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Article de presse: La seconde mort de Mobutu

Publié le 17/01/2022

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mobutu
7 septembre 1997 - Mobutu Sese Seko n'a pas réalisé son rêve. Il n'est pas mort chez lui; il n'est pas mort au pouvoir. Celui qui répétait volontiers : " On ne dira jamais : voilà l'ex-président du Zaïre, mais : ci-gît Mobutu, président du Zaïre " a terminé ses jours en exil. Il s'est éteint dans un hôpital marocain, terrassé par un cancer généralisé. Les marabouts et les sorciers dont il s'entourait l'auront trompé jusqu'au bout : l'homme était mortel et le Zaïre ne lui appartenait pas. Muni de son bâton de chef en ébène et coiffé d'une éternelle toque de léopard, il avait quitté Kinshasa le 16 mai, en toute hâte. La rébellion née aux confins rwandais, en septembre 1996, parrainée par les pays voisins et les Etats-Unis, était aux portes de la capitale. Les troupes de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), de Laurent-Désiré Kabila, entrèrent en ville le lendemain, sans combattre. Le temps pour le maréchal Mobutu de gagner son palais de Gbadolite, au bord de l'Oubangui, son fief de l'Equateur, sa province natale. Il avait décidé de fuir après une nuit de discussion avec le général Nzimbi, le patron de la division spéciale présidentielle (DSP), le général Likulia Bolongo, premier ministre, le général Ilunga Shamanga, ministre de l'intérieur, et le général Mahele Bokungu Lieko, chef d'état-major et ministre de la défense. Les généraux lui avaient expliqué qu'ils ne pourraient contenir l'invasion de Kinshasa par les forces de M. Kabila. Le général Mahele qui se méfiait des réactions imprévisibles de la DSP, disposée à piller la capitale avait prévu de déclarer Kinshasa ville ouverte et de se rendre à Lusaka, en Zambie, le 17 mai, où il voulait annoncer personnellement à Laurent-Désiré Kabila le ralliement des Forces armées zaïroises (FAZ). Mais les officiers de la DSP, la garde prétorienne de Mobutu, convaincus de la trahison du chef d'état-major, l'assassinaient au milieu de la nuit, à l'heure où les premiers éléments de l'AFDL s'infiltraient dans les faubourgs de Kinshasa. Les officiers de la DSP sont tous des Ngbandis comme le maréchal Mobutu, un groupe ethnique de l'Equateur. Le général Mahele est un Mbunza, un autre groupe de la région. La nouvelle de sa mort se répand comme une traînée de poudre. La tribu se soulève et la garnison de Kotakoli marche sur " Gbado ". Mobutu Sese Seko est contraint d'abandonner son sanctuaire plus vite que prévu. Son avion décolle in extremis sous une volée de balles tirées par des militaires mbunzas décidés à venger leur chef assassiné. Le " Grand Léopard " zaïrois, pris au dépourvu, n'a d'autre choix que de se rendre à Lomé, au Togo, où le président Gnassingbé Eyadéma l'accueille le 18 mai. Il restera dans la capitale togolaise jusqu'au 23, quittant alors Lomé pour Rabat, au Maroc, où le roi Hassan II, fidèle en amitié, lui offre l'hospitalité. Le maréchal Mobutu aurait aimé se rendre dans sa villa de Roquebrune-Cap-Martin, sur la Côte d'Azur, mais les autorités françaises, après la dissolution de l'Assemblée nationale, sont beaucoup plus préoccupées par les élections législatives que par le sort de l'ex-président du Zaïre, devenu un ami plutôt embarrassant. Comble de l'ironie, une plage agréable des environs de Tanger, proche de sa première résidence au Maroc, s'appelle Kabila ! Les Marocains ont voulu voir là un signe de l'inéluctabilité du destin, enrichissant leur quotidien d'un nouveau dicton : " Fuir ne mène nulle part, Mobutu va à Kabila ! " Après vingt-cinq ans de pouvoir absolu et sept ans d'une transition cahotante, le " Guide ", le " Timonier ", le " Léopard " est mort en exil, déchu. Il était né le 14 octobre 1930 à Lisala, une petite localité sur la rive nord du fleuve Congo. Sa mère, Mama Yemo devenue après sa mort l'objet d'un véritable culte, était, semble-t-il, d'une exceptionnelle beauté. Elle avait vécu avec un chef coutumier avant d'épouser Albéric Gbemani, cuisinier des missionnaires flamands puis employé du substitut de Lisala et de Coquilhatville (Mbandaka), qui allait adopter le jeune Joseph-Désiré, emmenant avec lui l'enfant à chaque fois qu'il changeait d'emploi. Il arrive pour la première fois à Léopoldville (Kinshasa) à l'âge de quatre ans. Son père meurt à l'Hôpital général des Congolais, le 11 août 1938. Il quitte la capitale en 1940, avec sa mère, et retourne dans l'Equateur, où il est pris en charge par son grand-père paternel et son grand-oncle, dont il porte le nom. Mais c'est sous la responsabilité d'un oncle maternel qu'il reprend ses études primaires (interrompues en 1938) en 1946, à Coquilhatville. L'adolescent est turbulent et chahuteur. Il est chassé de l'école en 1949, après une fugue qui le mène à Léopoldville, et enrôlé de force dans l'armée pour sept