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Article de presse: La révocation de Frédéric Joliot-Curie

Publié le 22/02/2012

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28 avril 1950 - C'est un décret en date du 3 janvier 1946, signé du ministre de l'éducation nationale et du ministre de la production industrielle, qui avait nommé M. Frédéric Joliot membre du Comité de l'énergie atomique (en même temps que Mme Joliot-Curie, M. Pierre Auger et M. Francis Perrin) et haut commissaire à l'énergie atomique. M. Frédéric Joliot était alors directeur du Centre national de la recherche scientifique. Professeur au Collège de France, il avait, en 1935, alors qu'il n'était âgé que de trente-cinq ans, partagé le prix Nobel de chimie avec sa femme, Mme Irène Joliot-Curie. L'Académie des sciences l'avait élu le 28 juin 1943 à la place laissée vacante par la mort de Branly. M. Joliot a consacré la majeure partie de ses travaux à la radioactivité et aux réactions nucléaires. Dès 1925 il était le préparateur particulier de Mme Curie à l'Institut du radium, et le polonium lui fournit le sujet de sa thèse de doctorat ès sciences. Le 30 janvier 1939, il fit à l'Académie des sciences, par l'intermédiaire de Jean Perrin, une communication apportant la preuve expérimentale de la rupture explosive des noyaux d'uranium et de thorium sous l'action des neutrons. Savant et expérimentateur d'une valeur incontestée, M. Frédéric Joliot a, on le sait, doublé sa carrière scientifique d'une activité politique d'extrême gauche. Membre du Parti communiste, il n'a pas hésité à faire à plusieurs reprises des déclarations qui ont suscité des commentaires dans le monde entier. Le 6 janvier 1949, il déclarait, devant la presse anglo-américaine : " Un communiste français, comme n'importe quel autre citoyen français occupant un poste qui lui est confié par le gouvernement, ne peut honnêtement penser communiquer à une puissance étrangère quelle qu'elle soit des résultats qui ne lui appartiennent pas, mais qui appartiennent à la collectivité qui lui a permis de travailler. N'importe quel communiste a parfaitement conscience de la nécessité de cette conduite ". Quelques mois après, à la conférence nationale du Mouvement des intellectuels français, M. Joliot affirmait que si demain le gouvernement français lui demandait d'orienter les recherches atomiques vers un but de destruction, il répondrait non. Le 5 avril dernier, enfin, au congrès communiste de Gennevilliers, M. Joliot concluait son discours par ces mots : " Jamais les scientifiques progressistes, les scientifiques communistes, ne donneront une parcelle de leur science pour faire la guerre contre l'Union soviétique. Et nous tiendrons ferme, soutenus par notre conviction que, en agissant ainsi, nous servons la France et l'humanité tout entière. " Le Monde du 29 avril 1950

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