Article de presse: L'Afrique centrale francophone secouée par la violence
Publié le 17/01/2022
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novembre 1996, a bien fait vaciller le chef de l'Etat, pourtant démocratiquement élu en 1993.
La fraction de l'armée qui réclameson départ est fidèle à l'ancien président André Kolingba qui privilégiait les siens, comme M.
Patassé le fait aujourd'hui.
Depuis le mois de février, une force interafricaine de 700 hommes détachés par six pays (Burkina Faso, Gabon, Mali, Sénégal,Tchad et Togo), chargée de faire respecter les accords de paix signés à Bangui le 25 janvier, soutenue financièrement etlogistiquement par la France, n'a pas encore réussi à pacifier la capitale.
Au Congo-Brazzaville comme en Centrafrique, les conflits, largement sous-tendus par des problèmes régionaux et tribaux, ontété nourris par la déliquescence du régime zaïrois.
Les trois pays sont frontaliers.
Des fortunes se sont constituées sur la base detrafics en tous genres.
Les frontières ont toujours été perméables, et au cours des cinq dernières années, les barons du clanMobutu ont épaissi leur galette en vendant aux uns et aux autres de grandes quantités d'armes.
Il est également avéré que lesnouvelles autorités de Kinshasa, et ceux qui les soutiennent, apprécieraient l'effondrement de régimes qu'ils considèrent commecorrompus et anachroniques dans une Afrique qu'ils aimeraient voir aborder le troisième millénaire remodelée et dirigée par denouveaux chefs : des hommes forts, idéologues, pragmatiques et austères, à l'image du Rwandais Paul Kagamé.
Rien n'indique cependant que d'autres capitales francophones pourraient bientôt s'embraser.
Le Rwanda, le Burundi et l'ex-Zaïre, pour être francophones et avoir été soutenus par Paris, n'en sont pas moins d'anciennes colonies belges où la France n'ajamais eu de grands intérêts économiques.
A contrario de ces trois pays, le Congo-Brazzaville et le Centrafrique se sontfermement engagés au début des années 90 sur la voie de la démocratisation et aussi bien M.
Lissouba que Patassé, nonobstantleur passé, ont été élus au suffrage universel lors de scrutins pluralistes dont les résultats n'ont pas été contestés.
Les mutineries de 1996 en Centrafrique et l'élection présidentielle du 27 juillet au Congo-Brazzaville n'ont pas été programméesà Kampala, Kigali, Kinshasa ou Washington.
Et cette succession d'événements dramatiques en Afrique centrale tientvraisemblablement plus de la concomitance que de la logique.
Pour le reste, la démocratie sur le continent aura fait un pas degéant quand les Africains seront enfin à même de se décider, de choisir et de voter en fonction d'idées politiques, plutôt qu'enfonction de critères régionaux, ethniques, tribaux ou claniques : une question qui relève d'abord de l'éducation, donc dudéveloppement.
Tourner sciemment le dos au multipartisme, favoriser l'émergence d'une nouvelle caste d'hommes forts à la tête des Etats, sousle fallacieux prétexte que les sociétés africaines ne sont pas suffisamment mûres pour la démocratie, revient à faire un colossalbond en arrière.
Certains prétendent qu'il s'agit là de décisions courageuses et salutaires.
Mais revenir aux difficiles lendemainsdes indépendances n'incite pas particulièrement à l'optimisme.
FREDERIC FRITSCHERLe Monde du 26 juin 1997.
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