Article de presse: Le XXe congrès du PCUS
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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rejette au second plan le rôle de la personnalité.
Il n'empêche que, pendant une trentaine d'années, tout le système soviétique aété fondé sur la terreur et sur le dogme de l'infaillibilité de l'idole.
L'autorité venait d'en-haut.
Tous ceux qui avaient le droit dedonner des ordres en URSS et dans les PC étrangers n'étaient que le reflet de Staline.
Le rapport secret détruit toute cettepyramide alors que les chefs du Kremlin n'étaient pas prêts à faire jusqu'au bout l'inventaire du passé, ni à remplacer par ladémocratie le régime autoritaire.
Il était dès lors prévisible que le mouvement échapperait à leur contrôle.
En effet, quelques semaines après le congrès, lesétudiants, les ouvriers soviétiques, s'agitaient : ils demandaient des comptes à leurs dirigeants et osaient dire qu'ils ne croyaient pasce qu'on leur racontait.
Les Polonais et les Hongrois exigeaient le départ des dirigeants staliniens, ils réclamaient une révisionprofonde du régime.
De l'autre côté, les Chinois commençaient à penser que leurs camarades soviétiques perdaient la tête.
Presque toutes les crises qui ont secoué le monde communiste par la suite sont la conséquence du rapport secret.
Cela nesignifie d'ailleurs pas que les troubles auraient été évités si Nikita Khrouchtchev s'était tu le 24 février 1956.
Son discours aprécipité les événements plutôt qu'il ne les a provoqués.
La vérité, c'est que l'URSS, le monde communiste, ont été menés pardes méthodes brutales, inhumaines et absurdes et que Staline était fort heureusement irremplaçable.
Alors, le système devaitcraquer plus ou moins tôt après la disparition du fétiche.
Certains se demandent à présent en URSS et ailleurs si Khrouchtchev n'a pas exagéré et s'il ne convient pas de reconnaître lesvertus du dictateur décédé en 1953.
Emporté par sa colère, l'orateur du rapport secret a, en effet, oublié de dire que, après avoirdécapité l'armée, son prédécesseur avait aussi travaillé à la victoire de 1945.
On pourrait également faire le bilan des progrèsmatériels enregistrés par l'URSS pendant les années du culte de la personnalité.
Mais ces résultats ont été obtenus au prix demassacres inutiles et de la perversion du système.
Aujourd'hui encore l'Union soviétique ne parvient pas à extirper le mal qui l'afrappée.
En réalité, Khrouchtchev n'est pas allé, il ne pouvait aller aussi loin qu'il le fallait.
Il importe moins de peser les mérites et lescrimes de Staline que de savoir pourquoi le PC soviétique s'est confié à un tel maître et pourquoi il ne reconnaît pas encore que,ce faisant, il a commis une dramatique erreur d'aiguillage.
En dosant les critiques, M.
" K " a pris des demi-mesures qui devaientmécontenter à peu près tout le monde, alors qu'il lui aurait sans doute fallu répudier totalement le stalinisme.
BERNARD FERON Le Monde du 23 février 1966.
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