une partie des plans longuement étudiés par de consciencieuxofficiers d'état-major et met son équipe au travail : le front prévu est, estime-t-il, trop étroit. Lorsque, à l'aube du 6 juin, les premières troupes débarquement sur la côte normande, le plan de la bataille a été prévu minutepar minute pour le jour J, et jour par jour, jusqu'à J + 90.

On se trouverait alors, selon Montgomery, sur la Seine et sur la Loire.Ses plans, toujours prudents, se trouvèrent heureusement dépassés. Lorsque Bradley eut percé à La Haye-du-Puits, dans la Manche, et lancé Patton le cavalier à travers la France, Montgomeryput enfin se mettre en marche.

Il lui fallait refermer, en descendant vers Falaise, la tenaille dont la branche sud était formée par lesAméricains remontés du Mans vers Alençon et Argentan. Il y parvint, trop lentement au gré de Bradley.

Lançant ensuite ses parachutistes sur le sud de la Hollande, il essuya à Arnhemun sanglant échec. L'orage le plus grave se produisit lorsque von Rundstedt eut percé dans les Ardennes.

Bradley prit des mesures immédiatesmais, après quelques jours, dut laisser le commandement du flanc nord de la poche à son collègue anglais. Monty, avec sa lente précision habituelle, fit reculer les uns, avancer les autres, pour aligner minutieusement ses troupes en vuede la contre-attaque.

Lorsque celle-ci eut abouti, il déclara dans une conférence de presse qu'il avait sauvé la situation.

Bradleyne le lui pardonna jamais. A travers la Hollande et le nord de l'Allemagne, Montgomery mena en 1945 l'offensive finale.

Bernard Law Montgomery,vicomte d'Alamein et pair du Royaume-Uni, devint, en 1946, chef d'état-major impérial.

Fidèle à ses principes de " mise enforme " physique et morale du soldat, il s'efforça de rendre la vie de celui-ci plus agréable, plus humaine.. »

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