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Article de presse: Les grandes étapes du conflit sino-soviétique

Publié le 17/01/2022

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3 mars 1969 - Les revendications de la Chine pour la rectification de ses frontières sont largement antérieures au régime communiste. Elles datent en fait du début de la renaissance nationaliste chinoise au lendemain de la première guerre mondiale. Dès le 3 février 1923, Sun Yat-sen, président de la République, fait dans une conférence une déclaration qui a plus tard servi de référence à beaucoup de dirigeants chinois. Après avoir décrit le dépeçage de la Chine par les puissances et compté comme terres perdues par le " Pays du Milieu " la Corée, l'Annam, la Birmanie et d'autres, il ajoute : " Encore auparavant, dans l'histoire de nos pertes territoriales, il y a eu le bassin des rivières Amour et Oussouri, et avant cela les régions au nord des rivières Ili, Khokand et Amour ". Sous le nouveau régime installé en 1949, pendant un peu plus de dix ans l'existence d'un différend sur le tracé des frontières n'apparaît pas. La détérioration 1959 : accord sino-soviétique sur la navigation sur le fleuve Amour accord sur l'exploitation conjointe du bassin du même fleuve. Des expéditions soviétiques et chinoises collaborent à l'élaboration d'un projet en ce sens, et cette collaboration durera jusqu'au milieu de 1962, quand les relations commencent à se détériorer. Plus tard, les deux côtés révéleront que les incidents et " provocations " aux frontières ont commencé en 1960. 1961-1962 : incidents aux frontières Sinkiang-U.R.S.S. tenus secrets jusqu'en 1963. Cinquante mille Kazakhs et Uighurs, de nationalité chinoise, tentent de passer en U.R.S.S., au Kazakhstan, de l'autre côté de la frontière. Fermeture de la frontière et répression du côté chinois. Révolte antichinoise de cinq mille musulmans dans la vallée d'Ili, qui débouche en U.R.S.S. 1963, 8 mars, le Quotidien du peuple critique les " traités inégaux " imposés, dit-il, par les tsars de la Russie impérialiste à la Chine opprimée du dix-neuvième siècle. Le 6 septembre, le Quotidien du peuple révèle enfin les incidents du Sinkiang, il accuse les Russes de fomenter un mouvement de subversion et de sécession. C'est le point de départ du renouveau de la querelle territoriale. Moscou réplique le 20 septembre en disant que plus de cinq mille violations de la frontière soviétique ont été commises par les Chinois rien qu'en 1962. Entre-temps a eu lieu du 7 au 9 septembre un violent incident à la gare frontière de Naouchki (entrée en U.R.S.S. en venant de Mongolie), entre cheminots chinois et douaniers soviétiques. Le 29 novembre 1963, le comité central soviétique propose, et le 29 février 1984, le comité central chinois accepte, dans un échange de lettres, des discussions sur les frontières. Elles ont lieu de février à août 1964, reprendront en octobre, et Tass parle d'un accord sur les questions étudiées, mais d'autre part la querelle reprend et s'envenime. 1964, 4 février : nouvelles accusations du Quotidien du peuple sur les " violations fréquentes du statu quo frontalier " par les Russes. M. Souslov, à Moscou, réplique en accusant les Chinois de provocations grossières et nombreuses (Tass, 3 avril). A la chute de M. Khrouchtchev, en octobre 1964, le Drapeau rouge de Pékin l'accuse d'avoir " manigancé " les incidents de frontière, et même " dirigé des activités subversives à grande échelle au Sinkiang ". Mouvements de troupes aux frontières 1966. En avril, le président Podgorny, à Moscou, avertit les Chinois que les frontières de l'URSS sont " inviolables ". Il affirme en particulier que Khabarovsk, proche de la frontière, est efficacement protégée par les forces soviétiques. En mai, M. Brejnev, secrétaire général du PC d'URSS, visite Vladivostok, la grande base navale sur le Pacifique. La troisième bombe atomique chinoise a éclaté dix jours avant. En juin, le président Podgorny visite Khabarovsk. A Pékin, où commence la révolution culturelle, le maréchal Chen Yi, ministre des affaires étrangères, déclare, en mai, à un groupe de journalistes scandinaves que les Russes sont des voleurs qui ont annexé 1 million et demi de kilomètres carrés de territoire chinois, au XIXe siècle et même depuis. Les Russes ont causé, dit-il, plus de cinq mille incidents de frontière entre 1960 et 1966, ils ont plusieurs fois pénétré dans le no man's land frontalier et opéré des corrections arbitraires de la frontière. A Moscou, en octobre, la presse soviétique accuse les troupes chinoises de tirer sans discrimination sur les bateaux russes le long du fleuve Amour. Les correspondants occidentaux à Moscou rapportent, d'après des informations de source soviétique, que sur les bords de l'Amour et au Sinkiang un mouvement organisé dans la population civile chinoise réclame le retour des " territoires perdus ". Aux Etats-Unis, en novembre, M. Gromyko, dans des entretiens avec le président Johnson et M. Dean Rusk, aurait parlé, dit le New York Times du 22 novembre, de l'anxiété croissante de son gouvernement pour la sécurité des frontières de l'URSS communes avec la Chine. A Pékin, le maréchal Chen Yi dit à un journaliste brésilien que l'URSS a treize divisions sur la frontière chinoise, transférées d'Europe orientale (Times de Londres du 12 décembre). Vers la même date, à Londres, l'Institut des études stratégiques estime les forces soviétiques en Extrême-Orient à douze divisions sur le pied de guerre et cinq divisions en réserve, tandis que les Chinois auraient cinquante divisions stationnées dans le Nord-Est et un demi-million d'hommes sur les frontières du Sinkiang, Radio-Tirana, en Albanie, dénonce, le 29 décembre, les concentrations de troupes soviétiques sur les frontières chinoises. Avec l'année 1967 et la tempête de la révolution culturelle, c'est à Moscou et à Pékin même que fait rage la querelle sino-russe : émeute des étudiants chinois à Moscou le 25 janvier, siège de l'ambassade de l'URSS à Pékin du 26 janvier au 12 février. Mais la tension est sérieuse aux frontières. Le 2 février, Radio-Pékin, accuse les Russes d'avoir comploté contre la Chine dans le Heilungkiang, province frontière du Nord-Est (ex-Mandchourie). Le 11, les troupes chinoises sont en état d'alerte. Un journal de gardes rouges dit qu'un bataillon soviétique a attaqué dans la région de Vladivostok et a été repoussé. Des sources occidentales estiment à cette date les forces soviétiques sur la frontière sino-soviétique à quarante divisions, dont beaucoup sont récemment arrivées d'Europe orientale; il y aurait entre cinquante et soixante divisions chinoises, soit plus de six cent mille hommes. Le 21 février, on rapporte à Moscou que les Chinois ont fait reculer leurs troupes de 160 kilomètres le long de l'URSS, et de la Mongolie, pour faire un no man's land en avant duquel ils n'ont laissé que leurs forces de gardes-frontière. Moscou annonce également qu'au Sinkiang un nouvel exode de Kasakhs et d'Uighurs vers l'URSS a eu lieu, cette population fuyant la révolution culturelle. Incidents mineurs mais nombreux En 1968, les incidents, s'il y en a, ne sont pas rendus publics. Mais si l'on en croit les informations qui circulent à Moscou dans les milieux diplomatiques, sur la foi de confidences soviétiques, il y a, en fait, des incidents, mineurs peut-être mais nombreux, sur les 5000 kilomètres de la plus longue frontière du monde entre deux pays, en tenant compte du parcours le long de la Mongolie, satellite de l'URSS. En 1969, le 2 mars, éclate l'incident de Nijinimikhaïlovka, sur l'Oussouri, au sud de Khabarovsk, qui fait plusieurs morts. ROBERT GUILLAIN Le Monde du 5 mars 1969

