Article de presse: L'intervention américaine au Vietnam
Publié le 17/01/2022
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C'est lui qui est bombardé le premier, dès mai 1964.
On apprendra ensuite la vérité sur les actions des compagnies aériennes " privées " américaines liées à la CIA, celles-là mêmesqui furent utilisées contre la RDV en 1954-1955, elles-mêmes filles de l'aviation du général Chennault, un ancien de la guerrecontre le Japon, lié au lobby formosan de Washington.
On apprendra aussi l'importance de l'engagement américain lors desélections au Laos, ou bien encore au bord de la plaine des Jarres, celle de la base secrète de Long-Chen, ou bien encore laprogressive disparition du peuple méo, petit à petit massacré lors d'opérations pendant lesquelles des fusils M-16 sont confiés, aunom de la liberté, à des enfants de dix ans.
Si les raids de mai 1964 contre la Laos sont presque tout de suite connus de l'opinion, il n'en va pas de même des projetsaméricains concernant le Vietnam.
Robert McNamara a remis à Lyndon Johnson, en décembre 1963, un rapport décrivant lasituation comme " très inquiétante ".
Le 22 janvier 1964, le général Maxwell Taylor, président du comité des chefs d'état-major, aconseillé des raids contre la RDV et la prise en charge directe de la guerre au Sud par les Américains.
A partir de cette date, les experts militaires, dont l'amiral Felt, ne cessent de préparer les plans d'escalade contre le Nord,cependant que les experts politiques mettent au point des plans destinés à convaincre l'opinion du bien-fondé d'une telle stratégie.Lors d'une conférence à Honolulu, en juin, il est décidé d'agir avec violence afin de relever le moral défaillant des troupes durégime de Saigon.
Un diplomate canadien est chargé d'alerter le premier ministre du Nord, Pham Van Dong, des dévastations que son pays risquede subir s'il ne compose pas avec les Américains.
Bombardements sur le nord
Le 1 er et le 2 août, des avions américains pilotés par des Thaïlandais bombardent des villages nord-vietnamiens proches de la frontière du Laos.
Une " stratégie de la provocation " fut mise en place.
L'incident du golfe du Tonkin d'août 1964 n'en constitue qu'une des pièces on sait que dès le 25 juillet (il s'agit d'un projetparmi tant d'autres), le Conseil national de sécurité américain a prévu le bombardement de plusieurs objectifs au Nord par desvedettes lance-torpilles sans marque de nationalité.
Le 30 juillet, un raid a lieu : les exécutants sont des Sudistes le commandantde l'opération s'appelle le général Westmoreland.
Le 2 août, d'autres attaques sont lancées.
Des navires américains croisent dansles parages finalement, le Maddox et le Turner-Joy sont attaqués par des vedettes nord-vietnamiennes.
Immédiatement après,l'aviation américaine lance ses premiers raids officiels contre la RDV.
L'opinion ne sait rien, sur le moment, des nombreux plans longuement mis au point dans le secret pour qu'une telle crise éclate le Congrès vote à Johnson une résolution lui donnant carte blanche au Vietnam.
En septembre, de nombreuses îles du Nord sontattaquées par la marine.
Au début du même mois, les dirigeants américains se sont mis d'accord pour déclencher, pour janvier oufévrier 1965, la campagne de raids systématiques contre la RDV.
Il suffira de trouver un nouveau prétexte.
En pleine campagne électorale, à l'automne de 1964, Lyndon Johnson se pose pourtant en " colombe " face au candidatrépublicain Barry Goldwater, partisan déclaré de la manière forte.
Le président jure qu'il n'enverra pas son armée au Vietnam" dans un combat dont je pense qu'il concerne d'abord les jeunes Asiatiques ".
L'Amérique est alors décidée à prendre directement en charge la guerre d'Indochine, les discussions entre frères ennemislaotiens l'agacent les chicanes entre Sud-Vietnamiens l'énervent; lorsque, en décembre 1964, des conflits opposent Khanh, Ky,d'autres officiers et le vieux M.
Huong, l'ambassadeur américain convoque les éléments galonnés de ce monde remuant et, sur unton de proconsul qui ne peut plus " gaspiller sa salive ", indique que ses interlocuteurs et protégés " n'ont rien compris ",provoquent une " pagaille terrible " et doivent se calmer.
L'ambassadeur est là pour faire la guerre; il sait aussi qu'elle risque de devenir encore plus dure: selon des services derenseignements, de nombreux militants originaires du Sud sont rentrés chez eux pour combattre après un long séjour au Nord (il aduré dix ans).
Le FNL anéantit fin décembre deux bataillons gouvernementaux aux portes de Saigon.
Sa victoire est en vue,Washington va alors agir.
JACQUES DECORNOY Le Monde du 25 janvier 1973.
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