ARTICLE DE PRESSE: Monsieur le président !
Publié le 17/01/2022
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C'est en 1967 que commence la vraie vie politique.
Au député nouvellement élu, Georges Pompidou dit, un matin d'avril, surles marches de l'hôtel Matignon, avant d'annoncer la composition de son gouvernement : " Chirac, je vous ai réservé unstrapontin, mais ne vous prenez surtout pas pour un ministre.
" Jacques Chirac sera secrétaire d'Etat aux affaires sociales, chargéde l'emploi.
Au bon moment, puisque mai 1968 approche.
Il y jouera un rôle modeste, avec ce qu'il faut de romantisme.
Pendantla grève générale, il est chargé de porter secrètement aux syndicats les messages du premier ministre, et retour.
Un pistolet deprécaution dissimulé sous la veste Georges Pompidou craignait qu'on ne lui escamote un secrétaire d'Etat , il rencontre ainsi HenriKrazucki dans un petit appartement, près de la place Pigalle à Paris, afin d'obtenir un accord sur l'ouverture des négociations deGrenelle.
Il ne lui faudra que sept ans pour devenir, en 1974, premier ministre, le plus jeune, à quarante et un ans, depuis Félix Gaillarden 1957.
Il avait continué ses classes sous la présidence de Georges Pompidou, élu en 1969, comme ministre chargé des(mauvaises) relations avec le Parlement un échec , ministre de l'agriculture un succès populaire, ministre très politique de l'intérieuren mars 1974, un mois avant la mort du président.
Ce mois-là, il assurait : " Aucun homme politique, aucun journaliste ne seraespionné par mes services.
Je ne suis pas un voyeur.
" Ce fut court, il n'a pas été démenti.
A l'époque, on disait de lui qu'il était plus pompidolien que gaulliste et plus ambitieux que pompidolien.
Deux proches deGeorges Pompidou, deux éminences, Marie-France Garaud et Pierre Juillet, s'occupaient de sa carrière, manipulaient leurprotégé pour en faire un instrument de contrôle du premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, et de sa " nouvelle société " quihérissait les sourcils du président.
Georges Pompidou décédé, le 2 avril 1974, le contrôleur deviendra guerrier et prendra lerisque de briser le mouvement gaulliste en choisissant de manoeuvrer en faveur du candidat Valéry Giscard d'Estaing contre lecandidat Chaban-Delmas.
Manoeuvre réussie.
Elu, Valéry Giscard d'Estaing honora sa dette.
De cette époque et de ce qui va suivre date un personnagede caricature dont Jacques Chirac n'a commencé à se défaire que récemment.
Traître, puisqu'il avait roulé Jacques Chaban-Delmas.
Terreur pour son propre camp et pour celui-là seulement, puisqu'il a fait battre Chaban, combattu Raymond Barre,premier ministre de 1976 à 1981, contribué à l'échec de Giscard en 1981.
Perdant sans gloire, au premier tour de laprésidentielle de 1981 et au second en 1988, condamné à la défaite à perpétuité.
Homme de " coups " politiques et de rapines,sans convictions, sans foi ni loi : Matignon en 1974, quitté deux ans plus tard en claquant la porte UDR dérobée à l'estomac,avec la complicité de Charles Pasqua, en décembre 1974, aux barons héritiers du gaullisme mairie de Paris en 1977 arrachéeaux prétentions giscardiennes campagne européenne antieuropéenne de 1979 contre " le parti de l'étranger ", " oui " à Maastrichten 1992 " travaillisme à la française " lors de la création du RPR en 1976, ultralibéralisme balladurien à Matignon en 1986 puisretour à une tonalité sociale lors de sa dernière campagne présidentielle.
IL en rajoutait, à la louche, se faisait passer pour un primate, prétendait ne lire que des romans policiers et n'aimer que latrompette de cavalerie, mesurait son activité politique aux kilomètres parcourus, canettes de bière et têtes de veau englouties.Tout cela forçait l'admiration, dans un premier temps, puis finissait par lasser.
S'installait un personnage inconstant, cynique,activiste, velléitaire, agité, dit " Fend-la-bise ", " Château-Chirac ", voire " Facho-Chirac ".
Pierre Charpy, qui fut l'éditorialistepamphlétaire de La Lettre de la Nation et qui l'aimait beaucoup, disait de lui à la fin des années soixante-dix : " Il parcourt leterrain à toute vitesse, mais il oublie la balle.
"
François Mitterrand, observateur cruel de ses contemporains et concurrents, avait pressenti que cet acteur à masques étaitautre que ce qu'il paraissait ou cherchait à paraître.
" Peut-être cet homme lisse dont le regard s'isole quelquefois va-t-il sortir durôle où il enferme sa carrière, peut-être va-t-il prendre une autre mesure de ce qu'il est, de ce qu'il peut ", écrivait-il en 1976.
Etpuisque le combat politique a ses lois, il regretta aussitôt cette complaisance et ajouta : " Non, ce professionnel du mot nu, qu'uneimage écorcherait, ce rhéteur du complément direct qui n'a jamais poussé ses études jusqu'au conditionnel n'est à l'aise que dansla simplicité des fausses évidences.
"
Ce parcours parfois chaotique n'est pas le fruit du hasard.
Il correspond à une nécessité, sinon une stratégie, de survie.
Il fallaitqu'en 1974 il mette la main sur l'UDR, qui ne voulait pas de lui, pour résister à Valéry Giscard d'Estaing et assurer la pérennité dumouvement gaulliste menacé de giscardisation.
Sa démission de Matignon, en août 1976 un cas unique dans l'histoire de la V e
République , la création du RPR en décembre de la même année, répondent au même souci.
Sa candidature à la mairie de Paris en 1977, face à Michel d'Ornano, défi au président de la République, aussi : il s'agissait defaire obstacle à Michel Poniatowski, ministre giscardien de l'intérieur, qui voulait " dératiser " la capitale, c'est-à-dire en chasserles néogaullistes.
De même pour sa désastreuse campagne antieuropéenne de 1979 et son accommodement, selon le conseil d'Edouard.
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