Article de presse: L'arrêt de mort des communistes indonésiens
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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complot aux ramifications encore mystérieuses, visant à l'associer à une action meurtrière permettant de déclencher contre lui larépression ?
Le 4 octobre, on découvre les cadavres des généraux, qui avaient été dissimulés dans un puits abandonné, à Halim.
Lelendemain, de solennelles funérailles nationales portent l'émotion à son comble.
Le président Sukarno n'y assiste pas.
L'heure est au drame.
La presse militaire appelle à la vengeance contre les communistes.
Avec l'appui à peine dissimulé del'armée, les étudiants musulmans et catholiques (il y a en Indonésie une influente minorité catholique) s'organisent en unmouvement, le KAMI, qui descend à son tour dans la rue pour réclamer l'interdiction du PKI, que Sukarno refuse toujours deprononcer.
De terribles massacres
Un contre-pouvoir à la puissance de Sukarno se met peu à peu en place, sans trop vouloir d'abord apparaître comme tel,autour du général Suharto.
Le 14 octobre, Sukarno, pour éviter une crise ouverte, se voit contraint de lui confier officiellement ladirection de l'armée, ce qu'il avait souhaité éviter.
Aussitôt, les parachutistes sont envoyés à Java Centre, bastion communiste,pour une terrible chasse aux sorcières.
Des massacres sans précédent commencent alors, qui vont s'étendre par la suite aux autres îles de l'archipel.
Peu à peu filtrentd'horribles récits de rivières chargées de cadavres, d'exécutions en masse.
Les victimes n'opposent pratiquement pas derésistance.
Le chef des parachutistes, le colonel Sarwo Edhie, confiait à un journaliste américain : " A Java, il fallait encourager lesgens pour qu'ils tuent les communistes, à Bali, il fallait les retenir ", admettant ainsi calmement que l'armée avait organisé lesmassacres.
A Java, les Jeunesses musulmanes y jouent un rôle actif.
" Les communistes nous avaient pris nos terres ", dira-t-onau même journaliste.
Ce bain de sang-y a-t-il eu 500 000 ou 1 million de morts ? personne n'a pu le dire avec certitude-projettesoudain l'Indonésie à la une des journaux.
Le Parti communiste indonésien est décapité, annihilé pour de longues années.
Lessurvivants, les sympathisants, sont jetés dans des camps où ils resteront, sans jugement pour la plupart, quelque quinze ans.
Pourtant, tout n'est pas encore joué.
Sukarno refuse d'entériner la nouvelle orientation, tentant de sauver ce qu'il peut de larévolution.
Il devient la cible des étudiants, toujours maîtres de la rue, l'armée feignant de voir en eux l'expression d'une " volontépopulaire ".
Le 11 mars 1966, c'est l'épreuve de force.
Des troupes " inconnues ", en fait les parachutistes de Sarwo Edhie,entourent le palais, où Sukarno a réuni le nouveau gouvernement, dont la composition est un véritable défi à l'armée.
Sukarno seréfugie en hélicoptère à Bogor.
Le soir même, il est obligé de céder une partie de ses pouvoirs à Suharto, qui, dès le lendemain,fait interdire le PKI.
Peu à peu déconsidéré par des révélations scandaleuses, le président résiste jusqu'en mars 1967, date à laquelle uneAssemblée du peuple dûment épurée porte le général Suharto à la présidence.
Assigné à résidence, malade, Sukarno mourra en 1970.
FRANCOISE CAYRAC-BLANCHARD Le Monde du 6-7 octobre 1985.
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