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Article de presse: Le "parti du président" algérien obtient la majorité absolue à l'Assemblée

Publié le 17/01/2022

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5 juin 1997 - Le régime algérien n'a pas grand-chose à redouter de la prochaine Assemblée nationale. Avec 155 sièges sur 380 à l'issue du scrutin du jeudi 5 juin, le Rassemblement national démocratique (RND), le parti du président Zéroual créé il y a quatre mois à peine, et son allié le Front de libération nationale (FLN), l'ancien parti unique, qui a obtenu 64 sièges, disposeront de la majorité absolue jusqu'en 2002, date de la fin de la législature. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas) du cheikh Mahfoud Nahnah arrive en deuxième position, avec 69 sièges, selon les résultats globaux du scrutin, rendus publics par le ministre de l'intérieur, Moustafa Benmansour. Arrivé en deuxième position, entre le RND et le FLN, le parti des islamistes "modérés" de M. Nahnah distance largement l'autre courant islamiste, réputé plus dogmatique, celui d'Ennahda, qui a obtenu 34 sièges dans un scrutin marqué par un taux d'abstention inhabituellement élevé (34,5 %). Viennent ensuite le Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed, qui dépasse d'une courte tête en voix son rival, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Saïd Saadi, sans obtenir davantage de sièges (19 pour chacun des deux). L'Alliance nationale républicaine (ANR), de l'ancien premier ministre Redha Malek, en revanche, n'obtient aucun élu, pas plus que le Parti du renouveau algérien (PRA) de Nouredine Boukrouh, qui, à la surprise générale, avait recueilli plus de 400 000 suffrages à l'élection présidentielle. Autre surprise, le bon score réalisé par le Parti des travailleurs (extrême gauche), sans doute dopé par le franc-parler de sa porte-parole, Louisa Hanoune, quarante-trois ans. Il sera présent dans la future Assemblée, avec 4 députés. Si le score du FLN, que l'on disait à l'agonie, a étonné, celui du RND ne constitue pas une surprise, pas plus que le contrôle assuré de la future Assemblée qui dispose d'un pouvoir réduit par une majorité RND-FLN, épaulée si nécessaire par les indépendants (11 sièges). Quelques heures après l'annonce des résultats, de rares voitures célébraient dans le centre de la capitale la victoire du camp gouvernemental. En revanche, le score du MSP a déçu. A l'élection présidentielle de novembre 1995, Cheikh Nahnah avait obtenu 2,9 millions de voix. Son parti, qui a su récupérer une partie de l'électorat de l'ex-FIS, n'en recueille cette fois que 1,5 million. Cette dégringolade inattendue et fort mal ressentie par les militants du MSP à Alger a été imputée par Cheikh Nahnah à des fraudes dont, selon lui, se serait rendue coupable l'administration. "Même s'ils nous placent en deuxième position, ces résultats ne traduisent guère nos aspirations. L'écart qui nous sépare du premier [parti] est artificiellement gonflé", a dit Cheikh Nahnah à ses militants. Quelques heures plus tard, il a précisé qu'au niveau national, selon les pointages des membres de son parti, le MSP était arrivé en tête. Le MSP dont deux membres siègent au gouvernement a déposé des recours auprès du Conseil constitutionnel, et ce n'est qu'au vu des réponses qu'il décidera de son attitude. D'ici là, Cheikh Nahnah, peu tenté par un affrontement avec le pouvoir, a demandé à ses électeurs de "garder la tête froide". "Fraude à grande échelle" La déception est également perceptible parmi les deux partis qui se disputent les voix kabyles. Crédité d'un peu moins de 500 000 voix, un score légèrement inférieur à celui des législatives de décembre 1991, le FFS, par la voix de son numéro deux, Seddik Debaïli, a dénoncé un scrutin qui s'est déroulé dans "l'opacité la plus totale", et des résultats "élaborés par le laboratoire" (le ministère de l'intérieur). Pour autant, M. Debaïli s'est contenté d'évoquer, en matière de protestation, "une action pacifique et démocratique" qui reste à définir. Le secrétaire général du RCD a été plus véhément. Dénonçant la "fraude à grande échelle" qui aurait entaché le scrutin, le docteur Saïd Saadi, un psychiatre de quarante-neuf ans, a lancé : "Ces résultats n'augurent rien de bon pour le pays." "Nous avons été spoliés d'un important capital de voix, notamment à Alger, où nous sommes arrivés largement en tête, a-t-il indiqué avant d'ajouter : les bureaux de vote ont été parfois vidés par la force pour laisser le dépouillement se faire avec la présence exclusive des représentants du "parti du pouvoir." Lors de la présidentielle de 1995, M. Saadi avait recueilli 1 million de voix. Les fraudes dénoncées par les partis d'opposition touchent également au taux de participation. Officiellement, il a atteint 65,5 %, mais, de l'avis de nombreux experts, il serait en réalité légèrement inférieur à 50 %. Dans la capitale, créditée d'une participation de 43,2 % par le ministère de l'intérieur, le taux effectif de participation n'aurait pas dépassé 30 %. La Kabylie a également moins voté que le reste du pays. JEAN-PIERRE TUQUOI Le Monde du 9 juin 1997

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