Article de presse: Le traité de Moscou et la limitation des armements
Publié le 22/02/2012
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Johnson et Nixon ne pouvaient ignorer cet aspect.
Ils n'auraient pas lancé le premier et conclu le second traité s'ils n'avaient pasabandonné leurs idées antérieures sur le problèmes allemand et renoncé à cette réunification qui, jusqu'en octobre 1966, était, enbonne doctrine atlantique, la clé de la détente avec Moscou.
Ralentie par la guerre d'Indochine et par l'invasion de la Tchécoslovaquie, la négociation s'est heurtée non seulement auxobjections de la France et de la Chine, bien que le traité n'affecte en rien leur propre liberté, mais à celles de nombreusespuissances moyennes, comme l'Inde, le Japon, l'Italie, l'Espagne, le Brésil et, bien entendu, l'Allemagne, qui craignentd'hypothéquer leur destin, et à d'autres qui redoutent les effets du condominium soviéto-américain, comme Cuba, la Roumanie,etc.
Ratifié par Washington et par Moscou depuis novembre 1969, le traité ne l'a pas encore été par le Bundestag.
Si la pressionde l'URSS à cet effet s'est sensiblement relâchée, c'est évidemment parce que avec les traités de Moscou et de Varsovie, avec lechancelier Brandt, elle a obtenu bien davantage encore.
Insuffisamment remarquées, la convention qui interdit les armes biologiques et chimiques et la décision spectaculaire de RichardNixon de faire détruire des quantités d'armes de ce type ont pour la première fois débordé le cadre des accords dont les tierssont appelés à supporter le poids essentiel, et qui sont dépourvus de signification militaire.
Mais l'accord qu'ont conclu Brejnev etNixon a, sur tous les plans, une tout autre portée : " C'est la première fois que les deux Super-Grands concluent un accord relatifaux armements qui ne demande rien à d'autre pays ".
" C'est la première fois qu'ils sont seuls à le conclure.
"
La fin du tripartisme
Les traités précédents prolongeaient le tripartisme des conférences de Téhéran (1943), de Yalta (1945), et de Potsdam(1945).
Aujourd'hui, la Grande-Bretagne n'a pas été conviée.
La raison est évidente : elle ne possède ni fusées intercontinentales,ni missiles antimissiles.
Il n'en est pas moins significatif que son absence, alors qu'elle vient d'être admise dans le Marché commun,montre qu'elle ne fait plus partie du " club ".
Si d'autre membres devaient un jour y être admis, ce ne pourrait être, à vueshumaines, en dehors de la Chine, qu'une Europe qui aurait su s'unir pour sa défense.
C'est la première fois que les Super-Grands limitent effectivement la production de certains types d'armements.
On peutretrouver dans l'histoire quelques précédents, et notamment les accords de limitation des tonnages navals conclus avant ladeuxième guerre mondiale.
Mais rien de tel ne s'est jamais produit à l'ère nucléaire.
C'est la première fois qu'est vraiment surmonté le problème du contrôle, sur lequel avaient buté dans le passé la plupart desdiscussions sur le désarmement, au point que, lorsque fut conclu, en 1963, le traité sur l'arrêt partiel des essais nucléaires, il a étélimité aux seules explosions que l'on peut constater du dehors.
Khrouchtchev, après avoir admis le principe de quelques inspections sur place, y avait en effet renoncé : l'obsession del'espionnage, qui lui avait fait rejeter, en 1955, au sommet quadripartite de Genève, le plan de " cieux ouverts " (d'inspection paravion) proposé par Eisenhower, était demeurée très vive chez lui.
Rien ne prouve que ses successeurs ne l'éprouvent pas autant.Mais ils ne peuvent pas ignorer que l'avènement des satellites artificiels a fait du plan de " cieux ouverts ", qu'ils le regrettent ous'en réjouissent, une réalité.
Henry Kissinger a pu dire, vendredi, que les Etats-Unis avaient les moyens de contrôler l'exécutionde l'accord Nixon-Brejnev.
L'URSS les a aussi, n'en doutons pas.
Un climat de confiance
Pour une fois, c'est la science qui a permis de sortir d'une impasse politique.
Il reste que l'accord n'aurait pas été possible si lacommune volonté d'aboutir n'avait pas établi entre les deux délégations un climat de confiance suffisant pour qu'elles acceptent dese communiquer, sur l'état de leurs préparatifs, des informations dont la divulgation, quelques années plus tôt, aurait valu à sonauteur la chaise électrique ou le poteau d'exécution.
C'est la première fois, enfin, depuis un quart de siècle, que les maîtres des Etats-Unis et de l'URSS concluent un accord enpersonne.
Il est significatif qu'ils le fassent alors que se déroule en Indochine une guerre abominable, dont le moins qu'on puisse dire estqu'elle n'aurait pas pris une telle ampleur si les Etats-Unis n'y étaient pas intervenus directement, et si l'Union soviétique nefournissait pas à Hanoï et au Front de libération une aide considérable.
Dans les années 1964-1968, l'escalade au Vietnam, puisla guerre de six jours, avaient considérablement pesé sur les relations soviéto-américaines, qui étaient toujours restées, enapparence au moins, extrêmement froides, et elles avaient empêché toute rencontre officielle-la visite d'Alexis Kossyguine à.
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