Article de presse: La rigueur accrue du régime intégriste afghan
Publié le 22/02/2012
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- Cinq mois après la chute de Kaboul, tout montre que le régime intégriste mis en place par les talibans se durcit de plus en plus : Radio Shariat a annoncé, dimanche 23 février, que soixante femmes ont été punies pour ne pas avoir respecté les recommandations islamistes sur les tenues vestimentaires. La radio ne précise pas la nature de ces punitions à l'encontre de ces femmes qui ont "bafoué" les ordres de la nouvelle commission créée pour "promouvoir le bien et interdire le mal".
Dès leur arrivée dans la capitale afghane, en septembre 1996, les "séminaristes" avaient imposé des mesures très strictes, interdisant aux femmes de travailler et de sortir non voilées de la burqua, cette pièce de tissu qui les recouvre de la tête aux pieds. Plusieurs Afghanes avaient été battues en pleine rue en raison de l' "indécence" de leur tenue.
Barbie "à taille acceptable"
Les talibans ont, en outre, donné, samedi 22 février, aux hommes de la capitale un délai de neuf jours pour laisser pousser leur barbe. S'ils ne s'exécutent pas, ils pourraient être passibles de prison : "Ceux qui ne respecteront pas cet ordre seront arrêtés et ils ne seront relâchés que quand leur barbe atteindra la taille d'une main ou au moins une taille acceptable", a déclaré le Maulawi Quamaladdin, chef du département religieux. Affirmant qu'il était difficile de punir directement les femmes, ce responsable a ajouté que le régime s'efforçait de se servir des chauffeurs de taxi et des commerçants pour "[les] obliger à porter le tchador". Faute de quoi, ils ne pourront les laisser entrer dans leurs voitures ou dans leurs boutiques.
Par ailleurs, la milice islamiste a arrêté, en fin de semaine dernière, six membres de l'organisation non gouvernementale Action internationale contre la faim (AICF), dont deux Français, pour avoir commis des "actes immoraux" et violé le code islamique.
Deux français arrêtés
Le régime leur reproche d'avoir invité plus de cinquante femmes dans leurs locaux, en dépit de l'interdiction faite aux femmes de se rendre chez des étrangers. Les arrestations ont eu lieu, samedi à Kaboul, à la suite d'un déjeuner organisé par AICF en l'honneur des collaboratrices de cette ONG. L'organisation humanitaire se dit "extrêmement préoccupée" quant au sort de ses membres, affirmant que ces derniers n'ont commis aucun "acte immoral".
Dans un communiqué, l'AICF ajoute qu'elle souhaite être "à même d'apporter tous les éclaircissements nécessaires à la reconnaissance de l'innocence" de Frédéric Michel et José Daniel Lorentet, les deux Français arrêtés. Des négociations sont actuellement en cours entre des diplomates et les talibans pour faire libérer les deux Français et leurs quatre collègues afghans.
BRUNO PHILIP
Le Monde du 26 février 1997
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