Article de presse: Les accords d'Evian
Publié le 17/01/2022
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force.
Néanmoins, c'en est trop.
Et c'est le 13 mai.
La IV e République s'effondre.
Le 13 mai est apparemment la victoire de l'Algérie française et, si mesurés ou ambigus qu'ils soient, les propos du général deGaulle entretiennent cet espoir jusqu'au référendum du 28 septembre 1958.
Le " Je vous ai compris ! " du 4 juin retentiralongtemps comme une promesse avant de lui être porté à charge comme une duperie.
La déclaration du 23 octobre 1958, qui comporte l'appel à la " paix des braves ", retient comme base de la solution politique" la personnalité courageuse de l'Algérie et son association étroite avec la métropole française ".
Le 8 janvier 1959, le jour mêmeoù il prend ses fonctions de président de la République, le général de Gaulle destine à cette même Algérie " étroitement associéeà la France " une " place de choix " dans l'ensemble formé par la métropole et les républiques africaines.
Pendant neuf mois, la solution politique s'en tiendra là, et le gouvernement cherchera plutôt une issue ou une évolution dans ledomaine économique et social (plan de Constantine) et militaire (plan Challe).
Vient enfin la déclaration du 16 septembre 1959, dont les termes, soigneusement pesés, laissent apparaître un tournant décisif,en tout cas une telle préférence.
Certes, le chef de l'Etat donne comme fondement à sa politique l'autodétermination, mais il estclair qu'entre les trois options théoriques qu'il envisage il écarte l'intégration baptisée francisation et la sécession qui ne se confondpas dans son esprit avec l'indépendance, et qu'il ne retient finalement que " le gouvernement des Algériens par les Algériens ".
1960-1962 : l'Algérie algérienne et l'indépendance
C'est au dernier jour de la " tournée des popotes ", le 4 mars 1960, que le général de Gaulle prononce pour la première fois,comme à la cantonade, l'expression " l'Algérie algérienne ".
Comme lors de la déclaration du 16 septembre, on s'empresse à Alger d'indiquer qu'il ne faut pas prendre la formule au piedde la lettre.
En fait, la formule et la politique qu'elle implique ne cessera plus de développer ses virtualités et ses effets.
Le 4 novembre 1960, le général de Gaulle affirme que " l'Algérie aura son gouvernement, ses institutions et ses lois "; Il glissemême les deux mots explosifs, la " République algérienne ", pour dire que, si elle n'a encore jamais existé, " elle existera un jour ".
Un mois après, son voyage en Algérie est accompagné de violentes manifestations européennes, puis de contre-manifestationsmusulmanes aux cris d'Algérie algérienne ou musulmane.
Nul ne peut plus entretenir de doute sur la politique algérienne, et c'est àcette époque que se nouent les premiers contacts en vue d'un putsch militaire en Algérie.
Tandis que les deux parties affirment publiquement leur volonté de négocier et que des conversations ont commencé en secret,le général de Gaulle apporte un développement nouveau à sa politique.
Le 11 avril, il se dit persuadé que l'Algérie sera un Etatsouverain, " au-dedans et au-dehors ".
Le putsch a lieu dix jours après pour tenter de sauver, d'imposer, l'Algérie française.
Enfin, pour la première fois, le 11 juillet, le président de la République déclare que la France accepte " un Etat algérienindépendant "; " un Etat souverain et indépendant ", confirmera-t-il le 2 octobre.
" L'association " avec la France, qui reste lacontrepartie de l'indépendance, devient cependant " coopération ".
Faute de quoi il y aura " dégagement ".
En sept ans (du 1 er novembre 1954 au 2 octobre 1961), la solution politique s'est précisée peu à peu, s'est imposée en dépit des prudences verbales, des refus de principe, des crises politiques et des coups de force.
JACQUES FAUVET Le Monde du 20 mars 1962.
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