ans. L'administration coloniale l'expédie à Luluabourg (Kananga), où il suit des cours de secrétaire-comptable. Il sort troisième de sa promotion et est affecté en 1953 à l'état-major de la Force publique à Léopoldville, où il devient chef de tous les comptables-dactylos et responsable de la rédaction de Sango ya Bisu, le journal de l'armée. Il est promu sergent le 1er avril 1954, le plus haut grade accessible aux indigènes dans l'armée coloniale. Nanti d'une situation, il épouse Gbiatibwa Gbongbe Gbiatene, qui deviendra Mama Mobutu Sese Seko, le 26 juillet 1955, et lui donnera neuf enfants. L'Avenir colonial belge a le bon goût, en janvier 1956, de se transformer en L'Avenir, de créer une rubrique " Actualités africaines ", d'ouvrir ses colonnes aux Congolais et de recruter un Joseph-Désiré Mobutu qui rêve de journalisme. Le jeune homme est encore dans l'armée et signe ses articles J. de Banzy, un pseudonyme tiré de Banzyville, son terroir aux confins du Centrafrique, devenu Mobayi-Mbongo. Il est libéré de ses obligations militaires le 31 décembre 1956 et intègre le comité de rédaction des " Actualités africaines ". C'est dans ce bureau, en juillet, qu'il rencontre pour la première fois Patrice Lumumba, un militant anticolonialiste qui créera deux ans plus tard le Mouvement national congolais (MNC). Mobutu, qui vient d'effectuer son premier voyage en Europe, à l'occasion du Congrès de la presse coloniale, organisé en marge de l'Exposition universelle de Bruxelles, adhère le 28 décembre 1958 au MNC de Lumumba. Il retourne en Belgique en 1959 suivre un stage professionnel auprès de l'Office de l'information et des relations publiques pour le Congo belge et le Rwanda-Urundi. Il suit des cours à la maison de la presse de Bruxelles et s'inscrit à l'Institut supérieur d'études sociales. Il participe, au sein de la délégation du MNC, à la Conférence de la Table ronde économique, financière et sociale, en avril-mai 1960, qui aboutira à l'indépendance. De retour à Kinshasa le 10 juin, il est nommé, deux semaines plus tard, secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil, chargé des questions politiques et administratives dans le premier gouvernement constitué par Patrice Lumumba. Le Congo devient indépendant le 30 juin 1960. Un mois plus tard, le président de la République, Joseph Kasavubu, et le premier ministre lui demandent de calmer les casernes, où souffle un vent de mutineries. L'ancien sergent prend du galon. Il est nommé colonel et chef d'état-major de l'armée, le 8 juillet. Jouant de la rivalité qui oppose le chef de l'Etat et le chef du gouvernement, le colonel Mobutu neutralise les hommes politiques et met en place une équipe de technocrates, le Collège des commissaires généraux. Il réussit en fait son premier coup d'Etat, le 14 septembre 1960, qui n'avait pour but que l'élimination de Patrice Lumumba. Celui-ci fuit vers Stanleyville (Kisangani), où se trouvent ses fidèles, mais il est arrêté, placé en résidence surveillée, incarcéré après une tentative d'évasion et livré, en janvier 1961 à Elisabethville (Lubumbashi), aux partisans de son ennemi juré, le sécessionniste katangais Moïse Tshombé. Le chantre du nationalisme congolais est affreusement torturé avant d'être assassiné, le 18 janvier, dans des circonstances qui n'ont toujours pas été élucidées. Une chose est sûre, la CIA qui avait recruté Mobutu redoutait les liens que Lumumba était en train de tisser avec le communisme international. Quelques jours plus tôt, le 7 janvier, Mobutu est " promu " général-major, commandant en chef de l'armée nationale. Il rend le pouvoir aux civils en février, mais sa position à la tête de l'armée se renforce au fur et à mesure qu'il réorganise celle-ci. Les relations entre le président Kasavubu et Moïse Tshombé, qui a succédé à Patrice Lumumba, se dégradent. En octobre 1965, le président révoque son premier ministre. Tshombé prend le chemin de l'exil. Rien ne s'oppose plus à l'ambition de Mobutu. Lumumba est mort, Tshombé est à l'étranger : le général renverse Kasavubu le 24 novembre 1965. Ce second coup d'Etat réussit. Mobutu s'installe au pouvoir pour trois décennies. Il n'imagine pas à ce moment-là que Laurent-Désiré Kabila, militant lumumbiste de la première heure, sortira un jour d'octobre 1996 des oubliettes de l'histoire pour le contraindre à son tour à prendre le chemin de l'exil... Entre-temps, Mobutu aura fait pendre l'ex-chef du gouvernement, Evariste Kimba, et trois de ses ministres, en 1966, au terme du sinistre " procès de la Pentecôte ", à l'endroit précis où s'élève aujourd'hui le grand stade de Kinshasa, construit par les coopérants chinois. Il aura favorisé en 1967 l'enlèvement de Tshombé, organisé par la CIA. Le chef de la sécession katangaise succombera mystérieusement à une crise cardiaque dans une prison algérienne. Il se sera " débarrassé " de Pierre Mulele en 1968, un compagnon de Lumumba, qui