« Aux Etats-Unis, en novembre, M.

Gromyko, dans des entretiens avec le président Johnson et M.

Dean Rusk, aurait parlé, ditle New York Times du 22 novembre, de l'anxiété croissante de son gouvernement pour la sécurité des frontières de l'URSScommunes avec la Chine. A Pékin, le maréchal Chen Yi dit à un journaliste brésilien que l'URSS a treize divisions sur la frontière chinoise, transféréesd'Europe orientale (Times de Londres du 12 décembre). Vers la même date, à Londres, l'Institut des études stratégiques estime les forces soviétiques en Extrême-Orient à douzedivisions sur le pied de guerre et cinq divisions en réserve, tandis que les Chinois auraient cinquante divisions stationnées dans leNord-Est et un demi-million d'hommes sur les frontières du Sinkiang, Radio-Tirana, en Albanie, dénonce, le 29 décembre, lesconcentrations de troupes soviétiques sur les frontières chinoises. Avec l'année 1967 et la tempête de la révolution culturelle, c'est à Moscou et à Pékin même que fait rage la querelle sino-russe : émeute des étudiants chinois à Moscou le 25 janvier, siège de l'ambassade de l'URSS à Pékin du 26 janvier au 12 février. Mais la tension est sérieuse aux frontières.

Le 2 février, Radio-Pékin, accuse les Russes d'avoir comploté contre la Chine dansle Heilungkiang, province frontière du Nord-Est (ex-Mandchourie).

Le 11, les troupes chinoises sont en état d'alerte.

Un journalde gardes rouges dit qu'un bataillon soviétique a attaqué dans la région de Vladivostok et a été repoussé. Des sources occidentales estiment à cette date les forces soviétiques sur la frontière sino-soviétique à quarante divisions, dontbeaucoup sont récemment arrivées d'Europe orientale; il y aurait entre cinquante et soixante divisions chinoises, soit plus de sixcent mille hommes. Le 21 février, on rapporte à Moscou que les Chinois ont fait reculer leurs troupes de 160 kilomètres le long de l'URSS, et de laMongolie, pour faire un no man's land en avant duquel ils n'ont laissé que leurs forces de gardes-frontière.

Moscou annonceégalement qu'au Sinkiang un nouvel exode de Kasakhs et d'Uighurs vers l'URSS a eu lieu, cette population fuyant la révolutionculturelle. Incidents mineurs mais nombreux En 1968, les incidents, s'il y en a, ne sont pas rendus publics.

Mais si l'on en croit les informations qui circulent à Moscou dansles milieux diplomatiques, sur la foi de confidences soviétiques, il y a, en fait, des incidents, mineurs peut-être mais nombreux, surles 5000 kilomètres de la plus longue frontière du monde entre deux pays, en tenant compte du parcours le long de la Mongolie,satellite de l'URSS. En 1969, le 2 mars, éclate l'incident de Nijinimikhaïlovka, sur l'Oussouri, au sud de Khabarovsk, qui fait plusieurs morts. ROBERT GUILLAIN Le Monde du 5 mars 1969. »

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