Article de presse: L'été des tanks
Publié le 17/01/2022
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encore plus cuisant.
Au moment où les parachutistes de l'aéroport de Ruzyne commençaient leur besogne, le Politburo du PC de Tchécoslovaquie(dénommé là-bas présidium) délibérait à Prague autour d'Alexandre Dubcek.
La coïncidence n'était pas fortuite, bien aucontraire, puisque Alois Indra, secrétaire du parti et collaborateur notoire de Moscou-l'un des rares hommes au sein de ladirection à Prague que les Soviétiques avaient mis dans la confidence de leur plan d'invasion,-devait utiliser cette réunion pourfaire voter une motion de défiance à Dubcek et " demander " l'intervention des armées alliées.
Manque de chance pour les conspirateurs : pour des raisons encore obscures aujourd'hui, deux des hommes sur lesquels oncomptait, Piller et Barbirek, firent défaut.
Au lieu d'une condamnation de Dubcek et d'un appel aux Russes, le présidium vota à une majorité de six voix contre quatre untexte réaffirmant la confiance de la direction à Dubcek et condamnant fermement l'intervention armée qui venait d'avoir lieu.Malgré les efforts d'autres collaborateurs dans les médias et les télécommunications, ce texte fut diffusé dans le courant de la nuit.
La légalité se trouvait ainsi solidement ancrée dans le camp de Dubcek, chef du parti, de Cernik, chef du gouvernement, et dugrand tribun du " printemps de Prague ", Smrkovsky, président du Parlement, bien que ceux-ci se soient laissé innocemmentcapturer par les troupes soviétiques dans l'immeuble du comité central aux premières heures de la matinée du 21 août.
Lesjournalistes, fer de lance de la nouvelle politique, n'eurent guère de mal à trouver auprès de l'armée tchécoslovaque, et mêmeauprès des milices ouvrières de l'ancien dictateur Novotny, réputées " conservatrices ", les émetteurs et les équipements qui leurpermirent dès le premier jour d'informer la population et d'organiser une résistance non violente qui restera un modèle du genre.Une formidable armée présente partout, mais totalement isolée, un peuple qui glissait autour des chars sans renoncer à rien de sesconvictions, une presse, une radio et une floraison de tracts et d'affiches tournant en dérision l'occupant, tel était le spectacle quedonnait la Tchécoslovaquie pendant la dernière semaine d'août.
Non seulement les " fidèles communistes " qui, selon l'agence Tass, avaient demandé l'intervention alliée n'étaient pas au rendez-vous, mais l'aide était là, massive, et il n'y avait personne pour s'en servir...
Le courant libéral se radicalise
Pour couronner le tout, les libéraux fidèles à Dubcek avaient convoqué de manière anticipée le quatorzième congrès du Parti,dont les délégués avaient été régulièrement élus au cours des semaines précédentes.
Au cours de ces assises, qui se réunirent lejeudi 22 août, dans une usine de Prague, un nouveau comité central fut élu, purgé de tous ses éléments collaborateurs.
Ainsi, lepremier et seul résultat de l'intervention avait été une radicalisation du courant libéral...
Il fallut des mois aux Soviétiques pour sortir de ce gâchis, mais ils y furent aidés par ce qu'il faut bien appeler la capitulation deschefs.
Dès le 23 août, le général Svoboda, celui sur lequel tout repose puisqu'il incarne la légalité et l'a défendue avec succèsjusque-là, décide d'aller à Moscou pour trouver une issue à une crise qui, après tout, est moins celle de son peuple que celle du" protecteur " fourvoyé.
Son séjour dans la capitale soviétique est marqué du même surréalisme que celui qui prévaut à Prague,car, à peine accueilli avec tous les honneurs par les plus hauts dignitaires du Politburo et même une claque populaire organisée, ilest aussitôt séquestré au Kremlin, sans contact avec son pays ni avec Dubcek, Cernik et les autres dirigeants dont il réclame envain la présence à ses côtés.
Il n'obtiendra satisfaction que le lendemain, jour où s'ouvre une des plus étonnantes " négociations " de l'histoire, aussi peuglorieuse pour un camp que pour l'autre : d'un côté, des dirigeants tchécoslovaques en état de choc, subitement extraits de leurcachot pour comparaître sous les dorures du Kremlin, et que Brejnev et ses compagnons vont simultanément diviser, menacer etflatter mais le Politburo soviétique devra lui-même avaler l'humiliation d'avoir à reconduire au pouvoir à Prague l'équipe mêmeque ses troupes étaient venues chasser.
Et sa première préoccupation sera d'exiger que l'objet et le résultat des tractations conduites dans ces singulières conditions nesoient pas révélés par ses " hôtes ".
Revendication d'autant plus dérisoire qu'elle n'avait aucune chance d'être suivie d'effet aprèsle retour des mêmes à Prague.
Sans doute ne connut-on qu'un peu plus tard les détails du " protocole de Moscou ", signé aux premières heures de la matinéedu 27 août, après une nouvelle nuit de déchirement de la part des responsables tchécoslovaques.
Annulation du quatorzièmecongrès " clandestin " du Parti, contrôle des médias, remise en ordre au ministère de l'intérieur (dont le titulaire, Joseph Pavel,avait éloigné tous les agents soviétiques), renonciation à toutes représailles contre les collaborateurs de Moscou, telles étaient lesprincipales concessions que Dubcek et ses amis avaient dû consentir.
Cela, il ne le dit pas tout de suite à son peuple, mais les.
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