Article de presse: L'escalade au Vietnam
Publié le 17/01/2022
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1966, l'armée de Saigon laisse les Américains faire le travail.
Au sol, le général Westmoreland épuise ses troupes dans lesopérations " de recherche et de destruction " et, dans les airs, l'aviation opère sans relâche, au Nord comme au Sud.
Il pense, enjuillet 1965, pouvoir vaincre " vers la fin de 1967 ".
La CIA avertit cependant Washington: le Vietcong demeure puissant, et laguerre aérienne ne pourra faire plier la RDV.
Elle n'est pas écoutée : Johnson accède à toutes les demandes de son commandantd'outre-mer, qu'il s'agisse de l'envoi de renforts ou du choix de nouvelles cibles au nord du 17 e parallèle.
Pendant ce temps, la population sud-vietnamienne se trouvant dans les zones contrôlées par le pouvoir central continue à bouger, apparemment peusensible aux discours anticommunistes de son puissant protecteur.
En mars 1966, elle se soulève à Hué sous la direction dugénéral Nguyen Chanh Thi le général Ky, alors premier ministre, brise avec brutalité ce soulèvement à coloration bouddhiste.
A Hanoi, chacun proclame alors que les Américains n'ont pas le " moral ".
A cette époque pourtant, l'US Army n'est pasencore minée par la drogue et l'ennui.
Par manque de moral, les communistes entendent absence totale de motivation, de rage devaincre au nom d'un idéal.
Bref, les Américains ont débarqué pour empêcher l'écroulement des " fantoches ", mais ils ne sauraient demeurer éternellementau Vietnam, et leur présence constitue le seul atout pour les " traîtres de Saigon ".
Le corps expéditionnaire se heurte effectivement à forte partie : il tue beaucoup, certes, mais ne vainc pas.
L'adversaireaugmente la mise : désormais les divisions du Nord interviennent massivement, avec un armement de plus en plus perfectionné.
Si le général Westmoreland demeure optimiste, les premiers craquements se font sentir à Washington avant même la fin de1966.
La résistance à la guerre s'organise, chez les jeunes surtout.
Quant à McNamara, l'homme qui a " inventé " la fameuse1redivision aéromobile de cavalerie, dotée de plusieurs centaines d'hélicoptères et engagée sur les hauts plateaux, il est soudainsaisi par le doute.
En octobre, Johnson reçoit de son secrétaire à la défense et de ses généraux des rapports parfaitementcontradictoires pour McNamara, les raids ont échoué, la " pacification " aussi, et il faudrait songer à discuter avec l'adversaire.
L'offensive du Têt
L'année 1967 se termine mal pour les Américains : les communistes investissent Khe-Sanh, près du 17 e parallèle et de la frontière du Laos, et font donner pour la première fois des blindés.
Le siège sera long et coûteux le spectre d'un Dien-Bien-Phuréapparaît.
Finalement, les Américains n'évacueront la base que grâce au pilonnage des B-52 il est des observateurs pour remarquer aussique Hanoi a alors repris en termes modérés ses " quatre points " et a peut-être voulu éviter aux Américains une défaite trophumiliante.
De toute façon, l'heure n'est pas à la négociation et, puisque Washington s'entête et que les élections sont proches auxEtats-Unis, Hanoi décide d'appuyer sur le bouton : à la fin de janvier 1968, c'est l'offensive du Têt.
Le général Westmoreland dispose alors d'environ un demi-million d'hommes sur place, sans compter les unités sud-coréenneset sud-vietnamiennes il faut y ajouter la VII e flotte et les cinquante-cinq mille aviateurs basés en Thaïlande.
L'offensive généralisée affronte de façon foudroyante cette énorme force, touche en quelques heures toutes les villes, s'enfonce jusque dans l'ambassadedes Etats-Unis et sur la citadelle de Hué.
Les pertes sont très lourdes des deux côtés la population est une fois de plus durementéprouvée.
Si dans de nombreux secteurs urbains les éléments d'avant-garde infiltrés ont trouvé d'importants soutiens, le Front neprend pas pour autant le pouvoir.
La " pacification " des campagnes est balayée il apparaît vite cependant que le FNL n'a pasencore emporté la victoire.
Lyndon Johnson parle trop rapidement du total échec des insurgés à Hanoi on déclare, deux semaines après le début descombats, que le rapport des forces politiques et militaires a été radicalement modifié.
Un nouveau mouvement naît d'autre part auSud : l'Alliance des forces nationales, démocratiques et de paix, destinée à attirer les éléments modérés des villes.
Il se fondra enjuin 1969 avec le Front au sein du gouvernement révolutionnaire provisoire (GRP), dirigé par l'architecte Huynh Tan Phat,cependant que Mme Nguyen Huu Tho restera président du FNL et deviendra président du conseil des " sages " de la Républiquedu Vietnam du Sud.
Si l'offensive du Têt n'a pas permis à Hanoi et au Front d'en terminer tout de suite (mais ne se fait-on pas en Occident desillusions au sujet de leurs prétendues intentions ?), elle a eu pour effet immédiat de placer Washington au pied du mur : pourJohnson, il faut soit admettre que la " guerre locale " a échoué et que l'engagement militaire des Etats-Unis a atteint ses limites, soitrecourir à la mobilisation.
Mais l'Amérique, des contestataires chevelus jusqu'à Wall Street, est lasse du conflit.
Or le général Westmoreland réclameencore deux cent mille hommes.
Serait-ce suffisant ? Un haut fonctionnaire du Pentagone écrit : " Nous savons qu'en dépit d'un.
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