Article de presse: Le refus des ingérences étrangères
Publié le 22/02/2012
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L'enjeu des blocs
Tel était notamment le point de vue des Etats de la Communauté, qui ont, en de nombreuses occasions, recommandél'ouverture aussi rapide que possible de négociations avec le GPRA.
Tel était aussi le cas des Américains : leur anticolonialismede principe n'en était pas la seule raison.
Non seulement l'affaire d'Algérie les mettait, comme le conflit israélo-arabe, dans uneposition difficile pour disputer à Moscou les sympathies du tiers-monde, mais ils ne pouvaient envisager sans inquiétude unesituation qui laisserait au-delà de la Méditerranée le meilleur des troupes françaises, privait le commandement atlantique de dixdivisions depuis longtemps promises, faisait de la Bundeswehr, quinze ans après la capitulation du Reich, la principale arméed'Europe occidentale.
En sens contraire jouait la crainte de certains militaires de voir le départ de la France du Maghreb engendrer une anarchie à lafaveur de laquelle l'URSS étendrait sa zone d'influence.
Aussi, le souhait très net de Washington était-il que l'indépendanceinévitable de l'Algérie ne signifie pas la rupture avec la métropole, mais l'établissement avec celle-ci de liens nouveaux decoopération comparables à ceux que Paris a su, au cours des dernières années, nouer avec la plupart des Etats successeurs del'AOF et de l'AEF.
Le bloc soviétique s'est contenté de donner à la rébellion l'appui diplomatique de principe qu'il accorde à tout mouvementanticolonialiste à l'extérieur de ses frontières, de lui faire parvenir quelques chargements d'armes et de lui prodiguer les bonnesparoles.
Mais jamais rien qui justifie le spectre souvent agité, pour des raisons opposées, des deux côtés de la barricade, d'uneintervention directe dans le conflit.
Les dirigeants du FLN, pendant des années, n'ont été reçus à Moscou que par des sous-chefs de bureau.
Les déléguéssoviétiques aux Nations unies, tout en votant pour les résolutions favorables au GPRA, tenaient des propos relativementmodérés.
Quant à la Chine, dont plus d'un observateur s'est attendu, à diverses reprises, à voir arriver les " techniciens " sur le barrage dela frontière tuniso-algérienne, Ferhat Abbas a parfaitement résumé son attitude dans l'article qu'il consacra dans le Moudjahid àson entrevue avec Mao Zedong.
Tenez bon le temps qu'il faudra; mais ne comptez que sur vous-mêmes, lui avait dit en substancele président chinois.
En dépit de tout le bruit fait à l'ONU et ailleurs, en dépit des innombrables voyages de ses dirigeants à travers le monde, l'appuiobtenu par le GPRA est donc resté essentiellement politique et psychologique.
Cette guerre de sept ans aura été pour l'essentielune affaire entre la France et les deux communautés algériennes.
Est-ce à dire que le contexte politique international n'a joué qu'un rôle secondaire dans le conflit algérien ? Bien au contraire.
Sila V e République a fini par traiter avec le FLN, c'est en grande partie parce que ses animateurs ont réussi à persuader l'opinion mondiale et les chancelleries que l'Algérie avait droit, au même titre que le Maroc et la Tunisie, l'Inde ou le Ghana, àl'indépendance qu'ils étaient eux-mêmes les représentants les plus qualifiés, sinon les seuls, du peuple algérien.
ANDRE FONTAINE Le Monde du 20 mars 1962.
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