avait lancé une insurrection armée dans le Kwilu en 1964, après l'avoir attiré dans un piège et fait torturer à mort par ses services. Il est " élu " président de la République le 6 janvier 1966, et instaure en juin 1967 un régime de parti unique, après avoir créé le Mouvement populaire de la révolution (MPR), qui deviendra plus tard le parti-Etat, dont tous les Zaïrois seront décrétés " membres de naissance ". Le 30 octobre 1970, il est " réélu " à la tête du pays, et le sera régulièrement tous les sept ans. Dix ans après l'indépendance, il lance la campagne d'" authenticité ", qui doit " nettoyer le pays des scories du colonialisme ", et transforme le Congo-Kinshasa en Zaïre, en octobre 1971. Les Zaïrois ne s'appellent plus " Monsieur ", mais " Citoyen ", et il n'est plus décent de se vêtir à l'occidentale. Le costume-cravate est proscrit au profit de l'" abacost ", l'abréviation d'" à bas le costume ", une sorte de veste-tunique fermée jusqu'au col et portée sur un pantalon. Les prénoms chrétiens sont africanisés. Joseph-Désiré Mobutu devient Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga, ce qui signifie en ngbandi, la langue de sa tribu : " le guerrier tout-puissant qui grâce à son endurance et à son inflexible volonté vole de victoire en victoire et sème la désolation sur son passage ". Un nom qui peut être traduit de manière plus triviale par un moins pompeux " l'invincible coq qui couvre toutes les poules de la basse-cour ". En 1974, la " zaïrisation " des biens et des entreprises conduit à la nationalisation des grandes compagnies minières qui exploitent les incroyables gisements qui truffent le sol et le sous-sol du pays. Les réserves sont colossales. Cuivre, or, diamants, cobalt, manganèse, argent, uranium, pétrole ou gaz : rien ne manque. Le pays, si bien doté, est souvent décrit comme " un scandale géologique ". Mais la redistribution des richesses n'atteint pas le " citoyen " zaïrois. Le maréchal-président est le premier prédateur de l'économie nationale. Il puise sans discernement dans les caisses de l'Etat, utilisant les coffres de la banque centrale comme un compte personnel. Ses proches l'imitent et s'approprient les richesses du pays. En 1984, le maréchal estime lui-même être à la tête de la deuxième fortune de la planète. Certains prétendent qu'à cette époque ses avoirs égalent la dette extérieure du pays... Il affirme sur une chaîne de télévision américaine détenir 8 milliards de dollars sur un seul compte en Suisse. Avec la complicité d'intermédiaires étrangers peu scrupuleux, la nomenklatura zaïroise pille consciencieusement le pays, transférant globalement des milliards de dollars à l'étranger. Après la mort de Mama Mobutu Sese Seko, en 1977, le maréchal-président attend trois ans pour épouser officiellement sa concubine, Mama Bobi Ladawa, qui lui donnera quatre enfants. Mais, en Afrique, les jumeaux sont indissociables. On leur prête nombre de pouvoirs occultes. Bobi Ladawa a une soeur jumelle, Kossia, veuve de Litho Moboti, l'oncle du maréchal. Le frère aîné des jumelles, Fangbi, aussi intéressé qu'influent, pousse Kossia dans les bras de Mobutu. Le cercle de la belle-famille se resserre. Kossia lui donnera deux enfants. Mobutu Sese Seko abandonne un pays exsangue, sans Etat ni infrastructures. Plus rien ne fonctionne, la décrépitude est partout, sauf dans les villas des quartiers résidentiels, corollaire de la corruption et du pillage éhonté d'un des pays les plus riches du continent. La démocratisation annoncée le 24 avril 1990, dans un discours anticipant de deux mois celui que devait prononcer François Mitterrand au sommet franco-africain de La Baule, a fait long feu. Mobutu promet-il le multipartisme qu'il crée au même moment ou fait créer par ses fidèles une constellation de petits partis et plusieurs journaux. Sa capacité de corruption n'avait d'égale que la formidable vénalité de la classe politique zaïroise. Il a su jouer avec virtuosité de l'anticommunisme viscéral des Américains et des règles édictées pendant la guerre froide pour se concilier les faveurs de l'Occident. Il a été le rempart inébranlable, le dernier bastion contre la progression de l'influence soviétique en Afrique. Il a reçu, en échange, des sommes colossales des Etats-Unis, qui n'ont pas hésité à en faire un commandeur de la Légion du mérite. Il a vu venir la fin de la politique des blocs, mais il n'a jamais pensé que la chute du mur de Berlin entraînerait un jour la sienne. Ceux qui l'ont fait roi l'ont abandonné avec le plus grand cynisme, jouant la carte de Laurent-Désiré Kabila, le lumumbiste avec qui Che Guevara avait envisagé d'allumer un grand foyer révolutionnaire dans le Kivu... Rattrapé par la Realpolitik, Mobutu avait eu raison de proclamer : " Il n'y avait pas de Zaïre avant moi, il n'y en aura plus après moi. " C'était au temps de sa splendeur. FREDERIC FRITSCHER Le Monde du 9 septembre 1997
mobutu

