Article de presse: L'Espagne devant Burgos
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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réellement souhaité ce déferlement de " manifestations de soutien " à travers toute la péninsule.
Qu'il le présente aujourd'huicomme une " preuve éclatante de la stabilité du régime " et de " l'unité profonde du peuple espagnol " est bien naturel.
Maisl'important n'est pas dans le décompte, plus ou moins objectif, du nombre d'hommes et de femmes qui sont descendus dans larue.
L'essentiel n'est pas l'ampleur, mais la nouveauté du phénomène et surtout sa signification politique profonde.
" C'est stupéfiant.
Je croyais assister aux actualités d'avant-guerre.
J'ai vu le fascisme...
" Cette remarque d'un diplomate, enposte à Madrid, s'explique aisément.
Bras levés, hymnes phalangistes, paroles de Cara al sol, que son auteur, le poète DionisioRidruejo, a pourtant reniées, banderoles nationales, hommage à José Antonio Primo de Rivera, fondateur de la Phalange etadmirateur des régimes totalitaires, rappel orgueilleux de la collaboration militaire avec les puissances de l'Axe, condamnationvirulente et parfois grossière des prises de position des " soi-disant démocraties occidentales " : toutes ces images d'un passédéfraîchi et ces slogans d'un nationalisme agressif font, certes, réfléchir.
Mais il convient de dépasser les apparences et d'écartercette écume superficielle.
Il n'y a pas que des " soldats en civil " et des " vieilles chemises " dans ces foules paisibles oubouleversées.
Les opposants, à leur tour, sont tentés par le manichéisme.
L'Espagne ne connaît pas la mesure, mais seulement lapassion.
Paradoxalement, la base sociale du régime franquiste n'a cessé de se rétrécir depuis quatre ans : les bourgeois libérauxmurmurent, les universités contestent et les groupuscules marxistes s'y agitent beaucoup, les commissions ouvrières se renforcentet placent les syndicats officiels sur la défensive, l'Eglise, enfin touchée par le concile Vatican II et les admonestations pressantesde Rome, ne soutient plus le régime que du bout des lèvres, les phalangistes écartés des premiers rangs sont amers, l'armée enfin,dernier pilier solide, paraît ébranlée...
C'est à ce moment que des foules, pour la première fois depuis trente ans, descendent dansla rue et acclament Franco.
Une totale confusion
C'est que l'ambiguïté et la confusion sont totales.
Considérée par certaines personnalités espagnoles comme la " seconde phasedu plan des militaires ", la " noria " des manifestations franquistes exprime aussi l'ambition de quelques-uns et l'inquiétude debeaucoup.
Aujourd'hui, le malentendu est total entre l'opinion espagnole et les opinions publiques de la majorité des paysoccidentaux, en particulier la France.
Insuffisamment informé par une presse qui a retrouvé la timidité et les contraintes d'avant la loi adoptée au temps de M.
FragaIribarne, parfaitement conditionné par une télévision nationale qui n'a certes pas de leçons de propagande à apprendre del'étranger, l'Espagnol moyen, sauf dans une certaine mesure en Catalogne et au Pays basque, ne retient de la campagne desolidarité étrangère que les aspects qui lui paraissent excessifs ou ridicules.
L'hypothèse d' " un coup d'Etat débouchant sur une situation à la grecque " n'est pas prise au sérieux dans la capitaleespagnole.
" Il n'est pas possible, déclarait le Caudillo devant le Conseil national du mouvement, en novembre 1967, deremplacer ce régime par un autre.
C'est l'armée qui assurera la succession régulière à la tête de l'Etat ".
Il y a seulement un an, cette succession paraissait ne plus poser de problèmes.
Le prince Juan Carlos, choisi par Franco, choyépar le régime, pouvait compter sur un gouvernement de fidèles bien disposés à son endroit.
Aujourd'hui, tout paraît plus sombreet plus incertain.
Le prince lui-même semble troublé.
Il a, ces dernières semaines, demandé l'avis de personnalités qui ne sont pas toutes durégime.
" Dites-moi franchement.
Que faut-il penser de tout cela ?...
"
L'aggravation des conflits
La charge de plastic a disloqué l'un des murs de la sacristie.
Le christ, dans la pièce nue où flotte encore une odeur de brûlé, estde guingois.
Dans la salle voisine, des tables et des bancs à demi consumés ont été entassés.
Le R.P.
Agustin Daura, qui fêteaujourd'hui ses six années comme prêtre-ouvrier dans la paroisse de San-Cristobal de Tarrasa, près de Barcelone, contemple lesdégâts avec un détachement apparent.
D'autres accrochages sont signalés.
A Barcelone, un commando du Christ-Roi a renversé les voitures de deux prêtres quiavaient autorisé des messes spéciales pour les seize nationalistes basques condamnés par le conseil de guerre de Burgos.
ACarthagène, un prêtre a été arrêté.
Il travaillait dans une entreprise de la région.
Au Pays basque, dans les Asturies, à Séville,d'autres religieux font état de menaces.
Mais c'est aussi dans le Pays basque que les habitants d'un village se sont enfermés dans.
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