Article de presse: L'économie soviétique à la recherche de l'efficacité
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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Ce plan prévoit la quantité et la qualité des marchandises à produire.
Il fixe les tarifs et aussi le montant du bénéfice quel'entreprise doit dégager au bout de l'année.
Or, remarquait Liberman, ces critères du succès sont dans la pratique souvent encontradiction les uns avec les autres ils ne sont pas nécessairement la preuve d'un progrès économique.
Il faut donc privilégier unde ces indices.
Dans le système traditionnel, c'est le volume de production d'une entreprise qui constitue l'indice privilégié.
Si lafirme dépasse en quantité les objectifs du plan, elle reçoit les plus fortes primes auxquelles elle peut prétendre.
De ce fait, elle aintérêt à fabriquer des produits lourds et encombrants, qui augmentent le volume global (et qui, en bien des cas, ne servent àrien).
A d'autres moments, il est vrai, on a pris comme indice privilégié la production d'une entreprise calculée en roubles.L'entreprise avait donc intérêt à faire porter ses efforts sur les produits les plus chers selon les barèmes soviétiques.
Pendant ce temps, l'innovation technique, pourtant souhaitée en haut lieu, est le dernier des soucis d'un responsabled'entreprise.
Pourquoi prendrait-il le risque inéluctable de ralentir, pendant la période d'essai, le rythme de l'usine ? Il aurait alors beaucoupplus de mal à exécuter le plan qui lui a été fixé et se verrait imposer des pénalités...
Les réformateurs avaient beau jeu deconstater que le système en vigueur faisait obstacle au progrès technique.
Liberman proposait alors que le bénéfice deviennel'indice privilégié du succès d'une entreprise.
Il cherchait de cette façon à supprimer les contradictions entre les intérêts del'économie nationale, ceux de l'entreprise et de chacun de ses ouvriers.
L'entreprise sera récompensée si elle contribue à l'essorde l'économie nationale et chaque travailleur doit avoir sa part du profit de l'entreprise.
Le plan en question
Le bénéfice devient-il l'indicateur principal ? Une entreprise peut alors s'imposer, pour contribuer au progrès technique, dessacrifices temporaires sans s'exposer aux foudres de l'administration.
Elle a une chance de tirer, par la suite, un plus grand profitde son activité.
Elle a intérêt à soigner l'exécution du travail, à refuser matières premières et matériel défectueux, puisque son souci majeur estdésormais de satisfaire le client.
Pour cela, il est nécessaire de relâcher la tutelle du plan.
Celui-ci n'établirait plus que la liste desprincipaux objectifs, rassemblerait les prévisions de toutes les entreprises, préciserait à chaque unité de production ce que lacollectivité attend d'elle et laisserait beaucoup d'initiative dans la réalisation du programme.
Ces suggestions suscitèrent beaucoup de critiques dans les milieux dits conservateurs...
Elles seront reprises en 1965 dans la" réforme Kossyguine ", mais assorties de tant de clauses de sauvegarde que les idées originales des réformateurs apparaîtrontdénaturées...
Khrouchtchev, lui, encouragea les réformateurs à présenter leurs projets.
En novembre 1962, il déclarait devant le comitécentral qu'il fallait étudier avec attention les idées de Liberman.
Mais, ajoutait-il, il est beaucoup trop tôt pour prendre unedécision.
Au même moment, le premier secrétaire, chef du gouvernement, mijotait une autre réforme de structures.
A ce comité centralde novembre 1962, il faisait scinder en deux tout l'appareil du parti.
Dans tout le pays, il y aurait deux organisations distinctes,une pour l'agriculture, l'autre pour l'industrie.
Cette réforme-là allait avoir des conséquences politiques majeures deux ans plustard.
On peut, avec le recul du temps, estimer qu'elle fut déterminante dans la révolte des membres de l'appareil, révolte quiaboutit, le 13 octobre 1964, au limogeage, par le comité central, du premier secrétaire du parti.
Au même moment, d'ailleurs,Khrouchtchev s'était mis à dos de hauts fonctionnaires de l'administration d'Etat, notamment les techniciens du plan.
Ces expertsavaient préparé un nouveau plan quinquennal.
Khrouchtchev les pria de refaire tout leur travail.
Il lui fut alors reproché d'avoir développé ses idées personnelles sans mêmeavoir consulté ses collègues.
Il voulait désormais un plan de sept ans.
Un compte rendu de cette rencontre fut publié dans lesIzvestia du 1eroctobre.
Compte rendu très incomplet.
Mais les extraits et le résumé du discours indiquent que, pour la premièrefois, le premier secrétaire s'en prenait au dogme sacro-saint de la priorité absolue à l'industrie lourde, dont il s'était fait lechampion contre Malenkov.
" Maintenant que nous avons une puissante industrie lourde, disait-il, et que la défense nationale est au niveau voulu, le partipeut s'occuper du développement des moyens de production qui servent à l'industrie de consommation.
" C'est alors ques'achève une décennie d'efforts, à la fois réels et désordonnés, pour remettre d'aplomb l'économie soviétique.
Réformes destructures incessantes et foucades pour que l'agriculture réussisse enfin à nourrir la population.
Il y eut, par exemple, cette bataillepour le défrichement de millions d'hectares de terres vierges.
Pendant les cinq premières années de Khrouchtchev, ces efforts ontporté des fruits, d'autant plus que le pouvoir donnait beaucoup de crédits à l'agriculture.
Mais, à partir de 1959, au moment où.
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