Article de presse: L'intervention soviétique en Afghanistan
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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Amin prend alors les devants et liquide Taraki.
Un faux consensus a Moscou
Le régime n'est pas seulement miné de l'intérieur.
Il est en butte à un soulèvement qu'il a de plus en plus de mal à contenir.
Desinsurrections locales ont éclaté dès l'été 1978 et ont , au fil des mois, gagné l'ensemble du pays.
Certes, l'opposition restegéographiquement et ethniquement fractionnée.
Mais, à ce stade, elle y trouve plutôt avantage et pénètre peu à peu les servicesde l'Etat et l'armée elle-même.
Amin est-il capable de ressaisir le pouvoir qui lui échappe? Tout en lançant de très duresexpéditions contre les foyers les plus actifs du soulèvement, il tente d'audacieuses ouvertures politiques.
Il prend contact avec legouvernement pakistanais, approche l'opposition islamiste la plus radicale (le Hezb-é Eslami) et fait des avances aux Américains.Mais son sort est déjà scellé.
Fin octobre et début novembre, les Américains notent une activité inhabituelle sur les aéroports proches de l'Afghanistan.
Versla fin novembre, des divisions d'infanterie stationnées au Turkménistan sont complétées par la mobilisation de réservistes.
Les 8 et9 décembre, des unités de parachutistes sont acheminées près de Kaboul, à Bagram.
Les Américains protestent alors, auprès des Soviétiques, exigeant des explications, qu'ils n'auront que le 27 décembre.
Sur la manière dont Moscou a décidé d'intervenir, on ne sait pas grand-chose.
Certains ont cru pouvoir dire que l'armée étaitpour et le KGB contre.
D'autres ont affirmé que les dirigeants soviétiques n'imaginaient pas dans quelle difficile aventure ilss'engageaient.
Il n'est pas invraisemblable qu'un faux consensus en faveur de l'intervention se soit établi entre des optimistes,ignorant ses véritables risques, et des réalistes, parfaitement conscients qu'il ne s'agissait pas d'une promenade de santé.
Ce qui est certain, c'est que des réaménagements sont apportés au dispositif militaire après l'intervention.
Mais ils sont décidéstrès tôt.
Les chars les plus lourds sont retirés vers la fin du mois de mai: Leonid Brejnev fait passer ce mouvement pour uneréduction du contingent soviétique, lors de sa rencontre avec Valéry Giscard d'Estaing le 19 mai à Varsovie.
Les chars lourdsseront, en fait, remplacés par des engins plus légers et plus maniables.
Mais plus qu'une adaptation du matériel, c'est une révisiondu mode de conduite de la guerre qui doit être opérée pour faire face à une résistance qui ne désarme pas.
Les principes d'une telle révision sont formulés au cours de l'été par le général Tret'yak qui commande le district militaired'Extrême-Orient.
Leur mise en application est confiée, fin décembre, au général Yazov, qui a servi sous Tret'yak et vient d'êtrenommé à la tête du district d'Asie centrale.
Il s'agit essentiellement de donner aux officiers subalternes et aux sous-officiers unecapacité suffisante d'initiative dans l'exécution des opérations antiguérilla, de manière à pouvoir y engager de petites unitésrelativement autonomes en missions coordonnées.
Ces unités doivent recevoir une formation appropriée, qui se met en placeprogressivement.
L'ensemble du contingent opérant en Afghanistan n'a toutefois pas les mêmes besoins.
Pour la majeure partie des neuf ou dixdivisions qui opèrent aujourd'hui, la mission ne sort guère du maintien de l'ordre, de la protection des organes de l'Etat afghan, ducontrôle des zones économiques vitales et des grands axes de communication.
Seule la 201 e division d'infanterie mécanisée est engagée directement dans la lutte antiguérilla.
Peu à peu, l'efficacité de cette unité d'élite, mieux formée, mieux équipée, s'accroît.Elle marque des points contre la résistance.
La direction demeure centralisée, entre les mains d'un haut commandement suprême spécial que dirige le maréchal Sokolov,alors premier vice-ministre de la défense.
La responsabilité opérationnelle est confiée au général Sorokine, lequel basé à Bagramn'est que le " représentant " du haut commandement suprême spécial.
Il ne faut pas voir uniquement dans cette centralisation lereflet de l'organisation bureaucratique hiérarchisée de l'Etat et de la société soviétiques; elle traduit aussi la volonté de ne pasperdre la maîtrise politique de l'opération militaire afghane.
Les Soviétiques savent aujourd'hui qu'ils ne gagneront pas facilement sur le terrain.
Car la résistance, de son côté, améliore sonarmement et ses méthodes de combat.
Elle tient tête remarquablement, et fait même l'étonnement de bien des experts militaires.Moscou combine donc son engagement armé avec des manoeuvres politiques et diplomatiques.
Le gouvernement afghan est chargé, avec l'aide de nombreux conseillers et agents soviétiques, de diviser la résistance,d'éloigner d'elle la population, et de rallier celle-ci.
Tâche impossible, en apparence, tant est grand le discrédit de Karmal et duPDPA.
Leurs efforts ne sont pas tout à fait vains, mais la partie est loin d'être gagnée.
Au plan diplomatique, le but immédiat de Moscou, en se disant prêt à retirer ses troupes, est de faire cesser l'aide qu'apportentà la résistance l'Iran et le Pakistan, et de faire accepter le gouvernement de Karmal par la communauté internationale.
En dépit.
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