Article de presse: L'expédition de Suez
Publié le 17/01/2022
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pays...
Il y a tout de même des ombres au tableau.
A la différence de la France, où il n'y a pas grand monde, en dehors de PierreMendès France et de Jean Monnet, pour mettre en garde contre les risques de l'aventure, la Grande-Bretagne est divisée : unebonne partie de l'opinion et de la presse et même certains membres du gouvernement sont hostiles à une action armée.
Eden lui-même est fragile, s'inquiétant après coup de l'effet des décisions auxquelles il a lui-même poussé.
Et puis il y a le cas d'Israël.
Auxyeux de Ben Gourion, la nationalisation du canal est apparue aussitôt comme une occasion inespérée de mettre à exécution leprojet de guerre préventive contre l'Egypte dont il rêve.
Le secrétaire d'Etat israélien à la guerre, Shimon Pérès, s'est précipité à Paris, où il s'est entendu proposer par Bourgès-Maunoury une action commune franco-israélienne.
Mais les Britanniques, qui conservent de fortes amitiés arabes, redoutent deles perdre au moindre signe de collusion entre les Israéliens et eux.
Aussi bien les relations entre Londres et Jérusalemdemeurent-elles difficiles, au point que, le 12 octobre 1956 encore, la Grande-Bretagne avertit Ben Gourion, au lendemain d'unraid israélien en Jordanie, qu'elle viendra en aide à ce pays si les troupes juives l'envahissent.
Conférence secrète
Le 22 octobre, cependant, une conférence secrète, tenue à Sèvres en présence de Ben Gourion et de Selwyn Lloyd, mettra aupoint le scénario d'une action militaire et diplomatique commune contre l'Egypte.
C'est un monument d'hypocrisie : il est convenuen effet qu'Israël attaquera le 29 et que la France et la Grande-Bretagne prendront prétexte de ce que la sécurité du canal est enpéril pour adresser " aux deux belligérants " un ultimatum les invitant à retirer leurs troupes, sans quoi elles occuperont la zone ducanal.
C'est bien la première fois dans l'histoire qu'on menace un pays d'envahir, au cas où il ne se soumettrait pas, le territoire...de son ennemi.
Il est entendu qu'Israël fera mine de se plier à l'ultimatum en faisant reculer ses troupes de 15 kilomètres, que laRAF et l'aviation française pilonneront les aérodromes égyptiens à partir du 31, et qu'un corps expéditionnaire débarquera àPort-Saïd à la veille de l'élection présidentielle aux Etats-Unis.
Les plans ont été tenus rigoureusement secrets, et les plus hauts fonctionnaires du Quai d'Orsay eux-mêmes, que Mollet etPineau savent tièdes, dans l'ensemble, à l'égard de toute politique d'intervention, seront tenus dans l'ignorance de peur que lesEtats-Unis, s'ils sont mis au courant, n'entravent la réalisation du projet.
A la vérité, il est difficile d'imaginer que, avec les moyensd'information dont ils disposaient, les Américains n'aient pas été en mesure de répondre à la question alors posée par Dulles à sescollaborateurs : " Il faut essayer de découvrir ce que les Britanniques mijotent avec les Français.
" Il n'est pas exclu que certainsmilitaires d'outre-Atlantique aient fait des voeux en secret pour la réussite de l'entreprise.
En sachant très bien qu'en guerre froide,comme en guerre tout court, l'action n'a de chances de réussir que si elle est foudroyante.
Foudroyante : le mot s'applique bien à l'offensive israélienne, qui bouscula en quelques jours la résistance égyptienne dans leSinaï.
Pour ce faire, les forces de Dayan avaient bénéficié de l'appui d'avions français, camouflés aux couleurs juives, et des canonsdu Georges-Leygues, sans qu'à aucun moment en fussent le moins du monde informés les Anglais, auxquels Mollet avait acceptéde céder le commandement suprême, en dépit du conseil contraire donné, si l'on en croit Christian Pineau, par le général deGaulle.
Le 31, les bombardements franco-britanniques commencent comme prévu.
Mais Eisenhower décide d'y mettre le holà :" Faites cesser cela, et vite ", dit-il à Dulles.
Déjà, la veille, il a engagé devant les Nations unies une action destinée à contraindreIsraël à regagner ses bases de départ.
De tous côtés les cris d'indignation fusent.
Ben Gourion et Guy Mollet n'en ont cure.
Enrevanche, Eden, soumis à la pression conjointe de la Maison Blanche, du Canada, de l'Inde, de son opposition et même decertains de ses ministres, est à deux doigts de craquer.
Eden cède
Il s'en faut d'un rien que le débarquement des troupes anglo-françaises à Port-Saïd et à Port-Fouad ne soit ajourné.
Il a lieufinalement le 5 novembre, avec un succès complet.
Mais c'est une course contre la montre: le même jour, l'Assemblée généraledes Nations unies, qui a déjà approuvé un projet canadien de création d'une force internationale destinée à relever sur le canal lestroupes des belligérants-les " casques bleus ",-nomme le général canadien Burns au commandement de cette force et l'autorise àrecruter immédiatement son personnel.
Et le soir, l'URSS, que Mollet et Eden voulaient croire entièrement occupée par l'affairehongroise, frappe sur la table un coup destiné à faire oublier la mauvaise action qu'elle vient de commettre à Budapest: elle invitele Conseil de sécurité à sommer la France, la Grande-Bretagne et Israël à mettre fin à leur intervention, faute de quoi un corpsexpéditionnaire international, composé entre autres de troupes américaines et soviétiques, devrait porter assistance à l'Egypte..
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