Article de presse: Les difficultés du non-alignement
Publié le 17/01/2022
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26 décembre 1957 - La conférence afro-asiatique qui a débuté le 26 décembre au Caire se voulait un " second Bandoung ". Elle ne rappelle cependant que d'assez loin le premier grand rassemblement afro-asiatique, auquel avaient participé tous les gouvernements des deux continents, qu'ils fussent communistes, neutralistes ou pro-américains.
Le " second Bandoung " a eu pour effet principal de montrer la fragilité de cette éphémère unité. Au lieu de réunir des gouvernements, il a groupé trente-huit délégations, dont plus de la moitié n'avaient aucun mandat officiel et parlaient au nom soit de mouvements nationalistes de pays coloniaux, soit de partis d'opposition. La Turquie a même cessé, d'une conférence à l'autre, de faire partie de l'Asie puisque aucun de ses ressortissants, majoritaire ou opposant, ne se trouvait au Caire.
L'URSS, en revanche, était présente cette fois, alors qu'elle ne l'était pas à Bandoung et qu'on avait pu entendre alors, notamment de la bouche du représentant de Ceylan, de vertes critiques à l'égard de son " néo-colonialisme ".
Pas un mot, cette fois, n'a été prononcé contre elle. Personne n'a eu l'idée de demander s'il n'y avait pas quelque contradiction entre le parti pris anticolonialiste affiché par le Kremlin et son comportement réel à l'égard de la Hongrie ou des Etats baltes, voire des populations musulmanes soviétiques, auxquelles le droit d'autodétermination n'a jamais été reconnu.
Il est donc difficile de ne pas voir dans cette conférence un nouveau succès de la diplomatie soviétique. Le ton employé par la Pravda pour en rendre compte est d'ailleurs sans la moindre équivoque. La nouvelle Internationale qui vient de naître constituera pour l'URSS un moyen d'action, tout comme le fameux Mouvement de la paix.
Certes, le secrétaire général du nouvel organisme est un Egyptien, et ses membres en majorité ne sont pas communistes. Mais la présence au secrétariat permanent de représentants de l'URSS et de la Chine enlève pratiquement à cet organisme toute autonomie d'action par rapport au Kremlin.
N'est-il pas évident d'ailleurs que le seul ciment sérieux de ce regroupement est celui qu'y apporte l'Union soviétique ?
A la solidarité des colonisés et des ex-colonisés s'ajoute aujourd'hui, sous l'influence d'un marxisme qui commence à pénétrer la conscience des peuples " moins développés " et à s'y mêler à la haine du Blanc exploiteur, un " anti-impérialisme " qui, n'en déplaise aux Américains, ne fait plus guère de distinction entre " colonialisme " et " capitalisme ". Qu'importe alors que la Russie ou le Japon, présents à la conférence, aient été eux-mêmes, puissances coloniales ?
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