Article de presse: Les noces rouges de Hongkong
Publié le 22/02/2012
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Mais ces chiffres n'évoquent que partiellement la montée en puissance des intérêts chinois dans la colonie : hier observateursdiscrets dans quelques conseils d'administration, ils sont aujourd'hui de toutes les opérations d'envergure.
Entrés commeactionnaires de poids dans les groupes les plus stratégiques (Cathay Pacific, Hongkong Telecom, China Light & Power), ilsgénèrent, depuis peu, le plus grand nombre d'introductions à la Bourse de Hongkong.
Des acteurs dont la taille et l'influence necessent de croître avec les injections d'actifs de leur maison mère et qui seront demain les groupes dominants de la Régionadministrative spéciale.
Mais l'intégration entre Hongkong et la Chine a aussi sa part d'ombre.
Ainsi des usines chinoises exportent vers l'Europe deschemises montées en Chine, après les avoir estampillées sur le territoire made in Hongkong pour bénéficier des quotas de lacolonie.
Quand le propriétaire d'un appartement de luxe à Pékin n'a pas obtenu les innombrables autorisations nécessaires pourprétendre à la propriété légale d'un bien immobilier, où se fait-il verser chaque mois ses "loyers illégaux" ? Lorsque les "nouveauxcapitalistes" de Chine populaire créent une société fictive hors de Chine, pour bénéficer des conditions fiscales avantageusesréservées aux sociétés mixtes sino-étrangères, où vont-ils la domicilier ? Encore, et toujours, à Hongkong.
Ce qui fait dire à unbanquier de la colonie : "Tous les chemins de l'argent noir en Chine mènent à Hongkong." Sous l'oeil au moins neutre desautorités locales concernées, le Territoire a endossé ce rôle de "lessiveuse" de l'argent clandestin, offrant à ses différents acteurséconomiques du continent un écran entre leurs affaires et les autorités chinoises.
En d'autres termes, il leur a offert la possibilité dusecret dans un monde ultra-surveillé.
La nature de l'imbrication a changé.
Elle est devenue plus complexe, avec le temps.
Mais, in fine, la multiplication des liens s'estsoldée par une division du travail au sein d'une seule et même économie : production industrielle et grand marché au nord de lafrontière; services commerciaux élargis et plate-forme financière, tenant le rôle d'intermédiaire entre la Chine et le reste du monde,au sud.
Argent clandestin
Cette imbrication fait-elle pour autant de 1997 un "non-événement", comme le soutiennent les plus optimistes ? Les marchésfinanciers ont fait le pari que cette reprise en main de Hongkong par la Chine allait se traduire par une intégration plus étroiteencore, laquelle devrait bénéficer à la Région administrative spéciale (RAS).
Pour certains groupes, comme Hongkong Telecom ou Cathay Pacific, l'appartenance à des actionnaires britanniques, qui plusest protégés par la Couronne, a toujours été un obstacle à l'entrée sur le marché chinois.
Même les groupes de Hongkong étaient,dans une certaine mesure, considérés sur le continent comme des groupes étrangers.
En outre, la plupart des banquiers à Hongkong estiment, comme la population, que le territoire sera l'instrument privilégié demodernisation financière et juridique de la Chine, et qu'à ce titre, le pouvoir central protégera le volet "deux systèmes".
Même sil'on voit mal les groupes de Hongkong, qui ont un goût modéré pour les sociétés déficitaires, montrer suffisamment de doigtépour contribuer à résoudre l'énorme problème des sociétés d'Etat, avec les contraintes sociales que l'on connaît en Chine.
Enfin, certains espèrent que cette réunification permettra davantage de coordination des grands projets au niveau régional : dansun rayon de 50 kilomètres, quatre aéroports internationaux ont été ou sont en train d'être construits...
En clair, les milieuxfinanciers de tous bords parient sur les avantages d'une intégration plus poussée, et semblent le plus souvent au moinsofficiellement refuser d'en voir les inconvénients et les risques.
La Loi fondamentale a, certes, prévu le maintien du système capitaliste de Hongkong dans la RAS.
Pourtant, la "sinisation desaffaires" risque d'aller bien au-delà de l'entrée des groupes chinois au capital des groupes locaux.
La bonne volonté des autoritéscentrales à Pékin pourrait s'avérer n'être qu'un faible paravent face à l'arrivée de pratiques obscures, inspirées d'un régime où lesdroits de la propriété sont incertains et l'appareil juridique soumis aux influences des personnalités les mieux connectées.
Système judiciaire
La justice continuera-t-elle d'être un recours fiable contre la corruption ? La Loi fondamentale prévoit le maintien du corpuslégal de Hongkong dont les 640 ordonnances rédigées en anglais ont fait l'objet d'une traduction minutieuse en chinois etl'existence d'une cour d'appel propre au territoire, pour remplacer le Privy Council britannique.
"Cela n'empêchera pas le droit deHongkong de dévier en subissant graduellement l'influence de la loi chinoise", affirme Wang Chenguang, professeur audépartement juridique de l'université de Hongkong.
D'abord, parce que le transfert de souveraineté place la loi de Hongkong àl'intérieur du cadre légal chinois.
Ensuite, parce que la cour d'appel ne sera plus tenue de se référer à la jurisprudence britannique.Enfin, parce que utiliser le chinois, nouvelle langue officielle du système judiciaire, dans un système de droit commun peutconduire à de nombreuses erreurs d'interprétation..
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