Article de presse: Le débarquement allié en Afrique du Nord
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
A Gibraltar, Eisenhower a donc quelque peine à lui expliquer que le grand chef, c'est lui-même, et qu'il n'est pas question de luidonner, à lui Giraud, le commandement en chef de toutes les forces alliées en Méditerranée pour débarquer illico en Provence.Les négociations seront si longues qu'il n'est pas à Alger le 8 novembre, et que l'appel qui lui est prêté est lu sans grand écho, à laradio, par un résistant algérois, Raphaël Aboulker, qui se fait passer pour lui.
En revanche, Darlan, qu'on n'attendait pas, est arrivé le 5 novembre au chevet de son fils Alain, atteint d'une poliomyélite.
Son séjour a-t-il ce seul motif ? Il est certes suffisant.
Ce marin roublard, après avoir cru à la victoire de l'Allemagne, pensemaintenant depuis quelques mois que le vent a tourné, s'il n'estime pas les Etats-Unis capables d'une action de grande envergureavant 1943.
Laval l'a évincé de ses fonctions de vice-président du conseil - chef du gouvernement de fait - mais il reste le dauphinde Philippe Pétain et commandant en chef des armées.
Il n'oublie pas qu'il tient sa légitimité du maréchal, et que les Allemands -et ils n'y manqueront pas - envahiront la zone non occupée si l'Afrique du Nord se rallie aux Alliés.
Son principal atout, la flotte de haute mer qu'il a lui-même construite, est à Toulon, sous les ordres de l'amiral Jean de Labordeviolemment anti-anglais.
Dans la nuit du 7 au 8 novembre, les jeunes résistants, avertis à la dernière minute par Murphy, s'emparent de la poste d'Alger,du commissariat central, des centres de communication avec la métropole et surtout de la villa des Oliviers, où dorment Darlan etle général Juin.
Au Maroc, le général Béthouart encercle la résidence du général Noguès et le somme de se rallier.
Un aviso anglais tente de forcer l'entrée du port d'Alger pour y débarquer des rangers.
Les canons de la marine le réduisent àl'état d'épave.
Un peu partout, l'opération prend du retard.
Les Américains, qui ont été pourvus de guides fournis par lesconjurés, n'entrent pas dans Alger.
La lenteur de leur progression, la prudente éclipse du général Mast, donnent le temps auxforces loyales à Vichy de se ressaisir.
Le commandant Dorange, qui découvre par hasard qu'ils sont prisonniers des volontairesde l'aspirant Pauphilet, délivre son chef le général Juin et Darlan.
Au Maroc, le général Béthouart, encerclé à son tour, est traduitdevant un tribunal militaire et échappera de justesse, grâce au général Patton qui commande les troupes américaines, au poteaud'exécution.
On se bat durement à Oran.
Giraud n'arrivera que le lendemain à Blida, resté, grâce au général de Monsabert, auxmains des conjurés.
Personne, ou presque, ne l'y attend plus.
S'engage entre Murphy et le général Clark, d'un côté, Darlan assisté du général Juin de l'autre, une étonnante négociation.
Lesdeux premiers veulent un cessez-le-feu, Darlan veut se couvrir d'un accord que Pétain, à Vichy, ne peut lui donner ouvertement.Juin, homme de bon sens, s'efforce de calmer à la fois l'amiral et les Américains.
On parle de " baroud d'honneur " les Américains ne peuvent concevoir qu'on puisse faire tuer des soldats de part et d'autrepour satisfaire les consciences de grands chefs militaires.
L'amiral fait enfin état d'un message secret faisant part de l' " accordintime " du maréchal (et curieusement " du président Laval " ) pour rassurer les esprits scrupuleux.
Une suspension d'armeslocales est conclue à Alger.
Il faudra deux jours pour qu'un accord général soit réalisé.
Il n'englobe pas la Tunisie, où les Alliésn'ont pas débarqué, mais où les Allemands ont profité des états d'âme du résident général, l'amiral Esteva, fidèle à Vichy, pourenvoyer des troupes aéroportées.
Le général Barré, commandant des troupes terrestres de la régence, s'est, lui, replié vers lafrontière algérienne en contenant de son mieux l'avance de la Wehrmarcht.
Pétain, malgré lui, reste officiellement au pouvoir en Afrique du Nord.
Roosevelt qualifiera Darlan d' " expédient provisoire ".La législation antijuive mettra quelque temps à être abrogée, une partie des " résistants du 8 novembre " se retrouveront internésderrière des barbelés.
L'amiral, lâché progressivement par ses " parrains ", régnera tant bien que mal jusqu'au 24 décembre, où iltombera sous les balles du jeune Bonnier de la Chapelle.
JEAN PLANCHAIS Le Monde du 16 novembre 1992.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- BETHOUART, Marie-Emile (1889-1982) Général, il aide le débarquement allié en Afrique du Nord.
- BETHOUART, Marie-Emile (1889-1982) Général, il aide le débarquement allié en Afrique du Nord.
- Le débarquement allié en Afrique du Nord (document Le Monde)
- Débarquement en Afrique du nord et en corse durant la 2nde GM
- Le débarquement en Afrique du Nord.