Article de presse: Liu Shaoqi, un fidèle de Moscou
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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membres du secrétariat du comité central : le voilà entré vraiment dans le cercle intérieur du régime.
Cependant, homme d'actionautant qu'homme de réflexion, il combat dans les rangs de la résistance antijaponaise...
et anti-Tchiang Kaï-Chek, commecommissaire politique de la IV e armée (communiste) aux côtés du général Chen Yi.
1945 : le cauchemar de la guerre s'achève en Asie, la capitulation japonaise est toute proche.
En juin le parti réunit sonseptième congrès, et pour se préparer à la conquête du pouvoir il se donne une nouvelle Constitution.
Liu joue un rôle importantdans son élaboration et la présente au congrès.
L'organisation interne du parti, le maintien de la discipline draconienne et lesméthodes d'endoctrinement, voilà décidément son terrain préféré.
Le régime de Tchiang Kaï-Chek met trois ans à se décomposer, un an encore à s'écrouler.
Les communistes s'installent à Pékinen janvier 1949, et la République populaire de Chine naît en octobre.
Liu, depuis 1945, est le premier membre du bureaupolitique du comité central après Mao, avant Zhou Enlai et Zhu De.
Ce qui apparaît assez clairement, c'est, d'une part, que son activité est omniprésente : il touche à toutes les questionsimportantes.
Et c'est, d'autre part, que jamais il ne prête au moindre soupçon de vouloir prendre la première place : sa fidélité àMao paraît sans ombre et sans accroc.
Au sortir de la guerre de Corée, le régime se donne en 1954 des institutions stables.
Liu est un des principaux auteurs de lanouvelle Constitution, et c'est lui qui dans un long rapport l'explique et la présente au peuple.
L'un des premiers aussi il parle dupremier plan de cinq ans : il se montre plus à l'aise pour parler de l'industrialisation que de l'agriculture.
Mao annonce de son côté le lancement des kolkhozes et la socialisation des campagnes.
Hormis cela, Mao parle peu.
Lesrapports de Liu, au contraire, sont multiples.
C'est lui qui annonce le grand tournant du " passage au socialisme ", où bourgeoiscapitalistes et intellectuels sont remis dans le " moule " du marxisme et du parti.
Staline est mort, mais à Pékin, à la différence deMoscou, on ne s'avance que prudemment sur la voie de la déstalinisation.
Pourtant, après la rébellion hongroise, Mao décide de " lâcher de la vapeur ", et une expérience libérale s'instaure sous leslogan des Cent Fleurs.
Pour la première fois on a l'impression que Liu, le dur, est en désaccord avec Mao, le souple.
Tandis queMao, dans un rapport fameux qui rompt soudain son silence, parle longuement des " contradictions " du régime.
Liu au contrairedevient tout à coup silencieux et, pendant toute la durée de l'expérience, se tait.
L'expérience tourne mal, une explosion de mécontentement et d'accusations atteint le parti.
Celui-ci décide une reprise en maindraconienne de ses membres et du pays, et Liu est un des plus ardents à lancer dans la Chine entière une formidable campagnede rectification et d'autocritique.
Décidément c'est la main de fer qui l'emporte sur le gant de velours, et la " re-stalinisation " qui s'instaure paraît biencorrespondre aux idées de Liu.
Son influence dans la machine du parti paraît s'être accrue dans cette période orageuse.
ZhouEnlai s'est vu privé du portefeuille des affaires étrangères au début de 1958 : on le disait en désaccord avec Liu, et son rival enpuissance.
Qui le remplace ? Le maréchal Chen Yi, qu'on sait en très bons termes avec Liu, son ancien commissaire politique.Qui fait au congrès du parti le rapport sur la rectification ? C'est Deng Xiaoping, homme nouveau du parti, qu'on dit " poulain " deLiu.
Le " grand bond " en avant
Le grand document de doctrine de l'année 1958 est au même congrès, en juin, le rapport de Liu Shaoqi fait au nom du comitécentral.
Il élabore les principes du grand " bond en avant " de l'industrie et de l'agriculture.
La Chine accélère furieusement saproduction.
Bien mieux, elle accélère la révolution même.
Deux mois plus tard on découvre que les fameuses communespopulaires ont été lancées, presque secrètement, dès le mois de mai.
Fin août le parti les répand dans la Chine entière.
Officiellement, le père des communes est Mao Zedong.
Mais sans doute aucun l'idée est soutenue à fond par Liu, et elle estbien dans la " ligne " nouvelle annoncée par lui.
La naissance des communes secoue la Chine entière.
Les abus sont multiples, les difficultés générales, des résistances sontsignalées un peu partout.
Le parti se réunit à Wuhan, en Chine centrale, pour faire face au nouvel orage.
Va-t-on faire machine enarrière ? Non pas : on ira de l'avant.
Ralentir, peut-être, corriger ce qui ne va pas, sûrement, mais les communes continuent.
Nulblâme à Mao : sa politique est " correcte ", comme celle du parti tout entier.
Liu, co-auteur des communes, a probablement été àWuhan un des fermes soutiens de Mao.
ROBERT GUILLAIN.
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