Article de presse: Le mur de la honte
Publié le 22/02/2012
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On se souviendra d'ailleurs que l'année dernière, à pareille époque déjà, sous le prétexte de conjurer l'infiltration " militariste etrevancharde ", Pankow avait édicté à l'encontre des citoyens de la République fédérale qui voulaient visiter Berlin-Est desprescriptions discriminatoires qui parurent sur le moment annoncer des restrictions d'envergure au libre passage de la ligne dedémarcation.
A telle enseigne que le gouvernement fédéral, désireux d'en prévenir l'extension, s'était décidé à la fin de septembre-avec la seule bénédiction américaine, il est vrai-à dénoncer l'accord de commerce interzones.
Un compromis sauva la situationavant la date (31 décembre), où cette dénonciation devait entrer en vigueur.
Sans rapporter officiellement les mesures en litige(qui d'ailleurs avaient toujours été appliquées avec beaucoup d'élasticité), Pankow accepta de les laisser tomber en désuétude, etde part et d'autre on reprit l'échange des marchandises.
Il est évident que si l'Allemagne fédérale a rompu une première fois lesrelations commerciales interzones pour faire pièce à ce qui peut apparaître aujourd'hui, avec le recul du temps, comme unechicane gratuite mais sans portée profonde, elle ne saurait tarder à les rompre de nouveau, et cette fois sans atermoiements nipréavis, pour répliquer à un " ukase " condamnant à la captivité les deux ou trois cent mille Allemands qui normalement auraientchaque année cherché asile sur son territoire.
Pankow veut forcer la main aux Occidentaux
Les commentaires recueillis ce matin sont unanimes à stigmatiser l'auto-blocus de la zone soviétique, mais on hésite encore àréclamer des réactions rigoureuses.
Visiblement les commentateurs ne veulent pas forcer la main aux hommes d'Etat chargés deconcerter et de coordonner la riposte occidentale.
C'est seulement si cette riposte était ajournée ou se bornait à des déclarationsplatoniques qu'on verrait apparaître les premières scènes d'impatience ou de défection.
Pour l'immense majorité des hommes et des esprits politiques de la République fédérale, l'ouverture de négociations Est-Ouestdans la situation actuelle équivaudrait à une capitulation.
Les conversations sur Berlin ou sur l'Allemagne ont en effet maintenantun " préalable ": le retour au statu quo ante.
Il est visible à Bonn que Pankow cherche dans un premier temps à mettre le marché en main aux Occidentaux.
Les mesuresdécrétées hier resteront valables " jusqu'à la conclusion d'un traité de paix ".
Ce qui signifie qu'elles ne seront levées que sil'Occident finit par concéder à la RDA un droit de regard sur son trafic aérien.
Depuis hier, la souricière a été bouchée à l'entrée.Demain, si les alliés s'inclinaient, elle serait fermée à la sortie.
Dans un deuxième temps, Pankow, après avoir neutralisé sescandidats à l'évasion, tentera de neutraliser les causes mêmes de leur nostalgie d'évasion, à savoir Berlin-Ouest et la comparaisoncatastrophique pour le régime de M.
Ulbricht qu'elle permet au citoyen de faire en permanence.
ALAIN CLEMENT Le Monde du 15 août 1961.
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