Article de presse: Le jour où Kinshasa est devenue la capitale du nouveau Congo
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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désemparés.
Ils ont été abandonnés par leur hiérarchie et ne savent plus à quel saint se vouer.
Les armureries ont été ouvertes dans l'après-midi.
Les hommes sont bien et lourdement armés.
A défaut de se battre, ilsutilisent leur matériel de guerre pour terroriser la population des quartiers environnants et piller les villas des dignitaires du régimeen fuite à l'étranger.
La propre résidence du maréchal Mobutu ne sera pas épargnée.
Tractations
Dimanche matin, les rebelles reprennent leur progression.
Arrivés aux portes du camp de la DSP, ils parlementent avec lecolonel et le major, les deux seuls officiers supérieurs présents sur les lieux.
Ils n'entendent pas déposer les armes et quitter leuruniforme.
Les militaires, au nombre d'une centaine, sont formels : "Nous sommes des soldats du Zaïre, nous voulons intégrer lanouvelle armée nationale", expliquent-ils aux rebelles.
A 11 heures, le major Samba fait ouvrir les grilles du camp.
De longuestractations s'engagent.
Quelques coups de feu claquent.
Les abords du camp sont farouchement gardés.
Les rebelles n'ont rienvoulu entendre.
Le reliquat de la DSP se rend sans conditions, dépose les armes et abandonne l'uniforme.
De nombreux civils ont consciencieusement visité les maisons des colonels en bordure du camp.
Comme des fourmis, ilsredescendent vers la ville la tête et les mains lourdement chargées.
Ils passent après les militaires et ramassent les restes.
Lesrebelles ont d'autres chats à fouetter.
Ils ne s'occupent pas d'eux.
C'est leur chance.
Au rond-point de Kitambo, la foule estcompacte.
Un coup de feu claque.
L'homme en uniforme s'effondre.
Le soldat-pillard de la DSP est mort.
Les rebelles neplaisantent pas avec l'ordre.
Un militaire qui pille est tué sur-le-champ, sans autre forme de procès.
Celui qui ne rend pas sonarme dès la première sommation est immédiatement tué.
Le camp Colonel-Kokolo est immense.
Le quartier des officiers supérieurs est encore propret.
Ils sont tous en civil, assis surles murets, sous la garde débonnaire d'une poignée de rebelles.
Un tas d'armes individuelles encombre la chaussée.
L'arméezaïroise n'a donc opposé aucune résistance.
Les rebelles contrôlent Kinshasa depuis dimanche soir.
Quelques quartiers excentréssont encore l'objet de pillages, mais pour peu de temps.
La bataille de Kinshasa n'a pas eu lieu.
Les scénarios-catastrophes échafaudés par des officiers de la DSP revanchards n'ontmême pas été évoqués.
La Croix-Rouge zaïroise a ramassé quelque deux cents corps dans la journée de dimanche.
Unesoixantaine ont été évacués sur les morgues des hôpitaux; les autres ont été immédiatement enterrés.
Kinshasa n'est plus la capitale du Zaïre.
Elle n'est pas encore celle de la République démocratique du Congo, le nouveau nomdu pays.
Les Kinois ont accueilli les hommes de Laurent-Désiré Kabila avec une joie empreinte d'inquiétude, et ils s'apprêtent àchanger d'hymne national et de drapeau.
Ils aimeraient que l'Alliance n'oublie pas Etienne Tshisekedi, le chef de file del'opposition radicale, ni la promesse de tenir des bientôt des élections générales pluralistes.
Kinshasa flotte entre deux statuts.
FREDERIC FRITSCHERLe Monde du 20 mai 1997.
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