« africaines ", d'ouvrir ses colonnes aux Congolais et de recruter un Joseph-Désiré Mobutu qui rêve de journalisme.

Le jeunehomme est encore dans l'armée et signe ses articles J.

de Banzy, un pseudonyme tiré de Banzyville, son terroir aux confins duCentrafrique, devenu Mobayi-Mbongo.

Il est libéré de ses obligations militaires le 31 décembre 1956 et intègre le comité derédaction des " Actualités africaines ".

C'est dans ce bureau, en juillet, qu'il rencontre pour la première fois Patrice Lumumba, unmilitant anticolonialiste qui créera deux ans plus tard le Mouvement national congolais (MNC). Mobutu, qui vient d'effectuer son premier voyage en Europe, à l'occasion du Congrès de la presse coloniale, organisé en margede l'Exposition universelle de Bruxelles, adhère le 28 décembre 1958 au MNC de Lumumba.

Il retourne en Belgique en 1959suivre un stage professionnel auprès de l'Office de l'information et des relations publiques pour le Congo belge et le Rwanda-Urundi.

Il suit des cours à la maison de la presse de Bruxelles et s'inscrit à l'Institut supérieur d'études sociales.

Il participe, ausein de la délégation du MNC, à la Conférence de la Table ronde économique, financière et sociale, en avril-mai 1960, quiaboutira à l'indépendance. De retour à Kinshasa le 10 juin, il est nommé, deux semaines plus tard, secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil, chargé desquestions politiques et administratives dans le premier gouvernement constitué par Patrice Lumumba.

Le Congo devientindépendant le 30 juin 1960.

Un mois plus tard, le président de la République, Joseph Kasavubu, et le premier ministre luidemandent de calmer les casernes, où souffle un vent de mutineries.

