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Article de presse: Les élections locales renforcent le président Zeroual

Publié le 17/01/2022

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23 octobre 1997 - " Jamais en Algérie un chef de l'Etat n'a eu un tel pouvoir. " Ce constat d'un responsable politique, le résultat des élections locales du jeudi 23 octobre le confirme : le président Zeroual n'aurait, en principe, plus rien à redouter de personne. Le futur Conseil de la nation une sorte de Sénat qui sera issu des élections locales, pas plus que la nouvelle Chambre des députés, n'entravera l'action du chef de l'Etat. La future Assemblée lui sera toute dévouée. Elu en novembre 1995 à la tête du pays, où il avait été placé par ses pairs de l'armée deux ans auparavant, protégé des turbulences politiques par une Constitution taillée sur mesure, l'ancien général peut diriger l'Algérie comme il l'entend, mener la politique qu'il a choisie, sans entrave apparente. Le paradoxe est que cette puissance illimitée se trouve au service d'un homme que ses détracteurs jugent dépourvu de projet politique clair. " Zeroual est un velléitaire " , affirme l'un de ses condisciples. " Avant son élection à la présidence, il était considéré comme un dialoguiste, partisan d'un compromis avec les islamistes. Depuis, il a endossé sans état d'âme une politique inverse " , note un journaliste. Mais peut-être que cet ancien général d'artillerie, trapu, le visage barré par une épaisse moustache, doit justement à son absence de convictions trop fortement revendiquées le fait d'avoir été propulsé au sommet de l'Etat. " En l'installant dans le fauteuil présidentiel, assure un ancien ministre, les militaires qui dirigent l'Algérie en sous-main savaient qu'ils n'avaient rien à redouter de lui. " Le fait est que la carrière du général Liamine Zeroual n'est pas celle d'un homme de rupture. Natif d'un village proche de Batna, la capitale des Aurès, théâtre des premières luttes pour l'indépendance, il est issu d'un milieu modeste. Son père était cordonnier de rue. En même temps qu'il fréquente l'école, le jeune Zeroual est commis chez un bijoutier juif. En 1957, âgé de seize ans, il rejoint le maquis. Il n'y reste que quelques mois avant d'être envoyé en formation au Caire puis en Jordanie par le Front de libération nationale (FLN). Affecté à l'armée des frontières de 1960 à 1962, il part suivre des stages, une fois la paix revenue, à Moscou puis en France, à l'école de guerre. Commence ensuite une carrière sans histoires pour le jeune officier algérien (alors que son frère a fait toute sa carrière dans l'armée française). Liamine Zeroual grimpe dans la hiérarchie militaire, épouse Naziha Chérif la soeur d'un général , qui lui donnera deux garçons (aujourd'hui étudiants au Canada et en Egypte) et une fille, installée en Algérie. Les émeutes d'octobre 1988, au cours desquelles plusieurs centaines de jeunes Algériens sont tués par l'armée, vont le propulser sur le devant de la scène. Alors qu'il commande la région militaire de Constantine, le président Chadli Bendjedid l'appelle au ministère de la défense pour prendre le commandement des forces terrestres en remplacement du général Nezzar, promu chef d'état-major des forces armées. " Avant de partir, Nezzar avait préconisé une réorganisation des unités en introduisant un échelon de commandement supplémentaire, la division, comme dans toutes les armées modernes. A l'image de la majorité des officiers, Zeroual était opposé au projet, mais le président Chadli a fini par arbitrer en faveur de Nezzar " , se souvient un homme du sérail. Désavoué par le chef de l'Etat, Liamine Zeroual démissionne. En guise de lot de consolation, il est nommé ambassadeur en Roumanie, poste qu'il remet à la disposition du chef de l'Etat moins d'un an plus tard. Installé entre Alger et Batna, il prépare à cinquante ans une reconversion dans les affaires lorsque, à la surprise de ses pairs, en juillet 1993, le porte-feuille de la défense nationale lui est confié. Il remplace, une fois de plus, le général Nezzar, natif de Batna. Aucune décision importante A ce poste-clé, le général Zeroual ne prend aucune décision importante, ne procède à aucune mutation susceptible de lui aliéner un clan ou un autre, tant et si bien qu'en janvier 1994, lorsque l'armée se résigne à installer l'un des siens dans le fauteuil présidentiel, c'est lui qui en hérite. Par défaut. Propulsé à la tête de l'Etat, cet homme jugé " agréable, peu cultivé, mais aimant bien les plaisirs de la vie [il s'est remarié récemment] " , reste une énigme. Taciturne, maîtrisant mal l'arabe classique d'où des interventions laborieuses à la télévision , il ne suscite ni intérêt ni rejet parmi les Algériens, qu'il a déçus pour n'avoir pas tenu sa promesse de ramener la paix. Ils sont convaincus que leur président ne détient en fait que l'apparence d'un pouvoir sans partage. JEAN-PIERRE TUQUOI Le Monde du 27 octobre 1997

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