Article de presse: Le dernier roi d'Egypte
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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En février 1948, à la sortie d'un cinéma, le roi est conspué, pour la première fois, par une foule de badauds.
En avril, nouveaufait sans précédent, la police se met en grève.
Les signes avant-coureurs de la décomposition de l'Etat se multiplient : débrayagesd'ouvriers de l'industrie, révolution paysanne sur les terres appartenant à des membres de la famille royale, extension de l'influencecommuniste dans les milieux urbains.
Le 15 mai 1948, la guerre de Palestine permet au roi Farouk de monter une manoeuvre de diversion de grande envergure.
La" jihad " (guerre sainte) contre les " usurpateurs sionistes " nécessite une " mobilisation nationale ".
La loi martiale est proclamée.Les communistes, assimilés aux sionistes pour les besoins de la cause, les syndicats, les dirigeants nationalistes, les " défaitistes ",sont internés en bloc.
La presse est muselée.
Le juif devient le seul ennemi à abattre.
Mais l'aventure ne dure pas.
La défaite militaire nourrit les rancoeurs non seulement des civils, mais surtout des soldats, qui,dans leurs tranchées, apprennent par des camarades de passage la dolce vita dans laquelle se complaisent le roi, son entourage etla classe dirigeante dans les cabarets du Caire et d'Alexandrie.
Vaincue, l'armée apprend la trahison dont elle était la victime :l'armement livré, de mauvaise qualité, avait été acheté, par des intimes du roi, au rabais contre de grosses commissions.
C'est lagoutte d'eau qui fait déborder le vase : Gamal Abdel Nasser et ses compagnons jurent d'abattre la monarchie honnie.
Le coup de grâce n'a été donné que le 23 juillet 1952; l'agonie devait en effet durer quatre ans, au cours desquels Farouk tentapar tous les moyens de prolonger la vie de son régime.
Le 26 janvier 1952, petit Néron, il assiste, impassible, à l'incendie du Caire.
Entouré de six cents officiers, invités à sa table, ilrefuse d'interrompre le banquet pour sévir contre les incendiaires.
Pourquoi l'aurait-il fait ? Le lendemain, il devait prendre prétexte de " l'incurie de l'administration " pour rétablir la loi martiale etrévoquer le gouvernement de Nahas Pacha.
Celui-ci, à l'encontre de la volonté royale, avait auparavant dénoncé le traité anglo-égyptien de 1936 et déclenché la guérilla contre les forces britanniques dans la zone du canal de Suez.
Parti en exil, le roi Farouk perdit rapidement la cohorte de confidents et d' " amis " qui l'avaient adulé pendant plus de quinzeans.
Il mena par la suite une vie relativement effacée, et il est mort oublié des hommes et de Dieu.
ERIC ROULEAU Le Monde du 19 mars 1965.
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