L'ancien sergent prend du galon.

Il est nommé colonel et chefd'état-major de l'armée, le 8 juillet. Jouant de la rivalité qui oppose le chef de l'Etat et le chef du gouvernement, le colonel Mobutu neutralise les hommes politiqueset met en place une équipe de technocrates, le Collège des commissaires généraux.

Il réussit en fait son premier coup d'Etat, le14 septembre 1960, qui n'avait pour but que l'élimination de Patrice Lumumba.

Celui-ci fuit vers Stanleyville (Kisangani), où setrouvent ses fidèles, mais il est arrêté, placé en résidence surveillée, incarcéré après une tentative d'évasion et livré, en janvier1961 à Elisabethville (Lubumbashi), aux partisans de son ennemi juré, le sécessionniste katangais Moïse Tshombé.

Le chantre dunationalisme congolais est affreusement torturé avant d'être assassiné, le 18 janvier, dans des circonstances qui n'ont toujours pasété élucidées.

Une chose est sûre, la CIA qui avait recruté Mobutu redoutait les liens que Lumumba était en train de tisser avec lecommunisme international. Quelques jours plus tôt, le 7 janvier, Mobutu est " promu " général-major, commandant en chef de l'armée nationale.

Il rend lepouvoir aux civils en février, mais sa position à la tête de l'armée se renforce au fur et à mesure qu'il réorganise celle-ci.

Lesrelations entre le président Kasavubu et Moïse Tshombé, qui a succédé à Patrice Lumumba, se dégradent.

En octobre 1965, leprésident révoque son premier ministre.

Tshombé prend le chemin de l'exil.

Rien ne s'oppose plus à l'ambition de Mobutu.Lumumba est mort, Tshombé est à l'étranger : le général renverse Kasavubu le 24 novembre 1965.

Ce second coup d'Etatréussit.

Mobutu s'installe au pouvoir pour trois décennies.

Il n'imagine pas à ce moment-là que Laurent-Désiré Kabila, militantlumumbiste de la première heure, sortira un jour d'octobre 1996 des oubliettes de l'histoire pour le contraindre à son tour àprendre le chemin de l'exil... Entre-temps, Mobutu aura fait pendre l'ex-chef du gouvernement, Evariste Kimba, et trois de ses ministres, en 1966, au termedu sinistre " procès de la Pentecôte ", à l'endroit précis où s'élève aujourd'hui le grand stade de Kinshasa, construit par lescoopérants chinois.

Il aura favorisé en 1967 l'enlèvement de Tshombé, organisé par la CIA.

Le chef de la sécession katangaisesuccombera mystérieusement à une crise cardiaque dans une prison algérienne.

Il se sera " débarrassé " de Pierre Mulele en1968, un compagnon de Lumumba, qui avait lancé une insurrection armée dans le Kwilu en 1964, après l'avoir attiré dans unpiège et fait torturer à mort par ses services. Il est " élu " président de la République le 6 janvier 1966, et instaure en juin 1967 un régime de parti unique, après avoir créé leMouvement populaire de la révolution (MPR), qui deviendra plus tard le parti-Etat, dont tous les Zaïrois seront décrétés "membres de naissance ".

Le 30 octobre 1970, il est " réélu " à la tête du pays, et le sera régulièrement tous les sept ans.

Dix ansaprès l'indépendance, il lance la campagne d'" authenticité ", qui doit " nettoyer le pays des scories du colonialisme ", ettransforme le Congo-Kinshasa en Zaïre, en octobre 1971. Les Zaïrois ne s'appellent plus " Monsieur ", mais " Citoyen ", et il n'est plus décent de se vêtir à l'occidentale.

Le costume-cravate est proscrit au profit de l'" abacost ", l'abréviation d'" à bas le costume ", une sorte de veste-tunique fermée jusqu'au colet portée sur un pantalon.

Les prénoms chrétiens sont africanisés.

Joseph-Désiré Mobutu devient Mobutu Sese Seko KukuNgbendu wa Zabanga, ce qui signifie en ngbandi, la langue de sa tribu : " le guerrier tout-puissant qui grâce à son endurance et àson inflexible volonté vole de victoire en victoire et sème la désolation sur son passage ".

Un nom qui peut être traduit de manièreplus triviale par un moins pompeux " l'invincible coq qui couvre toutes les poules de la basse-cour ".. »

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