Article de presse: Le bombardement de Rotterdam
Publié le 17/01/2022
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10 mai 1940 - Le bombardement de Rotterdam, le 14 mai 1940, par les bombardiers de la Luftwaffe s'est soldé par un carnage.
A lui seul, il a coûté la vie à un tiers des quelque 3 000 civils tombés pendant les quatre jours de l'invasion des Pays-Bas par les troupes du Führer - une offensive dont ce bombardement a constitué à la fois le point d'orgue et le point final - la capitulation néerlandaise fut signée le 15 mai, à 9 h 15.
Un déluge de fer et de feu s'abat sur la ville, dans le vacarme macabre des bombardiers qui vomissent leurs munitions : 97 tonnes de bombes sont lâchées sur une superficie de 260 hectares.
Rotterdam s'embrase. Elle brûle sans rémission jusqu'à la tombée de la nuit. Le centre ville n'est plus qu'un tapis de braises rougeoyantes. Avec le jour se lève un violent vent d'est qui attise les brasiers à peine étouffés. Des pompiers volontaires accourent d'Amsterdam pour sauver ce qui peut encore l'être, de même que des soldats du feu... de la Ruhr, dépêchés pour combattre le sinistre. L'ampleur de celui-ci est encore attestée par le nombre des sans-abri : 78.000.
Un film de la propagande allemande commentera ainsi les images de Rotterdam en feu : " La clique gouvernementale néerlandaise est responsable. Au service de la ploutocratie britannique, elle a appelé son peuple à une vaine résistance avant de fuir elle-même à Londres, abandonnant le pays à son sort. Le glaive allemand devait irrémédiablement tomber afin de déjouer à temps les plans d'attaque anglais. " Sept mois après Varsovie et six mois avant Coventry, Rotterdam a été la cible d'un " bombardement de terreur ", en l'occurrence destiné à faire un nombre aussi élevé que possible de victimes civiles afin de faire plier les autorités d'un pays qui opposait à la volonté hégémonique de l'Allemagne une résistance plus vive que prévu.
Il semble acquis que le Reich n'envisageait pas, initialement, d'envahir intégralement son petit voisin qui, tout en pré-mobilisant ses forces armées (28 août 1939), avait exprimé sa volonté de rester neutre en accordant autant de soin à la protection de sa frontière à l'est qu'à celle de ses côtes, à l'ouest. Les Allemands prévoyaient seulement de " traverser " les provinces méridionales du Limbourg et du Brabant avant de marcher, via la Belgique, sur Paris. Mais après l'attaque de la Pologne, Hitler se mit à craindre que les Anglais n'établissent une tête de pont continentale pour organiser leur contre-offensive depuis les Pays-Bas. L'invasion et l'occupation de ces derniers furent alors décidées.
Lorsqu'à l'aube du 10 mai, les troupes allemandes violent la frontière, mal protégée, elles avancent vers des soldats mal préparés, qui se replient dans le désordre. La situation n'est guère meilleure dans l'ouest du pays où, en l'espace de quelques heures, trois aéroports, dont deux aux environs de La Haye, tombent aux mains des parachutistes ennemis. Des soldats aéroportés s'attaquent aussi aux ponts d'accès à Rotterdam, où des hydravions déposent, non loin du centre ville, cent vingt fantassins.
Au soir du 10 mai, les deux aéroports proches de La Haye ont été reconquis de haute lutte, et la défense antiaérienne a généralement bien fonctionné : elle a abattu plus de cinq cents avions de la Luftwaffe. Mais les renforts alliés tardent à s'organiser. Simultanément, les soldats allemands commencent à percer les lignes de défense néerlandaises.
Dès le 11 mai, l'envahisseur a la voie libre dans le Brabant et monte vers Rotterdam. La situation est si périlleuse que la princesse Juliana, alors prétendante au trône, et sa famille quittent La Haye pour Londres le 12 mai. La reine Wilhelmine et le gouvernement émigrent le lendemain, laissant les pleins pouvoirs au général Winkelman.
CHRISTIAN CHARTIER
Le Monde du 14 mai 1990
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