Article de presse: Les deux jours qui ont lancé l'euro
Publié le 17/01/2022
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millions d'emplois sur la période 1997-1999.
Ce dynamisme économique retrouvé en Europe cache toutefois d'importantes disparités.
" Les économies candidates àl'adoption de la monnaie unique ne sont pas en phase d'un point de vue conjoncturel, notent les analystes de la société de BourseAurel.
Certaines, à l'image de celles de la Péninsule ibérique, de la Finlande ou des Pays-Bas, sont déjà engagées dans une phasede croissance solide alors que d'autres sortent tout juste d'une longue période de marasme.
" L'écart de croissance, cette année,entre d'un côté le groupe constitué par l'Allemagne, la France, l'Autriche et l'Italie, de l'autre le reste de l'Euroland (Espagne,Finlande, Irlande, Pays-Bas et Portugal) s'établira à 1,5 point.
Ce décalage ne sera pas sans poser de sérieux problèmes à lafuture BCE, les opérateurs des marchés cherchant aujourd'hui à deviner si elle adaptera sa politique aux pays les plus avancésdans le cycle économique ou au contraire à ceux des nations les plus attardées.
De façon plus générale, la convergence monétaire et financière reflétée par le respect des critères en matière de financespubliques, d'inflation et de taux d'intérêt cache d'importantes divergences dans ce que les spécialistes ont coutume d'appelerl'économie réelle.
L'Europe des onze se présente d'abord comme un espace économique très inégalitaire, tant en matière depuissance commerciale et industrielle, de niveau de vie que d'exposition au chômage.
Disparités
A eux trois, la France, l'Allemagne et l'Italie représentent 75 % de la richesse globale de l'Union monétaire, les huit paysrestants se partageant le solde.
De la même façon, le rapport entre le PIB du Portugal et celui de l'Allemagne s'établit à un pourvingt-deux.
Même disparité en ce qui concerne les pouvoirs d'achat : alors que le produit intérieur brut par habitant atteint 251 600 francsau Luxembourg, il n'est que de 62 808 francs au Portugal, pour une moyenne de 141 841 francs à l'intérieur de l'Unionmonétaire.
Le taux de chômage, enfin, qui s'inscrivait à 6 % en Autriche en 1997, s'établissait à 22 % en Espagne.
Les Etats-Unis, commele soulignent les experts de la CDC, ne connaissent pas une telle divergence (le taux de chômage allant de 3 % dans l'Utah à 7 %en Virginie de l'Ouest en 1997), grâce à des migrations plus faciles et à un fédéralisme fiscal, c'est-à-dire à des mécanismes detransferts publics automatiques entre Etats.
L'harmonisation des taux de chômage en Europe passerait donc d'abord, dans cesconditions, par celle des politiques fiscales et budgétaires, celle des régimes de protection sociale et d'organisation du marché dutravail.
Dans tous ces domaines, l'Euroland se présente comme une zone totalement éclatée.
Quelques exemples : en Irlande, le taux del'impôt sur les sociétés varie de 10 % à 40 %, en Allemagne de 30 % à 45 % ; le taux normal de TVA se situe à 22 % enFinlande, mais à 16 % seulement en Allemagne ; l'Allemagne ne connaît pas de salaire minimum légal, contrairement à la France ;le montant des allocations familiales, pour deux enfants, selon une étude du patronat allemand, s'élève à 550 marks auLuxembourg (1 850 francs) contre 53 marks au Portugal (180 francs).
La grande question qui se pose est de savoir si la monnaie unique permettra d'effacer rapidement ces distorsions, entraînera unehomogénéisation totale des économies européennes ou au contraire, comme le pronostiquent les eurosceptiques, si elle ne pourrasurvivre aux disparités et aux spécificités nationales.
PIERRE-ANTOINE DELHOMMAIS Le Monde du 2 mai 1998.
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